En moins d’une semaine le préfet a voulu interdire une manifestation antiraciste au motif que nous serions antisémites [1] (raté ! Le tribunal a jugé que son interdiction par la préfecture de Paris portait « une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifestation »). Rima Hassan, candidate aux Européennes, est convoquée par la Police pour « apologie du terrorisme » pour ses prises de position contre le génocide opéré par Israël [2]. Jean-Paul Delescaut, secrétaire général de la CGT du Nord, est condamné à un an de prison avec sursis pour « apologie du terrorisme parce qu’il a osé soutenir la cause Palestinienne [3].
Deux conférences de la FI sur le Proche Orient, contre la censure et pour la paix ont été interdites [4]. Aux États-Unis, en Angleterre et en France, des militants demandant un cessez-le-feu et l’arrêt de la vente d’armes aux terroristes sionistes se font arrêter et emprisonner. La liberté d’expression consiste dorénavant à afficher sa xénophobie librement dans les médias en étant soutenu par le parti présidentiel. La censure ne concerne désormais que ceux luttant contre la destruction du vivant. Le langage a tant été dévoyé que cela en devient ridicule. Lorsqu’un Israélien meurt il a été « tué ou assassiné » mais lorsqu’un Palestinien meurt les médias utilisent juste le mot « mort » comme si la mort elle-même venait de nulle part. Dans le pire des cas ils les appellent « les boucliers humains » pour nous faire croire qu’ils s’entretuent.
Lorsque nos médias parlent de Tsahal, ils utilisent le mot « soldat » mais dès lors que des Palestiniens répondent à 75 ans de crimes de guerre, ils sont appelés « terroristes ». Lorsqu’Israël capture, humilie et torture des Palestiniens ils sont appelés par nos médias « des prisonniers », mais les Israéliens détenus par des Palestiniens sont appelés des « otages ». Lorsque les médias sont confrontés à l’horreur des massacres en Palestine, ils répondent 7 octobre et « droit de se défendre »... tout en ignorant les crimes de guerre commis par Israël depuis 1948, en évitant de parler de l’apartheid et de la colonisation, en évitant de parler des 14 500 enfants [5] assassinés depuis le début du génocide.
Ils savent utiliser le mot « pogrom » mais semblent éviter soigneusement les mots « épuration ethnique » et « génocide ». Ils ignorent les mots « résistance » et « légitime défense ». Ils insultent des millions de Juifs à travers le monde en les assimilant à des sionistes, une idéologie politico-religieuse xénophobe, suprémaciste et fasciste. Ils parlent de l’appel à « cessez-le-feu » lancé par Macron mais pas de ses ventes d’armes à destination d’Israël [6] le rendant complice d’un génocide. Lorsque nous prenons parti pour un cessez-le-feu et dénonçons le génocide en cours, nous sommes taxés d’antisémites par tous les xénophobes qui tentent désespérément de cacher leur idéologie fasciste et leur désir d’épuration ethnique derrière un chantage injuste et honteux.
33 899 personnes auraient été tuées, dont 14 500 enfants et 9 560 femmes. Plus de 76 000 personnes auraient été blessées, dont 12 300 enfants. Des milliers d’autres sont portées disparues. À Gaza, un enfant est blessé ou tué toutes les dix minutes. 85% de la population a été déplacée [7]. Même si le gouvernement français s’est prononcé pour un cessez-le-feu à Gaza, ce ne sont que des mots car dans les faits nos gouvernants poursuivent leur rêve de colonisation et d’épuration ethnique : ventes d’armes à des criminels de guerre, médias et politiques comme relais de la propagande mensongère israélienne et du CRIF, accueil des criminels de guerre franco-israéliens de Tsahal [8], silence éhonté sur l’augmentation du racisme et de l’islamophobie, silence concernant les déclarations devant les télés du monde entier des dirigeants israéliens sur l’utilisation de l’arme atomique [9], sur leur volonté d’éradication du peuple palestinien et de déporter les survivants [10]. Simultanément une guerre est menée sur notre territoire : des personnalités ayant apporté publiquement leur soutien à Gaza sont poursuivies pour apologie du terrorisme, des associations de soutien à la Palestine menacées de dissolution. Je mentirais si je disais que cela me surprend de la part d’un Président et de ses pairs qui, depuis six ans, font voter des lois d’exception xénophobes et ultrasécuritaires faisant sombrer la France dans les violences policières et une islamophobie meurtrière.
