Le 4 avril 2019, une délégation du bureau exécutif d’ijaba était invitée dans la matinée à l’assemblée des représentants du peuple par la commission de l’éducation ; celle-ci ne fit que lui transmettre le message du Ministre à savoir dégel des salaires contre examens déposés ; la délégation fortement déçue prend alors l’initiative de s’introduire au parlement pour interpeller le Chef du gouvernement, qui, rappelons-le, a ignoré et méprisé les universitaires à deux reprises lorsqu’ils sont venus manifester par milliers à la place de la Kasbah en 2018 et 2019 et qui a refusé de recevoir leurs représentants syndicaux.
Excédé par tant d’indifférence et d’humiliation les représentants du syndicat tentent un forcing, dans l’enceinte même du parlement, afin d’interpeller en face à face le Chef du gouvernement et juste au moment où il devait prendre la parole devant les députés ; les slogans de colère des universitaires grévistes fusent alors : « ô Chahed réveille-toi, réveille-toi la situation de l’universitaire n’est pas convenable ! » « Ô gouvernement, honte, honte l’université s’écroule » « notre université publique nous y avons droit et il ne s'agit pas d'une faveur » « on n’humilie pas l’enseignant universitaire ». Mais une fois de plus le Chef du gouvernement se débina.
Il ne faut pas oublier que cela fait 11 jours que le sit-in persiste et qu’une bonne partie des universitaires grévistes vit à la belle étoile au siège du MES; il ne faut pas oublier que cela fait 8 ans que le syndicat ijaba se mobilise afin de sauver l’université publique de l’effondrement ; il ne faut pas oublier que cela fait plus de 4 ans que le syndicat ijaba se confronte au gouvernement actuel et qu’il a arraché dans une lutte acharnée et dans la douleur un accord signé le 7 juin 2018 mais non respecté.
Certains médias n’hésitèrent pas à s’emparer de cette intervention du syndicat au parlement pour noircir son image au niveau de l’opinion de publique ; mais peine perdue car ce genre d’intervention est tout d’abord classique et commun dans tous les parlements du monde ; faut-il aussi rappeler que, depuis la révolution, la coupole de l’ARP a vécu des centaines d’esclandres de la part des politiques et que ceci fait partie somme toute du jeu démocratique.
Les sit-inneurs se préparaient à leur onzième veillée à la belle étoile quand les forces de l’ordre pénétrèrent l’enceinte du MES les informant qu’il fallait évacuer sous ordre de la justice.
Dehors des fourgons de ramassage, un laboratoire mobile ; à l’extérieur et à l’intérieur des officiers de police attendaient les ordres. Les représentants du syndicat sont alors entrés en discussion avec les responsables sur place de la brigade d’intervention. Pendant ce temps les sit-inneurs entonnaient des chants engagés sur la liberté, la dignité, l’amour de la patrie, la résistance à toute forme d’oppression ou de traîtrise.
A plusieurs reprises les représentants du syndicat entraient pour prendre les avis des sit-inneurs et ressortaient palabrer avec la police. Finalement en l’absence de document tangible et fiable enjoignant les sit-inneurs à évacuer et grâce à leur résistance sur place le maintien du sit-in du défi fut décidé.