« Réseau Atlas », libertariens d’extrême-droite.

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L’internationale capitaliste existe, le mouvement libertaire d’extrême droite la mobilise, en anglais on les appelle les « libertarians » et, évidemment, celle-ci est très bien financée : elle fonctionne à travers un conglomérat immense de fondations, d’instituts, d’ONGs, de centres et de sociétés unis entre eux par des fils peu visibles, parmi lesquels se distingue l’Atlas Economic Research Foundation, ou le « Réseau Atlas ».

Lors du Forum Latinoaméricain de la Liberté du Réseau l’Atlas qui a eu lieu en mai 2017 au luxueux Brick Hotel de Buenos Aires, en la présence du président argentin Mauricio Macri et de l’écrivain Péruvien Mario Vargas Llosa, on a parlé de comment battre le socialisme à tous les niveaux, depuis les batailles rangées idéologiques sur les campus universitaires jusqu’à la mobilisation d’un pays pour adopter l’idée de la destitution d’un gouvernement constitutionnel, comme au Brésil.

On peut souligner que plusieurs leaders liés à Atlas ont dernièrement réussi à gagner en notoriété : plusieurs ministres du gouvernement conservateur argentin, des sénateurs boliviens et des dirigeants du Movimento Brésil Livre (MBL) qui ont aidé à renverser la présidente constitutionnelle Dilma Rousseff comme le remarque Lee Fang dans un rapport exhaustif dans The Intercept [Sphere of Influence : How American Libertarians Are Remaking Latin American Politics The Intercept, August 9].

Le réseau, qui a aidé à affaiblir le pouvoir politique dans divers pays, est une prolongation tacite de la politique extérieure des USA– les think tanks associés à Atlas sont financés par le Département d’État et le National Endowment for Democracy (Fondation Nationale pour la Démocratie – NED), bras crucial du soft power US et directement sponsorisé par les frères Charles G. Koch et David H. Koch, puissants multimillionnaires ultraconservateurs.

Le NED et le Département d’État, qui disposent d’organismes publics qui fonctionnent comme centres d’opération et de déploiement de lignes et de fonds comme la Fondation Panaméricaine pour le Développement (PADF), Freedom House et l’Agence de développement Internationale des États-Unis (Usaid), sont les principaux acteurs qui attribuent les directives et les ressources, en échange de résultats concrets dans la guerre asymétrique à laquelle ils participent.

Atlas dispose de 450 fondations, ONGs et groupes de réflexion et de pression, et d’un budget de cinq millions de dollars (2016), apportés par ses fondations « à des fins non lucratives » associées, qui ont soutenu, notamment le MBL [Mouvement du Brésil Libre] et les organisations qui ont partagé l’offensive en Argentine [la confusion dans l’opinion publique], comme les fondations Créer y Crecer et Pensar , un think tank d’Atlas qui s’est incorporé au parti (Proposition Républicaine, PRO) créé par Mauricio Macri ; aux forces d’opposition au Venezuela et au candidat de droite lors des élections présidentielles chiliennes, Sebastián Piñera.

Le réseau compte 13 organismes affiliés au Brésil, 12 en Argentine, 8 au Chili, 8 au Pérou, 5 au Mexique et en Costa Rica, 4 en Uruguay, au Venezuela, en Bolivie et au Guatemala, 2 dans la République Dominicaine, Équateur et le Salvador, et 1 en Colombie, au Panama, aux Bahamas, en Jamaïque et en Honduras [82 en Amérique Latine ; 138 en Europe, 1 en France : ALEPS (Association pour la Liberté Economique et le Progrès Social). Paris, France].

Les leaders du MBL et ceux de la Fundação Eléutera – un groupe d’ « experts » néolibéraux extrêmement influent dans le scenario post coup d’Etat hondurien – ont reçu un financement d’Atlas et font partie de la nouvelle génération d’acteurs politiques qui sont passés par ces séminaires d’entraînement aux Etats-Unis.

L’extrême droite « moderne » est le mouvement libertaire d’extrême droite qui navigue aujourd’hui avec le pavillon républicain [idem avec le pavillon Démocrate], qui base son action dans une stratégie délibérée de désinformation des majorités pour imposer ses politiques ploutocratiques et qui a dans le Réseau Atlas son principal promoteur en Amérique Latine [et dans le monde].

Le promoteur de ce mouvement est le multimillionnaire Charles G. Koch, qui a adopté la thèse de James McGill Buchanan – économiste de l’Université de Chicago et Prix Nobel - pour déboulonner l’État progressiste, avec une stratégie agissant en défense de la sainteté des droits de la propriété privée et pour mettre à genoux le modèle de gouvernement : « pour que prospère le capitalisme », soutenait-il, « il faut mettre des chaînes à la démocratie ».

Parmi les quinze organisations les plus importantes financées par les Koch en AL se trouvent :


• Americans for Prosperity,

• Cato Institute,

• Heritage Foundation,

• American Legislative Exchange Council,

• Mercatus Center,

• Americans for Tax Reform,

• Concerned Veterans of America,

• Leadership Institute,

• Generation Opportunity,

• Institute for Justice,

• Independent Institute,

• Club for Growth,

• Donors Trust,

• Freedom Partners,

• Judicial Watch…

A celles-ci, Il faut ajouter plus de 60 organisations de la State Policy Network (SPN) (le Réseau de Politiques des États-Unis).

Le Center for International Private Enterprise (CIPE) est une fondation affiliée au NED, créée par le gouvernement des Etats-Unis pour porter en avant les objectifs de la politique extérieure de Washington, et qui finance des organisations politiques dans le monde entier [Voir l’annuaire mondial]. Elle a été installée par la Fondation de la Chambre de Commerce des Etats-Unis d’Amérique, organisation avec le plus de marge pour des grands manœuvres du pays. 96 % de ses fonds proviennent du Département de l’État et de l’USAID. CIPE a joué un rôle primordial dans le financement du réseau d’Atlas et fut la force principale dans le développement et la consolidation du réseau. Dès 1991, l’argentin Alejandro Chaufen, qui a fait l’apologie de la sanglante dictature argentine, dirige le Réseau Atlas.

(…)


*Aram Aharonian y Álvaro Verzi Rangel sont les Codirecteurs de l’Observatoire de la Communication et la Démocratie (OCD) et du Centre Latinoaméricain d’Analyse Stratégique (CLAE). Avec le soutien des équipes de recherche d’OCD et de CLAE

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