Rapport MacBride : Le nouvel Ordre de l’Information et de la Communication

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Les cadavres n’étaient même pas froids au Viêt-Nam, nous ne sortions toujours pas de l’effroi des boucheries humaines que la télévision transmettait aux horaires du goûter et dans les journaux du petit déjeuner … quand l’UNESCO a proposé à Sean MacBride d’élaborer un Rapport mondial (1976-1980) sur les « médias » et le rôle qu’ils jouaient et joueraient face aux Droit des peuples de recevoir, de se pourvoir et pourvoir l’information et communication. En 1983, 90 % des médias aux USA étaient contrôlés par 50 entreprises…, en 2001 ce même 90 % était contrôlé par 6 entreprises.

Au cœur du Rapport MacBride [ou « VOIX MULTIPLES, UN SEUL MONDE » doc UNESCO] coule un ensemble de préoccupations qui n’ont pas pour seuls ingrédients les préoccupations dues aux développements commerciaux des médias, aux avancées technologiques et à leur distribution, aux problèmes juridiques et aux problèmes d’État. Se trouve aussi en débat et diagnostic, l’exercice de droits cruciaux qui, dans le domaine de la production d’information et des médias pour la communication sociale, doivent garantir une égalité de conditions et de liberté pour les différents besoins d’expression des peuples. De même qu’est en débat l’hégémonie du capital dans la production de sens et son rôle contre l’émancipation des peuples.

De manière implicite le Rapport MacBride ouvre la porte pour analyser les outils avec lesquels il sera possible de construire le Nouvel Ordre qui réclame pour l’Information et la Communication la façon de garantir l’égalité des chances et l’égalité de conditions à des « Voix Multiples » qui exigent leur place dans « Un seul Monde ».

Le problème est fondamentalement économique. Des sciences comme l’Éthique et la Sémiotique, émancipées de quelques hégémonies universitaires et lexicales, devraient être des outils très dynamiques et passionnants pour des travaux formateurs et des pratiques dans la lutte pour la connaissance sociale forgée de manière dialectique et non pour des méthodes superficielles et isolées.

Les apports scientifiques ne perdent pas en qualité quand ils exposent, aussi, les approches politiques transformatrices dont les peuples ont besoin pour leurs luttes. Il est urgent d’arrêter de supposer que l’Éthique ou la Sémiotique sont des disciplines sans connexion, ou de formes pseudo-mystiques asexuées à usage exclusif des initiés au miel des canonicats et des prébendes « universitaires ».

Les communicologues vendeurs de vacuité idéologique sont légion, ceux qui embrigadés par eux mêmes fabriquent des fétiches pour oublier l’histoire dans laquelle ils vivent. Pas besoin de donner leurs noms. Ce sont des parents, des parrains ou des beaux-pères des dogmes en vrac dont le destin primaire est de devenir un objet de répétition niaise dans la bouche de quelques étudiants condamnés à la médiocrité de lectures gonflées aux respirations de cénacles bourgeois.

Ethique et Sémiotique ont été maltraitées comme si c’étaient des articles idéologiques imprégnés de subjectivismes et de relativismes jusqu’à la nausée.

Rares sont les bibliographies qui voient dans l’Éthique et dans la Sémiotique des paradis pour étudier la réalité toujours réduite à des jouets du rationalisme et de l’empirisme les plus de sots. Dans ces paradis, c’est la conscience qui détermine l’être, le social est une entéléchie sans taches de classe et l’histoire est une roue tarée qui n’avance pas. Le plus progressiste de ceux-ci est le retour au « primitif ». Et sur cette soupe de confusions et de broutilles flotte une épaisse couche de crème d’impuissance, d’immobilité et de quiétisme étonnants. Crème et gras du réformisme.

Ethique et Sémiotique doivent devenir bientôt des outils pour transformer la base économique de la société et pour promouvoir une révolution de toute la superstructure. Être utiles aux changements matériels des conditions économiques de production et être utiles dans la transformation profonde des formes juridiques, politiques, artistiques ou philosophiques d’une nouvelle société sans classes et sans patrons. En somme, être utiles au développement de toutes les forces objectives et subjectives dont l’humanité a besoin pour renforcer la conscience de ses forces à l’heure de résoudre certainement son émancipation.

Il est absolument indu de dévier la pratique de l’Éthique et de la Sémiotique, des faits économiques basiques, des idées politiques, des structures juridiques … et des actes conditionnés par ceux-ci. Le prix à payer pour cette déviation est que, entre d’autres calamités, on sépare le contenu de la forme et nous tombons dans le piège oligarchique fait pour nous induire vers des erreurs et des interprétations tendancieuses.

Et quand cette déviation détermine nos méthodes d’analyse et d’action, nous nions son développement social et nous nions le rôle et l’effet que l’Éthique et la Sémiotique occupent dans l’histoire. Nous découvrons que tout traitement anti-dialectique et métaphysique de l’Éthique et de la Sémiotique déforme par définition les faits économiques et les faits subjectifs, y compris depuis leurs causes mêmes. Et cette aberration est transformée en leur bussiness pour nous amuser dans leurs salles, dans leurs églises ou à travers leurs mass media. C’est pourquoi il faut consolider l’Éthique et la Sémiotique comme des remparts de la Science Révolutionnaire.

Nous avons besoin d’une Éthique et d’une Sémiotique non-aliénées pour intervenir - la clé de lutte - dans la trame juridique, politique, religieuse, artistique ou philosophique … ainsi que dans toutes les formes « idéologiques » pour les désamorcer à la racine et pour éclairer la mission d’inonder les peuples avec une « fausse conscience », l’illusionnisme et l’immobilisme qui sont moteurs de toute distorsion de la réalité. Nous requérons l’Éthique et la Sémiotique comme sciences émancipées pour promouvoir l’émancipation de l’humanité.

Plus d’actualité que jamais, le « Rapport MacBride » survit à l’oubli que lui ont imposé les marchants de l’Information et de la Communication et aujourd’hui continue d’exiger de nous les réponses théorico-pratiques qui nous pressent, avec l’Éthique et la sémiotiques émancipées et émancipatrices, toujours à la main des luttes populaires. Sans oublier l’Esthétique.


*Fernando Buen Abad Domínguez a un Doctorat en Philosophie, intellectuel et écrivain. Il est né au Mexique en décembre 1956. Il est metteur en scène, a obtenu son diplôme de l’Université de New York. Diplômé en Sciences de la Communication, il a une maîtrise de Philosophie politique et un doctorat de Philosophie. Il a été vice-rector de l’Université ouverte du Mexique et directeur de l’Institut de recherche sur l’Image de l’Université ouverte. Il est membre du Centre d’Études Socialistes Karl Marx et du Courant Marxiste International. Parmi les matières enseignées : Philosophie, Philosophie de l’Art, de Mouvements Artistiques d’Avant-garde, de l’Image, de la Sémiotique, du Cinéma Documentaire et de Fiction, de la Production Audiovisuelle, du Journalisme, de la Linguistique, les Techniques de communication ... Il est un membre fondateur de l’Université de la Philosophie. http://fbuenabad .blogspot.com

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