Être Juif et être un Israélien sioniste sont deux choses bien différentes. L’un exprime sa foi ou son appartenance à une communauté religieuse et culturelle, l’autre soutient une politique coloniale et se croit dans son bon droit lorsqu’il bafoue les droits humains des Palestiniens dans un contexte d’apartheid. Le gouvernement Israélien est un gouvernement fasciste et mortifère dont la politique coloniale est amplement soutenue par les États-Unis et la France. Des Franco-israéliens rejoignent l’armée de Tsahal pour participer à une épuration ethnique.
Ces criminels de guerre peuvent revenir sur le territoire français et être accueillis tels des héros par des journalistes asservis qui ainsi se font les relais de la propagande d’extrême-droite de Netanyahou. Nous apprenions il y a quelques jours que le Ministère des Armées assumait d’exporter des équipements militaires en Israël « afin de lui permettre d’assurer sa défense » malgré l’appel des ONG à suspendre les transferts d’armes. Mais le projet sioniste de colonisation, d’apartheid, de déportation et d’épuration ethnique est maintenant limpide et le « risque de génocide » est clairement établi par la cour de Justice Internationale [11].
La rhétorique qui consiste à tout ramener au Hamas et aux événements du 7 octobre ne tend qu’à nous faire oublier 75 ans de crimes de guerre des gouvernements successifs israéliens. Depuis 1947, Israël viole le droit international. 75 ans d’impunité. Ces crimes n’ont pas ému les gouvernements successifs français et pour cause : la puissance impérialiste de notre nation s’est construite sur les mêmes massacres, la même déshumanisation, les mêmes vols et injustices. Tortures en Algérie, génocide au Rwanda, massacre de Thiaroye... et la collaboration avec le nazisme.
En 1961, Sartre écrivait « nous sommes racistes ». Nous, les blancs, les occidentaux, lesdits « civilisés ». Tous ceux qui bénéficient des héritages de la colonisation. On lit ces quelques pages de la préface des Damnés de la terre de Frantz Fanon [12] et on s’offusque : « mais moi je n’ai jamais colonisé, je ne suis pas raciste ». Nos richesses, notre confort, notre hégémonie vient du pillage, de l’asservissement, de l’exploitation, de l’esclavage et de massacres d’autres civilisations. Et, la violence des nations impérialistes dans leur soif inextinguible de suprématie conduit parfois, dans le meilleur des cas, à la rébellion des colonisés. L’accumulation de décennies de déshumanisation, d’injustices, de vols et de colère vient alors frapper de plein fouet le visage ahuri du colon qui se pensait tout puissant. Et c’est là, à cet instant précis, que le racisme enfoui de celui qui se pensait humaniste surgit, enchainant les poncifs de la Novlangue politico-médiatique destinés à criminaliser les oppressés : « des sauvages », « terroristes », « barbares » ! « L’indigène se rebelle avec violence quand il pourrait entamer un dialogue pacifique ».
L’Occidental, loin des champs de bataille, loin d’avoir connu la mise à mort de membres de sa famille, loin d’avoir été traité comme un sous-homme, donne toujours à l’opprimé qui se rebelle de grandes leçons d’humanisme et de pacifisme. Taisons-nous. Regardons. Écoutons. Apprenons. Regardons en face notre gouvernement qui collabore en cet instant à une épuration ethnique en vendant des armes à un gouvernement coupable de crimes de guerre. La colonisation de la Palestine débutée en 1948 est intrinsèquement liée aux empires coloniaux français et anglais. Au milieu des années 40, la Palestine est le seul territoire à ne pas obtenir son indépendance contrairement au reste des territoires coloniaux anglais et français.
La Seconde Guerre mondiale touche à son terme et les Juifs d’Europe continuent d’affluer massivement ne se sentant plus en sécurité face à la barbarie antisémite européenne. En 1948, l’empire colonial anglais se retire de la Palestine et l’indépendance d’Israël est prononcée laissant les États arabes de la région sans aucune autonomie. Alors la France, écrasée sous le poids de sa culpabilité liée à sa collaboration avec le nazisme et incapable d’organiser un retour des Juifs fuyant l’antisémitisme encore bien présent sur son territoire, préférera fermer les yeux sur des décennies de politiques impitoyables de confiscation des terres, de colonisation illégale et d’expropriation menées par Israël et la discrimination omniprésente [13].
