Mahdia est triste et en colère

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Cette semaine, Mahdia a payé à la mer sa dîme annuelle. Cette fois, ce n’est pas des marins pêcheurs mais une dizaine de paumés, à peine sortis de l’adolescence qui, désespérés de ne trouver un travail, un projet ou juste un horizon auxquels s’accrocher, se sont embarqués dans un rafiot qui ne peut contenir cette foule ni voguer dans cette mer déchaînée.

La première alerte fut donnée quand on a trouvé la minuscule embarcation, vide, ballottée par les flots à quelques miles de la côte.

Depuis, Mahdia vit au rythme de faux espoirs et surtout des repêchages des dépouilles. C’est qu’on ne connait, avec exactitude, ni le nombre ni l’identité des Harragua.

Le rituel est toujours le même. Dès l’annonce de la découverte d’un corps allongé sur une plage ou entremêlé dans un filet de pêche, la foule opère une ruée vers les lieux des macabres découvertes, ensuite à la maison du défunt puis en longue procession vers le cimetière marin.

A ce jour, et au rythme d’un corps par jour, la mer a rendu quatre cadavres dont trois jeunes et belles filles… les baskets aux pieds et auréolées dans des habits colorés.

Le climat est lourd, on se regarde sans se parler et on évite d’évoquer le cheminement qui aurait amené ces enfants à miser leurs vies pour des chimères.

Pour les parents, ce n’est pas seulement une « Harga »...c’est une « Chawya »…c’est un rapt qu’ils ne peuvent pardonner à ceux qui, depuis déjà huit ans, ont promis de l’espoir et un meilleur vécu.

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