L’actualité en Algérie et en Arabie saoudite est tellement compliquée, sordide et allant crescendo vers une fin tragique que j’ai choisi d’en parler en faisant des retouches de style à une mythologie grecque : Le roi Midas de Phrygie.
Le roi Midas de Phrygie jeune, bien que puissant et aisé, était relativement cupide et stupide.
Un jour ses hommes de main trouvèrent un homme totalement ivre qu’ils livrent au roi Midas. Le roi reconnu, en l’ivrogne, Silène, un des plus proche amis de Dionysos, le dieu du vin et de la fête. Midas accueilli Silène les bras ouvert, grande hospitalité et festin festif et orgasmique.
Plus tard, Dionysos qui cherchait son compagnon égaré, arrive en Phrygie où il retrouva Silène. Reconnaissant, il remercia Midas et décida de le récompenser en lui accordant un vœu. Le roi Midas, passionné par le pouvoir et la richesse, demanda le privilège de transformer tout ce qu’il touche en or (pétrodollar).
Dionysos, le Dieu de la fête et des jouissances, accorda ce don à Midas.
Comblé et insouciant, le roi Midas se mit tout de suite à vérifier et à exécuter ses nouveaux dons : tout ce qu’il touche se transforme en or (rentes). Il finit par transformer l’ensemble de son palais, puis l’ensemble de son royaume en or (rente).
Épuisé par cet effort de métamorphose des choses, Midas affamé devait donc manger : il se mit à table. Mais tout ce qu’il toucha, raisin, vin, viande ou pain se transforma instantanément en pépites d’or (rentes) et se métamorphosa en billes d’or.
Non seulement il avait faim, mais il risque de se casser les dents. Affamé, dégoutté, esseulé et terrorisé il finit par comprendre que son pouvoir sans limite, mais absurde, allait le conduire à l’isolement et à la mort.
Il implora donc Dionysos d’annuler ce vœu en échange de sa servitude. Dionysos lui ordonna d’aller se baigner dans le fleuve Pactole (Sahara) et remonter jusqu’à sa source pour y boire ce qui le rendra normal. La source du fleuve transformé en or ira inonder d’autres peuples et d’autres gouvernants en quête d’or et de rentes.
Le roi Midas de Phrygie moins jeune, moins puissant mais toujours stupide.
Devenant compétent en musique et en art du mystère auprès du maître Orphée, est appelé à juger le concours entre Pan (dieu des bergers et des troupeaux, ainsi qu’inventeur du pipeau ou flûte de Pan) et Apollon (dieu des arts et de la beauté). La lyre d’apollon a envoûté le Jury de mélomanes malgré que le pipeau de Pan fût aussi mélodieux.
Mais Midas ne se rangea pas de l’avis de la majorité, par jalousie ou par compétence, et préféra le pipeau de Pan.
Furieux, Apollon jeta un sort au roi insolent : puisque ses oreilles ne sont pas capables d’apprécier les mélodies, alors Midas aura les oreilles qu’il mérite, des oreilles d’âne.
Affublé de deux grandes oreilles d’âne de la honte et de l’incompétence, Midas cacha, avec un bonnet, si bien que mal, ses affreuses oreilles pour éviter la risée des sujets. Ses cheveux ayant trop poussé et lui cachant la vue, il fut contraint de recourir aux offices d’un coiffeur réputé pour ses talents et sa discrétion.
Voyant les oreilles de Midas, le serviteur coiffeur ne put s’empêcher de rire. Alors Midas le menace de mort s’il se risquait à révéler ce secret. Mais il est plus facile de porter un lourd péché qu’un tel secret; alors n’en pouvant plus ,le coiffeur se rendit au milieu d’un champ où il y creusa un trou et cria à l’intérieur le secret du roi Midas, puis reboucha ce trou.
Des mois plus tard, des roseaux ont poussé et se sont abreuvés d’eau emprisonnée dans le trou creusé par le coiffeur. Comme le roseau a compétence à chanter l’air du temps, il se mit à fredonner ” le roi Midas a des oreilles d’âne”.
Les roseaux répètent à tout vent le douloureux et ridicule secret. Par mots et par veaux, les hommes et les animaux seront abondamment alimentés par la rumeur circulant de bouche à oreille et par monts et par vaux jusqu’à parvenir aux oreilles d’âne du pauvre roi.
Attristé et honteux, le roi Midas se réfugia dans une forêt afin de se cacher et finira par se suicider ne pouvant plus écouter les bruissements des feuilles et des rus qui le persécutaient innocemment, mais inlassablement.