Mais n’oublions pas ce qui a conduit des centaines de milliers de sionistes à fuir les terres de l’holocauste vers une terre promise : c’est l’antisémitisme et la xénophobie de nos nations européennes. L’Occident est à l’origine de la création d’un monstre qui retourne les violences, les sévices et la déshumanisation que nous avons infligé à ses ancêtres vers une population arabo-musulmane. Et si certains médias et politiques tentent de réduire ce conflit a une guerre de religion entre Juifs et Musulmans, c’est pour dissimuler la culpabilité de l’Occident : d’une part sa culpabilité envers les Juifs victimes de la Solution finale et d’autre part pour masquer les conséquences de sa politique coloniale xénophobe.
Le soutien de Macron et ses sous-fifres aux fascistes du gouvernement israélien est aussi conditionné à des accords commerciaux juteux, comme par exemple, ceux passés en 2017 : « Le ministre français de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, après sa visite en Israël en septembre 2017, a mis sur pied avec ses homologues israéliens une task force visant à augmenter les échanges entre les deux pays. Dans les années qui viennent, les exportations françaises seront dopées par les ventes de six Airbus (trois A321néo et trois A330néo) à Arkia, corrigeant en partie l’impact de l’exclusivité historique donnée par El Al à Boeing. » [14] Le gouvernement français souhaite passer sous silence la complicité de grands groupes bancaires et assureurs ET sa propre responsabilité dans le financement de banques israéliennes engagées dans le développement des implantations en Cisjordanie [15].
En 2017, huit ONG et syndicats dénonçaient cinq grands groupes finançant ces implantations. Le rapport de l’enquête nous apprend que : « BNP Paribas, Société́ Générale, LCL et Natixis – ont accordé des prêts d’un montant total de 288 millions d’euros sur la période 2004-2020 à l’entreprise publique israélienne Israël Electric Corporation (IEC), pour un projet d’extension de deux centrales électriques au gaz, alors même que l’IEC approvisionne en électricité́ l’ensemble des colonies illégales en Cisjordanie occupée. »
Le gouvernement français est responsable à trois niveaux : premièrement, des obligations de droit international (protéger, respecter, mettre en œuvre les droits humains, ne pas reconnaitre comme licite une situation créée par une violation grave du droit international, ni prêter aide ou assistance au maintien de cette situation). En second lieu, une obligation de protéger contre les violations des droits humains par des tiers, y compris des entreprises et des banques. Et pour finir, une obligation particulière, en tant qu’actionnaire d’Alstom à 20 %, entreprise qui assure l’extension de l’une des deux centrales électriques au gaz précitées, de prendre des mesures encore plus rigoureuses dès lors que la société lui appartient ou est en partie contrôlée par l’État, même lorsqu’il est actionnaire minoritaire.
Tous les jours on entend dans les médias, le droit d’Israël de se défendre mais on n’entend jamais les journalistes et les politiques invoquer le droit de se défendre pour les Palestiniens. Jamais. Depuis 1948, ils sont victimes de la colonisation, de l’apartheid, de l’occupation israélienne et aujourd’hui d’une épuration ethnique. La complicité des États impérialistes dans ce massacre passe par la vente d’armes, les accords commerciaux passés avec le gouvernement israélien et le silence autour des crimes de guerre commis par les gouvernements israéliens successifs. Mais il y a pire : certains journalistes, politiques et intellectuels de pacotille se permettent de hiérarchiser les vies humaines [16], ET de diffamer et calomnier ceux qui prennent la défense de ce peuple victime de la barbarie d’un gouvernement suprémaciste.
Ils ont dévoyé les mots, ils ont sacralisé le mensonge. Le mot « antisémite » qui avait tant de sens, qui était si important, n’est devenu qu’une interjection pour stopper dans son élan celui qui défend les arabo-musulmans, celui qui ose critiquer la politique d’extrême-droite israélienne, celui qui s’oppose à l’apartheid, la colonisation et au génocide. Ne rentrons pas dans leur jeu macabre. Ce chantage à l’antisémitisme fait partie intégrante d’une stratégie politique pour empêcher le débat et étouffer les voix qui dénoncent le génocide en cours. S’ils nous ciblent c’est parce que nos voix portent et nos arguments révèlent leurs incohérences, leur racisme et leur barbarie. Ils n’ont que l’attaque, l’insulte et le mensonge. Notre opposition à ce génocide et notre lutte contre toutes les formes de racismes sont intrinsèquement liées : elles sont animées par une pulsion de vie. Leurs combats, leurs crimes de guerre, leur politique coloniale et d’apartheid sont animés par une pulsion de mort.
