Un débat s'est engagé sur les réseaux sociaux, reprochant à certaines réactions, officielles ou non, d'éviter de qualifier les attaques de Nouvelle-Zélande de "terroristes". Le débat mérite qu'on s'y arrête. On peut, à juste titre, reprocher à des dirigeants et à des médias de n'utiliser la qualification de "terroriste" que pour des actions menées par certains groupes (Etat islamique, Hamas, Hezbollah, etc.) mais pas quand il s'agit de groupes d'extrême droite.
Mais, le terme même de "terrorisme" mériterait d'être banni du langage officiel. On ne sait pas définir le terrorisme et les Nations unies y ont renoncé (rappelons que l'ANC ou le FLN algérien ont été dénoncés comme organisations terroristes). On pourrait dire que le terrorisme est une forme d'action qui vise, directement ou indirectement, les civils (une qualification que l'on pourrait alors appliquer, par exemple, aux bombardements occidentaux - ou russes - contre des villes au Proche-Orient, sans parler de l'action israélienne à Gaza, il faudrait alors parler de terrorisme d'Etat). Mais aucun groupe ne se réclame du "terrorisme" ou ne fait du terrorisme son objectif.
Quand nous parlons de "guerre contre le terrorisme" cela ne veut rien dire: contre qui se bat-on? Contre une forme d'action? Mais cet usage du terme permet de dépolitiser les analyses, d'éviter toute étude du contexte politique ou géopolitique, et de réduire les affrontements à la lutte entre le Bien et le Mal.
Et comme nous le savons, le Bien ne peut triompher définitivement, et donc la guerre contre le terrorisme est une guerre sans fin. Une guerre dans laquelle nous sommes engagés depuis le président Bush, qui dure donc depuis plus de 17 ans, et sans aucune perspective de victoire.
Un dernier mot sur les attaques contre les civils. Elles sont bien sûr condamnables, mais il existe dans la loi internationale tous les instruments nécessaires pour les poursuivre (crimes de guerre, crimes contre l'humanité, génocide). L'ajout du qualificatif terroriste pour les définir est inutile.