Le FMI a publié le dernier bilan mensuel et échéancier lié aux prochains remboursements (principal et intérêt) que doit la Tunisie au FMI. Ce bilan est daté du 28 février 2023, et il a été mis en ligne le 3 mars. Que dit ce bilan…
Ce bilan montre, que même sans nouveau prêt du FMI, la dette tunisienne envers le FMI augmente annuellement dans une fourchette allant de 20 à 30 millions de dollars! Des hausses qui sont liées aux hausses de taux d’intérêt.
Une dette insoutenable
La dette à rembourser par la Tunisie au FMI dépasse de presque 20% le montant miroité par le FMI pour un prochain accord (1,9 milliard de $).
Ce bilan nous apprend que la Tunisie doit au FMI plus de 2,3 milliards de dollars à rembourser d’ici 2027. Presque 8 milliards de dinars, pour les cinq années à venir. Ce montant est ventilé par an (et par mois si on creuse l’échéancier et les détails monétaires fournis par le FMI), selon les intérêts et remboursements du principal. Voir le tableau ci-joint.
En SDR (monnaie officielle du FMI), la Tunisie doit au FMI l’équivalent de 1,7 milliard SDR, pour les prochaines années, sans considérer l’éventuel nouveau prêt.
Hausse des taux d’intérêt
Le montant de la dette accumulée actuellement est variable, il augmente en raison de la hausse des taux d’intérêt directeur des banques centrales dans les pays occidentaux qui financent le plus le FMI (EU, UE, Angleterre, Japon, Chine).
Les dernières augmentations des taux d’intérêt du FMI( rate of charge) coûtent à la Tunisie presque 30 millions de $ de plus à rembourser annuellement.
Et la hausse de ces taux d’intérêt est portée à croître encore, considérant que les taux directeurs ont augmenté encore, l’inflation ne fléchit pas en Europe, notamment. Le taux d’intérêt retenu par le FMI est un taux variable et il a grimpé à presque 5%, après avoir été 1%, il y a seulement 3 ans.
Le tableau montre ces montants en SDR (devises du FMI), le SDR vaut 1,32 dollar US et 4,2 dinars Tunisien.
Le FMI n’a pas donné suite à l’accord de principe convenu le 15 octobre à la Clôture des Rencontres Automnales du FMI. La Tunisie ne veut pas restructurer ses Sociétés d’Etat et ne veut rien savoir sur le rabotage des effectifs de fonctionnaires au sein de l’Etat.
Le FMI exige mordicus la réduction de la taille de l’Etat tunisien. Celui-ci devenu pléthorique, budgétivore, bureaucratique et de plus en plus rongé par la corruption.
Les Rencontres du Printemps du FMI commence dans 4 semaines, 10-16 avril, et rien n’indique que le FMI va aller de l’avant pour débloquer 1.9 milliard de dollars en 8 tranches (4 ans), soit un montant inférieur (de 20%) de ce que doit la Tunisie au FMI, actuellement (2,3 milliards $).
Un expert tunisien, ayant passé plus de 25 ans au FMI, me dit sur le ton de la blague, le FMI va prêter à la Tunisie ces 1,9 milliard de $ pour se faire rembourser d’abord, et pour maintenir la pression sur la Tunisie en matière de réformes.
C’est la logique du deux pour un…
Cela dit, cette réalité est occultée par les économistes du sérail en Tunisie, ceux-ci inféodés par le système financier, et l’establishment créé autour de la Banque centrale. Les médias n’en parlent pas de peur de fâcher le banquier central et ses longs bras dans le système médiatique et bancaire.
Le président Kaïs Saied navigue à vue, regarde ailleurs et laisse faire le gouverneur de la BCT et acceptât de facto les diktats du FMI et leurs relais en place.
Pauvre Tunisie…