Le cycle de la transmission définitive des pouvoirs à la tête de l'exécutif, suite à la disparition de Béji Caïd Essebsi, s'est achevé aujourd'hui. Avec succès. Presque à la perfection.
Kaïs Saied est devenu notre nouveau président de la République pour 5 ans. Un profil atypique, dépourvu de la moindre expérience politique "in national statecraft" et militante. Sans avoir exercé la moindre responsabilité ministérielle, mandat législatif ou même municipal. C'est paradoxalement la raison pour laquelle il a été élu.
Auteur, lors de son investiture ce matin, d'un remarquable discours (même s'il est teinté de grandiloquence conformément à son style professoral) dans lequel il clarifia certains points restés obscurs durant sa campagne électorale (droit des femmes non négociables, attachement aux libertés publiques et individuelles, défense des acquis sociaux etc.).
A l'évidence, ce n'est, déjà, plus le candidat qui a habilement surfé sur la recrudescence de l'anti-parlementarisme et le rejet de la classe politique dans son ensemble.
Il est désormais le gardien de la Constitution, rôle qui exige qu'il soit au dessus des partis afin d'être un arbitre impartial et indiscuté.
Ça tombe bien, puisqu'il n'a pas de parti à ménager.
Et c'est pourquoi, disposant, quand bien même, d'une forte majorité présidentielle mais sans majorité parlementaire, il devrait avancer à pas prudents.
Parce ce qu'il sait mieux que quiconque, en bon constitutionnaliste qu'il est, malgré ses 2,7 Millions de voix, qu'il ne doit pas (et ne peut pas) avoir à l'encontre du prochain gouvernement de coalition, sa propre politique à Carthage.
Pourtant, la tentation sera grande pour lui de ne pas y résister. Mais ça… c'est une autre histoire…