Après avoir vu la Convention nationale démocrate, ce soir, il y a quelque chose que je vais essayer d’expliquer ici, qui provoquera le mépris de beaucoup de mes amis. Mais les mots sont un bâillon dans ma gorge, mon estomac est tordu, malade, et je dois vomir cela.
L’anti-américanisme en moi est sur le point d’exploser et d’atterrir Dieu sait où, tant ma colère est bien au-delà de la raison. Et moi, par héritage, moitié américaine en quelque sorte − ce qui me fait plus américaine que presque tous dans ce pays, sauf pour les vrais Américains, les Indiens d’Amérique − je suis en total déni ce soir d’être, comme vous, américaine.
Je suis à moitié Canadienne, j’ai été élevée là-bas, avec des valeurs très différentes des vôtres, vous les Américains, et ce soir − après la diarrhée verbale, les vantardises et les harangues au sujet de la grandeur du militarisme américain, les louanges pour la force militaire américaine, l’élimination d’ISIS, l’Amérique pays le plus fort sur la terre, et l’histoire tout à fait inepte d’une femme dont le fils est mort dans la guerre d’Obama, et la façon dont elle a pleuré de reconnaissance sur l’épaule d’Obama − ce soir, je me sens profondément canadienne.
Chaque leçon subtile qui m’avait été donnée de façon subliminale sur les brutes de l’autre côté de la frontière, leur grossièreté, leur manque d’éducation et leur droit autoproclamé de bombarder tout ce qu’ils voulaient dans le monde, juste parce qu’ils voulaient quelque chose que les personnes de l’autre pays possédaient, et leur cupidité, est venu suinter à la surface de ma psyché.
Je viens de rentrer d’une promenade plutôt sauvage à côté de la rivière Yellowstone, ici dans le Montana, en essayant de laisser les montagnes, au loin, me reconnecter à un lieu de bonté dans mon âme, mais je ne pouvais pas le trouver. Le paysage était aussi exquis que jamais, mais il ne pouvait pas toucher la rage dans mon cœur.
Les visions de tous les enfants morts en Syrie, que Hillary Clinton a aidé à tuer, les enfants bombardés en miettes en Afghanistan et au Pakistan par les drones d’Obama, le chaos macabre de la Libye, la friche totale de l’Irak, la mort et la destruction causées partout par l’intervention militaire américaine. L’Ukraine, le Honduras, El Salvador, le Guatemala, le Chili, nommez-les vous-mêmes − votre pays a bombardé ou détruit, en quelque sorte, la vie civile de base.
Quand j’ai entendu, pendant la convention du parti démocrate, tous les Américains en liesse acclamant les militaires et les déclarations de puissance provenant des haut-parleurs dans le Centre Wells Fargo à Philadelphie, je vous détestais. Je détestais chacun d’entre vous. Je savais dans mes tripes que ce qu’on m’a appris étant enfant était vrai : que vous êtes l’ennemi. VOUS êtes le pays à craindre. VOUS êtes le pays qui dégoûte. VOUS êtes ignorants. Et votre cupidité, votre auto-satisfaction et votre fierté usurpée ne connaissent aucune limite.
Je ne suis pas américaine ce soir. Je rejette mes ancêtres puritains qui ont débarqué dans ce pays en 1648. Je rejette les mots que j’ai exprimés à ma cérémonie de citoyenneté. Je rejette chaque instant de découverte passionnante que j’ai eue dans ce pays.
Vous, les gens, n’avez aucune idée de ce que c’est pour les gens d’autres pays de vous entendre vous vanter et acclamer vos armes, vos bombes, vos soldats, vos chefs militaires meurtriers, vos criminels de guerre et votre Commandant en chef, assassin sans conscience. Tous ces mots enflammés sont reçus par le reste d’entre nous, par nous non-Américains, par toutes les cellules de notre corps, comme absolument répugnants et obscènes.
Et là, ce soir, vous êtes tous collés à vos téléviseurs et à vos ordinateurs, vos cœurs gonflés de fierté, parce que vous appartenez au pays le plus fort sur la Terre, acclamant votre Président assassin. Ignorants de la répulsion du monde entier. Vous tuez et vous tuez et vous tuez encore, mais vous restez fiers, malgré tout.
Nous sommes fous !!!!!