Outré, révulsé, scandalisé par la manière par laquelle on traite des personnalités publiques à l’instar de Sihem Ben Sedrine ! Celle-ci, est constamment malmenée de toutes parts, trainée dans la boue sans retenue, même sa vie privée et la mémoire de ses parents disparus n’échappent pas à la « vindicte populaire ».
Mais le traitement réservé à Sihem c’est l’illustration même de cette polarisation rampante dans laquelle s’est enlisé le pays depuis quelques années : Entre ceux qui souhaitent la poursuite et l’approfondissement du processus de la justice transitionnelle en procédant, s’il y a lieu, à des réajustements et à des changements, et ceux, résolument contre, où tous les moyens deviennent propices pour saboter, humilier, couvrir de sarcasme, détruire.
Dans cette ambiance de déchainement public, la nuance, le bon sens, le discernement, la lucidité et la sagesse perdent leur efficience au profit de tout ce qui alimente ce clivage devenu insupportable et nuisible à la transition.
Mais le plus inquiétant et révoltant dans ce climat de surenchères et d’attaques tous azimuts ; le journaliste n’est plus journaliste puisqu’il ne daigne même plus apporter la contradiction et vérifier scrupuleusement ses sources, l’intellectuel n’est plus intellectuel puisque son autorité de négation et les lumières de la raison sont diluées voire dévoyées sous le poids et les effets de cette polarisation aux dimensions parfois sournoises, à certaines anciennes victimes de la répression politique dont leur voix se confond parfois au concert de récriminations provenant de leurs anciens bourreaux……
Je me demande parfois si l’objectif déclaré ou implicite n’est pas d’enterrer définitivement la justice transitionnelle et, par voie de conséquence, la transition politique dans son ensemble ?
Certes, aucun personnage public n’est infaillible ou immunisé contre les fautes et les erreurs et dans ce cas, nous sommes en droit de les dénoncer après les avoir sciemment et raisonnablement cernées. Mais se laisser emporter par ce vent de haine et d’ignominie contre Sihem, ou tout autre personnage public, alors NON !