Ils ont dévoyé le mot « laïcité » pour pouvoir reléguer les Musulmans à des citoyens de seconde zone à coup de lois d’exception ségrégationnistes contraire à un État de droit. Et enfin ils ont fini par taxer de terroristes ceux qui luttent contre une épuration ethnique. Ils ont inventé des mots tels que « islamogauchisme » et « grand remplacement » pour écraser l’humanisme et faire naître la peur. Et ils ont rendu millionnaire l’assassin d’un adolescent racisé.
C’est ainsi qu’entre le mois d’octobre et novembre 2023 ont proliféré les accusations d’antisémitisme de la communauté musulmane, sans preuve. Comment les médias et les politiques ont monté en épingle ce vaste mensonge ? Des étoiles de David ont été taguées sur des murs, soigneusement avec un pochoir. Sans attendre nullement les résultats de l’enquête, sans attendre de savoir si cet acte était motivé par une haine du judaïsme, Darmanin, intellectuels de pacotille et journalistes se précipitent pour accuser les personnes de confession musulmane et l’extrême gauche. Ils ont attendu 5 jours pour dire que c’était un « couple de moldaves » ; 5 jours qui ont permis à toutes ces raclures de déverser leur haine raciale et religieuse et les ordres de taire cette information sont venus de qui ? J’ai ma petite idée. Ce fût une aubaine pour eux, l’occasion d’étaler leur xénophobie et leur islamophobie. Leur haine des Arabes, des Maghrébins, des Musulmans et des militants antiracistes.
Mais patatras, tout s’écroule : les étoiles de David ont été taguées par une organisation de la communauté juive européenne, « bouclier de David » dans le but d’inspirer et de soutenir les Juifs d’Europe. Mais trop tard pour nos racistes des plateaux et notre ministre de l’Intérieur, Darmanin n’avait pas hésité à dire : « l’antisémitisme est un poison qu’il faut combattre sur Internet, qu’il faut combattre politiquement. Nous regrettons bien évidemment que ce soit dans une forme d’islam radical, dans une forme d’ultragauche que ceux-là se rejoignent dans la haine des Juifs et la République est là pour lutter contre ce poison". Il s’engouffre dans la brèche et accuse son ennemi de toujours : l’islamogauchisme.
Arno Klarsfeld, quant à lui, avait saisi l’opportunité de vomir son islamophobie en toute quiétude sur Cnews [17] : « Les Musulmans, beaucoup travaillent sur les chantiers, ils ont accès à des explosifs, peuvent avoir accès à des armes à feu. S’il y avait un mot d’ordre pour tuer des Juifs, il pourrait y avoir un attentat tous les jours ». Puis il y a eu le champion toute catégorie, Pascal Perri qui affirme qu’il y a un « antisémitisme couscous ». Ce qui est certain, cher Pascal, c’est qu’en écoutant les propos racistes des politiques et des médias il existe bien une xénophobie-tartiflette et une islamophobie-ratatouille.
