Un pays qui fait de la résistance …

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Je ne vais pas battre ma coulpe en versant des larmes de crocodile à l’occasion de l’anniversaire de la mort de mon tortionnaire car, Dieu merci, je suis sorti indemne du Syndrome de Stockholm.

J’ai trop écrit contre l’inanité des repentances pour que cette voie me soit permise. N’importe comment, j’ai raconté sans fébrilité la descente aux enfers de toute une famille, qui malgré tout, aura su garder son rang avec la dignité qu’on lui connaît.

Vous pouvez ne pas être d’accord avec moi, mais ma liberté de penser ne se marchande pas. Et puis, vous n’avez pas eu mon vécu pour comprendre ce qu’est l’horreur d’une dictature avec la peur au ventre et la rage de souffrir sans pouvoir réagir devant l’injustice, l’humiliation et la propagande mensongère ...

On m’a transmis moult fois que Lamine Bey, même s’il fût honnête et patriote, avait payé pour la mauvaise gestion du pays par certains de ses prédécesseurs. Entre nous, Bourguiba, puis Ben Ali, n’avaient-ils pas payé la même addition ?

Le premier, ne fallait-il pas s’en débarrasser un jour ou l’autre car il ne pouvait pas régner éternellement avec toutes les tares médicales physiques et psychiques de la sénescence ... et le second, ne fût-il pas éjecté par le peuple pour cause de voyoucratie familiale !!!

Non, non et non !!! Nous ne serons plus ces bêtes d’abattoir qui attendent leur tour, résignées par le fatalisme. Nous ne lâcherons pas l’affaire et nous continuerons d’avancer en nous battant pour que justice nous soit rendue car nous ne risquons pas de perdre le triple A(mour) décrété par l’agence de notation Bourguiba and Poor’s …

Justice politique, financière et historique …

Voilà tout simplement pourquoi ! Pour son incapacité à avoir opéré un vrai redressement du pays après la Révolution de 2011 après soixante ans de maladresse et d’impéritie , quand le pouvoir empruntait à tour de bras pour faire ses réformes et entretenir à grands frais son modèle social inégalitaire que le monde entier était censé nous envier , nous sommes aujourd’hui en chute libre vertigineuse .

L’économie est moribonde avec un dinar très anémié, un tourisme exsangue, une inflation galopante, des retraites ponctionnées, des salaires bloqués ... bref une Tunisie qui a une affreuse odeur de cadavre et ceci, en temps de paix …

Croyez-vous encore en cette République qui conduit aujourd’hui le pays vers les abîmes les plus abyssaux et qui, après seulement trois présidences, risque bientôt de déclarer forfait ?

Il y a là quelque chose d’incompréhensible. Le fondateur de la première République améliora certes les fondations du pays, mais avec ses œillères, son aveuglement et sa capacité à s’auto-intoxiquer, ces fondations étaient devenues branlantes pour cause d’autoritarisme et de déni flagrant de démocratie.

Son successeur , qui devait initier un changement de cap , persévéra dans la même voie , ternie en outre par une kleptomanie familiale ... Sans oublier que les deux dictateurs avaient fait en chœur la chasse aux sorcières musulmanes qui , malgré une lutte sans merci , nous reviennent sans cœur , voilées et ” burkanisées ” …

En somme, dans votre raisonnement, il manque l’essentiel : la colère, contre tous ces politiciens étourdis, ineptes ou nombrilistes qui, en six décennies à peine, ont mis la Tunisie plus bas que terre. La colère contre tous ces bateleurs d’estrade qui ont sacrifié l’avenir du pays pour prendre et garder le pouvoir sans jamais passer par les urnes …

Certes, les poux ont déserté les cheveux des pouilleux que nous fûmes. Certes, des écoles ont été construites pour les illettrés que nous étions. Certes, la femme s’est sentie plus libre après avoir été entourée de polygames à tous les coins de rue. N’empêche que le pays est actuellement à cran et qu’il dégringole si vite la pente du déclassement ...

La faute aux islamistes ??? qui, pourtant, n’ont pas encore gagné les élections présidentielles et qui ne sont pas arrivés là où ils sont, par une pure opération du Saint-Esprit …

Alors, que vous ayez une tête d’oreiller chiffonné et le visage tuméfié des lendemains de cuite postrévolutionnaire, cela ne vous dispense pas de continuer vos louanges sans vouloir tourner le disque rayé qui grince depuis l’ère de la dictature …

Simone de Beauvoir écrivait pour nous tous, férus de politique idéaliste : ” sans échec, pas de morale ”. Mais, pour vous, ce serait plutôt : ” malgré l’échec, toujours pas de morale ” …

Décidément, l’ère post-Bourguiba ne débutera jamais en Tunisie, même si les masques commencent à tomber !!!

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