À l’occasion de la fête de l’indépendance, Bensalah reprend son micro pour nous gratifier d’un discours qu’il voudrait lénifiant, mais qui n’est en fait que la continuation de celui de Gaïd Salah. En une phrase, vous ne voulez pas de nous, mais nous sommes là quand même et on vous em… Comme on s’en doutait il commence par la lutte contre la corruption, histoire de s’attirer quelques sympathies, il nous assure que l’État, demeure à l’écoute des revendications et des aspirations profondes de notre peuple.
Stooooop, j’ai comme l’impression qu’on ne parle pas du même peuple, car pour l’instant je n’ai pas vu une seule des revendications du peuple, pourtant claires, prise en compte, ni même abordée par lui ou par son président. Car il faut bien admettre que si Bensalah est notre président, Gaïd Salah est le président du président.
Bensalah ne manquera pas de rendre un hommage appuyé au peuple « La retenue dont ont fait montre nos concitoyens et nos forces de police et de sécurité a permis de préserver le caractère pacifique des manifestations » visiblement non seulement il n’entend que ce qu’il veut bien entendre, mais en plus il ne voit rien de ce qu’il se passe dans notre pays depuis plus de 4 mois.
Si le caractère pacifique des marches a été préservé, c’est grâce à la maturité de notre jeunesse, que toutes les manigances d’un pouvoir stalinien, à bout de souffle et accroché à ses privilèges, a tout fait pour guider vers la violence. La pancarte d’un jeune manifestant résume bien cette maturité : « Si on ne répond pas à votre violence, ce n’est pas par peur de vous, mais par amour de l’Algérie ».
Un passage du discours de notre sous-président m’a littéralement mis hors de moi, il ose y parler de libertés et de droits fondamentaux qui doivent être respectés et protégés, alors qu’il les bafoue tous les jours. « Il y a lieu de veiller, dans le même temps, à ce que l’exercice de ces droits puisse se faire dans le respect d’autrui et surtout dans le plein respect des lois de la république et que leur expression ne soit pas détournée à des fins attentatoires à la stabilité de notre pays et à son unité nationale » dira-t-il.
Depuis le début de la révolution pacifique, seul le pouvoir porte atteinte à l’unité nationale et viole toutes les lois du pays, en arrêtant et en maintenant en prison des jeunes, qui n’ont en aucune façon désobéi à la loi (c’est l’avis de très nombreux juristes qui se sont exprimés). Bensalah voudrait qu’on lui fasse confiance, il nous parle de respect des lois de la république, alors qu’il piétine la constitution, en faisant arrêter des gens, au motif qu’ils arborent le symbole de l’identité amazigh, qui est l’une des composantes de notre culture, reconnue par la constitution algérienne.
Et à nouveau il nous parle d’élection qui sera entourée, selon lui des « des garanties requises » et de sa conviction profonde que c’est la seule issue. Monsieur le président, s’il s’agit bien de VOTRE conviction, pourquoi voudriez-vous l’imposer à 42 millions d’algériens, qui ne sont pas d’accord et qui ont leur PROPRE conviction profonde ? Il faut souligner qu’il n’est pas le seul à avoir cette « conviction », notre chef d’état-major a la même et cherche à l’imposer, mais il n’est pas le seul…
Ali Benflis lui aussi, considère que « L’élection d’un président de la République le plus rapidement possible, dans des CONDITIONS TRANSPARENTES, est la solution la plus courte, la plus démocratique, la plus sûre et la moins coûteuse pour notre pays en termes de stabilité politique économique et sociale ». Sauf que nous n’avons pas la mémoire courte, ce monsieur a été ministre de la justice, puis directeur de campagne de Bouteflika, ensuite son chef de gouvernement et enfin candidat plusieurs fois à la magistrature suprême.
À ce titre il a dénoncé les fraudes et a même présenté en 2014, un livre blanc recensant les différentes tricheries et manipulations du fichier électoral. Aujourd’hui il veut nous faire croire que, dans la situation actuelle, il est possible d’organiser des élections transparentes…
Bensalah renouvelle son appel à s’engager « dans le processus de dialogue national inclusif que l’État entend lancer dès à présent », en d’autres termes je t’invite à participer au dialogue, à condition que tu ne dises que ce que je veux entendre, sinon c’est la prison. Au-delà de l’enfermement, il y a aussi ces cabales et ses combines qui sont échafaudées pour salir la réputation des gens, avec la complicité d’une presse-caniveau, dont l’aplaventrisme des journalistes n’a visiblement aucune limite. Le moudjahid BOUREGAA, vient d’en faire les frais et croupit en prison à 86 ans, une honte pour tout le pays !
Votre discours manque cruellement de sincérité, comment voulez-vous gagner la confiance, alors que votre police et vos magistrats enferment, à tour de bras, les gens qui osent exprimer une opinion qui dérange ? Comment faire confiance à un régime capable d’enfermer un symbole, un héros de notre histoire, parce qu’il a osé critiquer ses pratiques ? Et enfin comment faire confiance à ceux qui ont fait de tout un peuple la risée du monde entier, pendant 5 ans, en rampant devant un cadre érigé en président ?
La confiance se mérite et vous avez tous démérité. Le peuple n’a plus confiance dans ce système, ni en ses représentants et depuis plus de 2 mois il vous demande de partir. Il ne veut pas de vos solutions, ni du rafistolage que vous proposez, il veut être maître de son destin.
Alors demain est un autre vendredi et vous pourrez entendre de nouveau le désormais fameux : « tetnehaw gaa », toujours dans l’allégresse, la bonne humeur, la sérénité, la non-violence et malgré la répression.