ADAM SMITH (1723 – 1790)

1/ Biographie

Adam Smith est philosophe et économiste écossais, il enseigne à l'université de Glasgow ou il occupe la chaire de philosophie morale. Il devient précepteur du duc de Buccleuch, ce qui l'amène à voyager dans toute l'Europe et notamment en France où il s'initie à l'économie politique auprès des physiocrates. De retour en Écosse, il écrit ses célèbres Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations qui feront de lui le père de la pensée économique moderne.

2/ Place de Smith dans l’histoire de la pensée économique

Adam Smith est rupture avec les mercantilistes, surtout espagnols, au moins sur 3 points :


• Contrairement aux mercantilistes qui voient dans l’accumulation de l’or une source d’enrichissement, A. Smith considère que la véritable richesse n’est pas l’or mais dans les marchandises qu’il procure à acheter et à échanger.

• L’Etat n’a pas intervenir dans le commerce : Pour Smith il ne faut pas chercher à réduire les importations car il est profitable d’acheter à l’étranger ce qui y est moins cher et il ne faut pas favoriser les exportations car cela nuit à la concurrence.

• Smith s’oppose au colonialisme qui était prôné par les mercantilistes.

Smith reconnaît le mérite des physiocrates français, notamment de François Quesnay (1694 – 1774). Ils ont montré que la richesse ne provient pas de l’or et de l’argent, mais des biens consommables produits par le travail et la terre.

3/ Démarche

Un des postulats fondamentaux de l’analyse d’A. Smith consiste dans sa démarche, à savoir, l’individualisme méthodologique. C’est-à-dire la recherche des intérêts individuels conduit, par le fameux mécanisme de la « main invisible », à l’intérêt générale.

4/ Valeur d’usage / Valeur d’échange

Smith distingue la valeur en usage et la valeur en échange des marchandises :


• La valeur en usage résulte de l’utilité de la marchandise mais elle ne détermine pas la faculté d’acheter d’autres marchandises : l’eau est vitale, utile, mais elle ne peut presque rien acheter.

• La valeur en échange représente le prix de la marchandise. Cette valeur provient du travail nécessaire à sa production. Lorsque quelqu’un achète une marchandise, il achète en réalité le travail d’autrui.

5/ La division du travail et l’extension des marchés

Il développe la thèse selon laquelle l’origine de la richesse se trouve dans la division du travail et dans la liberté des échanges.

A. Smith voit une double relation (interactions) entre la division du travail et le marché :


• C’est l’échange qui est à l’origine de la division du travail : les hommes auraient un penchant à faire des trocs et des échanges qui les conduirait à se spécialiser d’autant plus fortement dans une activité que le marché s’étend.

• L’approfondissement de la division du travail favorise l’échange parce qu’elle étend le marché (croissance et diversification).


5.1/ la division technique du travail (DTT)

« (…) les plus grandes améliorations dans la puissance productive du travail, et la plus grande partie de l’habilité, de l’adresse, de l’intelligence avec laquelle il est dirigé ou appliqué, sont dues, à ce qu’il semble, à la division du travail ».

Ainsi, les avantages de la division technique du travail sont indéniables. En d’autres termes, la DTT permet l’accroissement de la productivité apparente du travail (Production/quantité du travail) grâce à une plus grande habileté (compétence) du travailleur, d’un gain de temps et d’une capacité à mettre au point des machines plus performantes.

En effet, avec son exemple de la manufacture d’épingles, il montre qu’un ouvrier même polyvalent, qui réaliserait seul les multiples tâches, ne produira qu’une vingtaine dépingles par jour. Au contraire, avec une dizaine d’ouvrier que l’on spécialise à un type de tâche ; il serait possible d’obtenir 48000 épingles, contre au maximum 20 s’il n’y avait pas eu une Divion du Travail.


5.2/ L’extension des marchés

D’après A. Smith, c’est l’échange qui est à l’origine de la division du travail. Les hommes accepteraient la spécialisation seulement dans le cas où ils pourront en tirer profit.

« Quoique dans un grand nombre le travail ne puisse pas être aussi subdivisé ni réduit à des opérations d’une aussi grande simplicité »

Smith souligne ainsi le fait que la division du travail ne peut être appliquée d’une manière systématique à la production de tous les biens. Si le processus de production de certains biens (notamment les produits manufacturiers) peut être segmenté (fractionné) en plusieurs phases (étapes) ; En revanche, d’autres, par la nature et la complexité de leur production, ne peuvent obéir à ce principe de segmentation.

Les métiers de l’art, par exemple, illustre parfaitement cette complexité : Un tableau ou un morceau de musique ne peut être conçu que par un seul et unique artiste. L’écriture d’un roman exige des capacités intellectuelles et un talent particulier d’expression, par conséquent on ne peut concevoir le principe de la division du travail dans ce type d’ouvrage. Etc.

Pour finir, il reconnaît que la DTT est source de monotonie ; elle peut en effet empêcher le travailleur de progresser, de s’interroger sur sa tâche, d’entretenir et développer ses aptitudes intellectuelles.

6/ la spécialisation internationale

Smith considère que l’échange international naît de la différence absolue de coût de production. Chaque nation a donc intérêt à se spécialiser dans la production pour laquelle elle bénéficie d’un avantage absolu. Cette théorie reste néanmoins incomplète puisqu’elle n’explique pas pourquoi un pays dépourvu d’avantage absolu exporte. David Ricardo (1772 – 1823) cherchera à surmonter cette limite à travers sa théorie en termes d’avantages relatif (comparatif). (Voir fiche D. Ricardo)

7/ La justification des services publics

Adam Smith est le premier économiste à avoir légitimé certains services publics. Il est globalement partisan d'une intervention minimale de l'État ; c'est la notion d'État gendarme assurant la sécurité intérieure et extérieure des citoyens.

Pourtant, il souhaite que les pouvoirs publics prennent en charge la construction des infrastructures et assurent un service public en matière d'éducation des enfants et d'instruction des adultes (théâtre, danse, musique …).

Le développement des infrastructures est indispensable à l'expansion du commerce. La division du travail a en effet pour origine l'extension de la taille du marché. Or, ces infrastructures sont coûteuses et leur rentabilité est faible et souvent à long terme. Aucun agent privé n'aurait donc intérêt à les construire. L’État doit alors suppléer le marché défaillant et prendre en charge leur construction.

Les services publics d'éducation et d'instruction ont quant à eux pour fonction d'assurer l'ordre public : « un peuple instruit et intelligent est toujours plus décent dans sa conduite et mieux disposé à l'ordre qu'un peuple ignorant et stupide »


*Ezzeddine Ben Hamida : Docteur en sciences économiques et sociales. Professeur de sciences économique et sociales.

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