En ce jour même, je tiens à exprimer mes plus sincères condoléances aux victimes des massacres israéliens de l’année dernière.
Aujourd'hui même, je voudrais pleurer les milliers et les milliers d'enfants qui ont été tués par des balles et des bombes fournies par l'Occident à Gaza, en Cisjordanie et au Liban au cours des douze derniers mois.
Aujourd'hui même, je voudrais exprimer mes sincères condoléances aux parents palestiniens qui ont dû enterrer leurs enfants, ou des morceaux de leurs enfants, ou des sacs informes de viande de boucherie dont on leur a dit qu'ils étaient leurs enfants, si ces parents sont encore en vie.
En ce jour, je voudrais lever mon cœur vers les personnes qui font l'objet d'un nettoyage ethnique dans le nord de Gaza en ce moment même, et vers les personnes du sud du Liban qui subissent les massacres quotidiens d'Israël.
J’aimerais oser exprimer ma sympathie pour d’autres groupes, comme les Israéliens qui ont été tués dans les bombardements du Hamas il y a un an. Mais je pense qu’il y en a eu assez. Vraiment.
La sympathie pour Israël a été utilisée au cours de l'année écoulée pour créer un consensus sur le massacre de montagnes d'êtres humains en prévision de l'accaparement de terres et d'agendas militaires planifiés bien avant le 7 octobre 2023. La sympathie qu'Israël a reçue après l'attaque du Hamas a été immédiatement utilisée à des fins de promotion de ces agendas, et a été utilisée chaque jour depuis.
Lorsque quelqu’un utilise une arme à feu pour blesser des gens, une bonne personne lui enlèvera l’arme et ne lui donnera plus d’armes. Cela s’applique aux armes physiques réelles, telles que celles que l’empire occidental a déversées dans la machine de guerre israélienne, et cela s’applique à la sympathie devenue arme que les apologistes d’Israël ont utilisée pour justifier leurs atrocités génocidaires.
Exprimer de la sympathie pour Israël ce jour-là serait comme exprimer de la sympathie pour une mère atteinte du syndrome de Münchhausen par procuration qui empoisonne ses enfants pour gagner la sympathie et l’attention de sa communauté. Cette sympathie – qui serait normalement une réponse très saine à la mort et au traumatisme d’autres personnes – est dans ce cas le vrai problème.
Et même si ce n’était pas le cas, Israël a déjà reçu plus qu’assez de sympathie. C’est un fait bien documenté que la presse occidentale a été beaucoup plus compatissante envers les victimes israéliennes de l’attaque du Hamas qu’envers les victimes d’Israël à Gaza, même si le nombre de victimes des atrocités israéliennes est beaucoup plus élevé. Cet écart de sympathie est si large qu’il ne peut être décrit que comme une faute professionnelle journalistique, ce qui n’est possible que par le fait que les Arabes ne sont pas reconnus comme pleinement humains sous les règles de l’empire occidental.
C’est pourquoi, en ce jour particulier, j’exprimerai ma sympathie pour les populations auxquelles Israël a infligé beaucoup, beaucoup plus de morts et de traumatismes qu’il y a un an, et seulement pour ces populations.
L'attaque du Hamas était la réponse d'un peuple colonisé désespéré contre un oppresseur occupant tyrannique, et il est connu que beaucoup des Israéliens qui sont morts ce jour-là ont été tués par l'armée israélienne et sa "directive Hannibal" barbare consistant à assassiner son propre peuple pour éviter qu'il ne soit pris en otage. Il n'y a pas lieu d'exprimer un seul mot de sympathie à l'égard d'Israël pour cela, ici ou ailleurs.
Donc, en ce jour particulier, je n’exprime pas de sympathie pour Israël ; en fait, je le condamne.
Je condamne les bombardements d'hôpitaux par Israël. Je condamne l'assassinat de journalistes par Israël. Je condamne le fait qu'Israël prenne délibérément pour cible des bâtiments civils dont on sait qu'ils abritent des enfants. Je condamne l'assassinat délibéré par Israël de travailleurs humanitaires. Je condamne l'utilisation par Israël de la famine comme arme de guerre et d'extermination. Je condamne le viol et la torture systématiques des prisonniers palestiniens par Israël. Je condamne la pratique israélienne consistant à tuer des enfants et d'autres non-combattants à l'aide de tireurs d'élite. Je condamne le nettoyage ethnique des territoires palestiniens par Israël.
Je condamne Israël pour avoir bombardé un orphelinat dans la ville de Gaza la semaine dernière. Je condamne Israël pour avoir assassiné Hind Rajab, âgée de cinq ans, et sa famille, et pour avoir tué les travailleurs médicaux qui ont tenté de venir à son secours. Je condamne Israël pour avoir sciemment attaqué un convoi de la World Kitchen et tué sept travailleurs humanitaires. Je condamne Israël pour le meurtre de Refaat Alareer. Je condamne Israël pour avoir enterré un homme mort comme un déchet, inconnu et introuvable, comme Dieu sait combien d'autres. Je condamne Israël pour la naissance de l'acronyme WCNSF (Wounded Child, No Surviving Family) dans les installations médicales de Gaza. Je condamne Israël pour m'avoir fait apprendre à quoi ressemblent les entrailles d'un enfant mort, et pour me l'avoir rappelé tous les putains de jours depuis un an. Je condamne Israël pour toutes les morts torturées, assoiffées, solitaires et prolongées de toutes les innombrables personnes enterrées vivantes sous les décombres de Gaza.
En ce jour particulier, je compatis avec les victimes des atrocités israéliennes, qui sont facilitées par l'empire occidental qui s'étend sur le monde dans lequel je vis. Je présente mes plus sincères condoléances à ces victimes et mes excuses les plus sincères pour ne pas avoir fait davantage pour mettre fin à ce cauchemar.