Un vote de conscience plus qu’un vote de confiance.

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POURQUOI DIMANCHE, J’IRAI VOTER JUPPÉ…

D’aucuns peuvent être surpris que je choisisse de voter pour le candidat Alain Juppé au second tour de la primaire de la Droite et du Centre. Car, en apparence, je ne partage pas grande chose avec lui. Je ne suis pas membre du parti « Les Républicains ». Je ne suis pas de droite. Je n’approuve pas son programme libéral en matière économique et sociale, parce que je crois encore en l’harmonie entre un service public « efficace » et un secteur privé « humain », seul moyen de sortir de la spirale de la crise. En deux mots, mon vote ne sera pas un vote de confiance.

En revanche, j’ai le sentiment que nous vivons aujourd’hui en France un tournant historique. Je n’ai pas connu évidemment les années Trente et la montée des fascismes. Mais les récits de mes grands-parents et mes nombreuses lectures sur la période (je suis passionné d’Histoire) m’évoquent trop d’analogies et de similitudes avec les passions identitaires et, disons-le, les courants xénophobes, qui ont fini par emporter nos vieilles démocraties européennes que l’on croyait pourtant solidement ancrées à la pensée des Lumières.

Aussi suis-je convaincu que la participation des citoyens humanistes à la Primaire de droite peut se justifier par un « vote de conscience » dans un contexte de crispations identitaires et d'instrumentalisation électorale de la peur. Dans les années 1930, on pouvait voter pour un candidat qui n’était pas de son parti ou de son camp politique pour s’opposer à la montée de l’antisémitisme qui n'était pas négociable avec les principes et les valeurs démocratiques.

Aujourd'hui, l'on peut soutenir temporairement Alain Juppé en partant d'une position éthique, en considérant qu'il est l'un des rares hommes politiques à ne pas jouer systématiquement sur la peur de l'Autre, ou du moins à ne pas en faire l'axe principal de sa campagne et de son programme. A l’opposé, son adversaire, François Fillon n’a cessé de tendre des perches identitaires aux électeurs d’extrême droite, en désignant une cible, les musulmans, qu’il a qualifié maintes fois de « problème », agitant le spectre de l’Anti-France.

Je ne suis pas droite. Je ne suis pas juppéiste. Je ne suis pas membre des Républicains. Mais l'appel au vote Juppé participe d'une position morale chez moi, considérant qu'il incarne une droite qui n'a pas encore franchi le Rubicon identitaire d'une politique fondée sur la haine de l'Autre.

Mon vote est-il laïque, agnostique, chrétien, juif ou musulman ? Je ne sais pas. Si, je sais : mon vote est humaniste. C’est un vote conscience. Il constitue l'acte électoral d'un citoyen attaché à une certaine conception de la démocratie française avec ses principes, ses règles et ses codes.

Sans hésitation, je partirai donc dimanche voter Juppé quitte à déplaire à mes « camarades ». Je vote en paix avec ma conscience.

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