Jeudi 28 mars, Ali Fodil, directeur du groupe Echourouk, a été interpellé pendant quelques heures par des flics avant d'être relâché.
Depuis quelques jours, et encore plus depuis hier, il passe et veut se passer comme un farouche opposant à Bouteflika et à son clan, grand détracteur de la mafia, le Zorro des oligarques qui ont tellement bouffé qu'ils doivent se délester de leurs poids pour rentrer dans un avion.
Chacun est libre de ses opinions et de ses engagements. Mais comme Fodil est journaliste ou l' a été et qu'il dirige un groupe de presse, et que le journalisme est aussi le rappel des faits pour comprendre une situation ou la mettre en perspectives, il faut donc rappeler des faits concernant les prises de position de Mr Fodil à l'égard de Bouteflika, de sa clique et de son système.
Le 13 février dernier donc, Ali Fodil accordait une interview à la version arabophone de Liberté. Il dit quoi? Je cite Ali Fodil : " Je le dis en toute franchise, nous avons choisi le candidat Abdelaziz Bouteflika." Il dit quoi d'autre? Je cite Ali Fodil : " Nous sommes convaincus que le président est capable de redresser la situation.» Il dit quoi d'autre encore ? Je cite Ali Fodil : " Je me suis rendu hier au QG de campagne du candidat Bouteflika et j'ai rencontré des responsables qui travaillent dans ce staff. J'ai senti chez certains une volonté de changement qui ne doit pas se faire avec les anciennes têtes."
Il n'est pas parti au QG de campagne de Bouteflika pour sonder la volonté de son staff de changer l'Algérie. Il est parti pour demander du pognon, pour avoir des assurances de recevoir la pub punique et l'effacement des dettes de son groupe. A-t-il obtenu tout ça ? Peut-être oui, peut-être non.
Le lendemain de sa visite au QG, son journal fait la promotion du candidat Bouteflika. Un mois plus tard, il se retourne contre lui avec un zèle suspect et prend la défense de la rue. Hier, Bouteflika était le sauveur de l'Algérie, aujourd'hui il est le diable habillé en costume sur une chaise roulante.
Lui a-t-on demandé de rembourser ce qu'il aurait pris ? Peut-être oui, peut-être non. C'est avec des personnages capables du jour au lendemain de manger la main qui les a nourris que Bouteflika a gouverné pendant 20 ans. C'est justement à cause de ces personnages que le système qu'il a mis 20 ans à bâtir s'est écroulé en 5 semaines.