Ce traitement de l’information n’est pas sans nous rappeler un fait divers : la façade d’un restaurant casher avait été taguée d’insultes antisémites dans la nuit du 18 au 19 août. La Macronie et l’extrême droite avaient, main dans la main, sauté sur l’occasion et instrumentaliser ce fait divers pour accuser l’extrême gauche, les personnes racisées... et voilà que nous apprenons que l’auteur des tags n’est autre qu’un homme âgé de 74 ans, de confession juive [18], qui souffrirait d’importants problèmes de santé. « Ce fils de rescapés de la Shoah a contesté tout mobile antisémite, et évoqué un litige commercial l’opposant au gérant du restaurant qu’il a dégradé. » Le journal Le Parisien rame, l’auteur des tags antisémites n’étant ni d’extrême gauche ni une personne racisée, ni un Musulman, il est intéressant d’analyser comment la droite se contorsionne pour lui trouver des circonstances atténuantes…
Loin de moi la volonté de nier l’existence de l’antisémitisme dans ce pays qui a connu la collaboration avec le nazisme. Mais les mensonges, le révisionnisme et les contorsions de la Macronie, de l’extrême-droite et des médias ont pour but de nous faire oublier l’antisémitisme-jambon-beurre encore bien présent dans les rangs du pouvoir et de l’extrême-droite. Le fameux « arc républicain » et sa lutte contre l’antisémitisme à géométrie variable. Qui peut encore croire que la manifestation du dimanche 12 novembre était une marche contre l’antisémitisme ? Elle a réuni tous les xénophobes, les islamophobes, les négationnistes, les révisionnistes, tous les soutiens du gouvernement israélien, vivier de criminels de guerre coupables de colonisation, d’apartheid et d’un génocide. Zemmour se voit toujours dérouler le tapis rouge malgré son fameux propos négationnistes « Pétain a sauvé des Juifs » et ses multiples condamnations pour incitations à la haine raciale.
Darmanin est toujours ministre de l’Intérieur alors qu’il faisait l’éloge dans son livre de l’antisémitisme Napoléonien : « Notre but est de concilier la croyance des Juifs avec les devoirs des Français et de les rendre citoyens utiles, étant résolu de porter remède au mal auquel beaucoup d’entre eux se livrent au détriment de nos sujets. » [19] Gérald Darmanin félicite cette « lutte pour l’intégration avant l’heure ». Et Le Pen est considérée par le premier ministre comme appartenant à l’arc républicain alors qu’elle est l’héritière d’un parti fondé en 1972 par notamment, Pierre Bousquet, ancien de la division SS Charlemagne et composé de néo-nazis, d’anciens collaborationnistes, des SS, des colonialistes et des criminels de guerre. La droite et l’extrême droite sont-elles aveugles et sourdes à leur propre antisémitisme ? Non. Mais elles savent se servir de ce sujet à des fins électoralistes. Lorsqu’elles veulent attirer des identitaires dans les urnes, elles savent glisser dans un livre (Darmanin) ou sur Cnews leurs messages judéophobes. Et lorsqu’il s’agit de nuire à l’extrême gauche, aux personnes racisées, aux Musulmans, les accusations d’antisémitisme pleuvent ne se basant que sur un mot, une interprétation, un sophisme, des mensonges, des diffamations.
Si on soutient la Palestine face aux crimes de guerre d’Israël, nous sommes taxés d’antisémites. Si on taxe Zemmour d’ordure raciste, nous sommes taxés d’antisémites (et ce dernier a même droit à un coup de fil de soutien de Macron), si on accuse Rachel Khan et son entourage d’islamophobie, bis repetita : antisémites. Les politiques au pouvoir jouent à un jeu dangereux car si en 2023 des néonazis ont pu manifester dans Paris la main tendue et le slogan xénophobe chanté haut et fort sans que cela n’émeuve Darmanin et le Préfet, si les médias déroulent le tapis rouge à Zemmour, si les flics peuvent en toute impunité éborgner et tuer des personnes racisées ou musulmanes, si Macron a pu rendre hommage à Pétain, c’est bien parce que certains mots, à l’instar « d’antisémitisme », ont été dévoyés, vidés de leur sens et utilisés comme bouclier pour salir les opposants politiques de la gauche antiraciste.
