Vite, un président !

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Le peuple remporte une nouvelle victoire cette semaine, mais au goût amer, car l’annulation de l’élection rejetée par la rue, nous impose le maintien en poste d’un président honni et sans pouvoir, un président-malgré-nous, piloté par un président en uniforme.

En effet, après avoir rejeté le 5ème mandat de Bouteflika, après avoir rejeté la prolongation du 4ème mandat de Bouteflika, le peuple obtient une prolongation de ce 4ème mandat, sans Bouteflika, mais avec un général de corps d’armée à la tête du pays. Pour la première fois depuis l’indépendance, le pays est dirigé par un militaire en uniforme, on ne fait même plus semblant.

Un nouveau viol de la constitution vient d’être commis, par ceux-là mêmes qui sont chargés de sa sauvegarde, ceux-là mêmes qui s’abritent derrière elle depuis bientôt trois mois.

Depuis plus de trois mois, le peuple exige une période de transition qui permettra la mise en place d’organes de contrôle, chargés d’organiser de réelles élections transparentes, chose impossible en l’état actuel des institutions. En effet, des gens qui, durant toute leur vie, ont fait partie du système dont le peuple ne veut plus et qui ont triché, volé, ou se sont rendus complices des voleurs, ne peuvent pas prétendre gérer la transition et organiser des élections propres. Il est légitime, quand on connaît le pedigree des gens chargés d’assurer la transition, de rejeter toute solution venant d’eux.

Depuis plus de trois mois Gaïd Salah répond au peuple que le temps presse et qu’il faut au plus vite remplir le fauteuil présidentiel, faute de quoi le pays serait en danger selon lui, seule une élection serait à même de garantir notre sauvegarde. C’est presque vrai, sauf qu’en réalité ce qu’il veut nous imposer c’est une élection truquée destinée à les sauver eux et le système qui leur a permis d’exister et de bâtir des fortunes colossales en détournant la rente pétrolière.

Depuis près de trois mois Gaïd Salah s’accroche à l’article 102 d’une constitution mainte fois souillée avec sa complicité, dans le seul but de prolonger le mandat de Bouteflika, contre la volonté du peuple. Faire semblant de vouloir gagner du temps en faisant en sorte d’en perdre un maximum, ou l’art de la fuite en avant.

Depuis le 2 avril dernier, date de la démission de l’ancien président, le peuple dit, crie et chante qu’il est impossible d’organiser des élections propres, 2 mois se sont écoulés et l’information semble être enfin parvenue aux oreilles de celui qui dirige le pays. Enfin pas tout à fait arrivée, puisqu’il persiste dans la voie qu’il a tracée et nous impose une prolongation de la 1ère prolongation.

Nous auront donc toujours un président-sans peuple, piloté par un chef d’état-major des armées, envers et contre NOUS. En effet après avoir utilisé le paravent de l’article 102 de la constitution, c’est au tour de l’article 103 d’être actionné afin de proroger, en toute inconstitutionnalité, le mandat de Bouteflika.

En réalité seule une partie de l’article 103, celle qui permet le maintien du statu quo « Lors de l’application des dispositions du présent article, le Président de la République en exercice ou celui qui assume la fonction du Chef de l’État demeure en fonction jusqu’à la prestation de serment du Président de la République. ». On oublie le contexte de cet article qui ne s’applique qu’« en cas de décès ou d’empêchement légal de l’un des deux candidats au deuxième tour, le Conseil constitutionnel déclare qu’il doit être procédé de nouveau à l’ensemble des opérations électorales. Il proroge, dans ce cas, les délais d’organisation de nouvelles élections pour une durée maximale de soixante (60) jours ».

Or, nous ne sommes pas du tout dans ce cas de figure, d’abord nous sommes encore loin du 2ème tour, ensuite aucun des candidats n’a été retenu par le conseil constitutionnel de plus, aucun candidat sérieux n’a déposé de dossier de candidature. Par contre nous sommes toujours dans le cadre du rejet, par le peuple souverain, de cette élection ainsi que des hommes et des institutions qui ont mené le pays au bord de la faillite.

Rendez-vous donc vendredi 7 juin, café à la main et cigarette au bec, pour un nouveau référendum qui officialisera le rejet, par sa Majesté le Peuple, de cette nouvelle mascarade.

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