Je me souviendrai toujours avec une émotion sincère et heureuse, des JCC du temps où j'étais étudiante à l’ENS, quand le cinéma et particulièrement les JCC étaient notre « seule dissidence », notre bouffée d’air, notre impression fugace et belle de faire partie du monde, de la culture, des enjeux qui animaient la jeunesse de l'époque.
Je séchais Flaubert, Saint-John Perse, Apollinaire, la linguistique pour aller faire la queue devant les salles de cinéma (L’abc, le Rio, et autres lieux magiques disparus depuis..). Je faisais la queue avec les copains, après un passage obligé et immuable par Bab Jedid pour se restaurer.
On était fébriles, ravis, on avait cette fantastique naïveté de croire dur comme fer que le cinéma pouvait sauver le monde, pouvait NOUS sauver…
Les JCC étaient notre bibliothèque Charles de Gaulle, notre Centre d'Etudes de Carthage (lieu de bachotage incontournable de tous les francisants de mon époque avec la moins non emblématique Melle Alice Le Blay), notre bonheur sans failles, notre Eldorado.
Les années ont passé, j'ai gardé intacte ma passion pour le cinéma ce faiseur de rêves...
Ce que sont devenues les JCC, comme tout autre institution culturelle de notre pays, m'est totalement étranger.
Vive le cinéma.