Cette élection présidentielle, au-delà du candidat qui en est sorti vainqueur, de la contestation et du rejet qui l'ont précédée et qui vont la suivre ; au-delà de la manière dont elle s'est tenue, donc cette présidentielle devra nous servir de leçon pour les journalistes dont je fais partie.
Nous avions été à la merci de sources, d'informateurs et autres gorges profondes qui nous ont sciemment, involontairement ou de bonne foi, distillé, livré et abreuvé d'infos et de confidences qui se sont révélées fausses, partiellement erronées, trompeuses ou encore totalement mensongères.
C'est sur la base de ces infos que nous avions, au fil des jours et des semaines, proposé des articles, des analyses, des commentaires et des grilles de lectures que les résultats annoncés aujourd'hui ont battu en brèche.
On nous a dit, et on l'a écrit, que Tebboune était favori, mais qu'il s'était ensuite littéralement cramé. On connaît le résultat. On nous a dit que Mihoubi comptait pour du beurre, mais qu'il a été relancé par Bedoui et sa bande, par les Émirats et la France avant d'être l'élu de l'armée. On connaît aussi le résultat.
On nous a dit que Benflis était une valeur sûre, qu'il avait un fort ancrage populaire et qu'il bénéficiait d'un appui certain d'une partie de l'establishment militaire. On connaît là aussi le résultat.
En définitive, on a été berné, baladé, trompé et sans doute instrumentalisé par nos différentes sources. Nous ne sommes jamais à l'abri de la manipulation, de l'intoxication, de la propagande, du noyautage. Cela fait partie de l'exercice et des risques du métier de journaliste. Comme cela fait sans doute partie d'autres métiers où l'information et le renseignement constituent le cœur du travail.
Pour ma part, ce qui s'est passé avant et pendant cette élection doit servir de leçon. Cette expérience nous oblige à faire preuve de plus de rigueur, plus de retenue, davantage de précaution, d'humilité, de distanciation et encore plus de vigilance.