Et pendant ce temps : 33 899 personnes auraient été tuées, dont 14 500 enfants et 9 560 femmes. Plus de 76 000 personnes auraient été blessées, dont 12 300 enfants. Des milliers d’autres sont portées disparues. À Gaza, un enfant est blessé ou tué toutes les dix minutes. 85% de la population a été déplacée. Mais ces chiffres que je vous assène depuis le début sont probablement bien en dessous de la réalité : « Un taux de mortalité quotidien supérieur à celui de tout autre conflit majeur du XXIe siècle. Ce bilan déjà effroyable pourrait être bien supérieur à celui annoncé. Celui-ci exclut en effet les personnes décédées hors des hôpitaux, enterrées de manière précipitée, et dont les corps sont toujours ensevelis sous les décombres. » [20]
Ce conflit va bien au-delà des frontières dans lesquelles on essaie de l’enfermer. Il rejaillit dans nos JT, dans la bouche de nos politiques et intellectuels de pacotille leur permettant de déverser à nouveau tout leur racisme et leur islamophobie, hiérarchisant les vies humaines, assimilant tous les Musulmans et défenseurs de la Palestine à des terroristes. Et voilà que nos dirigeants impérialistes font ce qu’ils ont toujours fait : mentir, massacrer, se dérober et collaborer. La bourgeoisie, prête à tout pour conserver ses privilèges et son pouvoir n’a jamais hésité une seule seconde à s’allier au fascisme… qu’il prenne les traits d’un flic assassin raciste, d’un criminel de guerre nommé Netanyahou, d’une loi ségrégationniste nommée « séparatisme » ou d’une bombe visant à une épuration ethnique. Inlassablement, nous mettrons au jour les mensonges et les manipulations de nos gouvernants, de la bourgeoisie séparatiste et de nos médias.
Inlassablement nous nous battrons contre la censure, le racisme, l’islamophobie et POUR la Palestine.
Notes
[1] Fabien Leboucq, « La marche du 21 avril contre le racisme interdite par la préfecture de police de Paris », Libération, 18 avril 2024.
[2] Julie Carriat, « Rima Hassan, candidate LFI aux européennes, convoquée par la police pour apologie du terrorisme », Le Monde, 19 avril 2024.
[3] Hayet Kechit, « Condamnation à un an de prison avec sursis pour apologie du terrorisme d’un responsable CGT, qui a fait appel », L’Humanité, mis à jour le 20 avril 2024.
[4] Sacha Nelken et Stéphanie Maurice, « La nouvelle conférence de Jean-Luc Mélenchon à Lille interdite par la préfecture », Libération, 18 avril 2024.
[5] « Guerre Israël-Palestine : six mois de tragédie pour les enfants », UNICEF, 18 avril 2024.
[6] Ariane Lavrilleux, « Livraisons d’armes à Israël : 11 ONG attaquent la France en justice », Disclose.ngo, 12 avril 2024.
[7] « Guerre Israël-Palestine : six mois de tragédie pour les enfants », Unicef, 18 avril 2024.
[8] David Doukhan, « ‘Je n’agis pas par vengeance’ : un réserviste de Tsahal raconte son engagement dans l’armée israélienne », Le Parisien, 16 janvier 2024.
[9] « Guerre Israël-Hamas : utiliser la bombe nucléaire à Gaza est ‘une option’, selon un ministre de l’État hébreu », Sud-Ouest, le 5 novembre 2023.
[10] Guillaume Malaurie, « Exfiltrer les Gazaouis au… Congo : les surprenants cheminements d’une idée révoltante », Challenges, 10 janvier 2024.
[11] « Israël/Gaza : ce qu’il faut savoir sur la décision de la Cour internationale de Justice », Amnesty International, le 8 février 2024.
[12] Frantz Fanon, Les Damnés de la terre, préface Jean-Paul Sartre, 1961.
[13] Christophe Deroubaix, « Israël-Palestine : 4 cartes pour comprendre 75 ans de tragédies », L’Humanité, 11 décembre 2023.
[14] Yaacov Ben Avraham, « Les échanges commerciaux entre la France et Israël », The Times of Israël, 12 août 2019.
[15] « Israël : quatre banques françaises et Axa accusées de financer la colonisation », La Tribune, 29 Mars 2017.
[16] « Guerre Israël-Hamas : après les propos de Fourest sur les morts de Gaza, les députés LFI saisissent l’Arcom », Huffpost, 30 octobre 2023.
[17] Mathilde Goupil, « "Là, c’est pire que d’habitude" : face à la hausse des actes islamophobes, les Musulmans de France entre peur et résignation », France Info, le 6 décembre 2023.
[18] Caroline Piquet, « Tags antisémites à Levallois-Perret : un homme de 74 ans sera jugé en décembre », Le Parisien, 24 août 2023.
[19] Naïm Sakhi, « Gérald Darmanin accusé d’antisémitisme », L’Humanité, le 25 mars 2021.
[20] Léa Masseguin, « Des dizaines de milliers de morts à Gaza : pourquoi les chiffres de victimes de l’offensive israélienne sont sous-estimés », Libération, le 18 janvier 2024.