Un bruit, entre tous, inconnu des tunisiens : Celui des bottes au pas cadencé !

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Citoyens ! Tendez bien l'oreille ! N'entendez-vous pas avec moi ce bruit de bottes qui, se rapprochant, devient de plus en plus menaçant ?

Et si ce bruit, à force d'extraordinaire, est, je vous l'accorde, encore imperceptible pour la majorité des tunisiens, c’est que le papier à musique régissant la marche militaire, à ce jour inaudible, est concocté outre méditerranée, voire même outre-Atlantique.

A preuve le financement de la répression des mouvements sociaux générés par la funeste loi des finances de 2018, revendiqué à corps et à cris par le gouvernement britannique… sans que l’Etat tunisien ne trouve rien à y redire, s’il-vous-plaît ! Mieux encore, une menace à peine voilée, que l’ultra nahdhaoui, Monsieur Mohamed Ben Salem, déclarant, sans ambages, que la coalition Nidâa/En-Nahdha n’avait d’autre raison d’être que de permettre le paiement des salaires des fonctionnaires de l’Etat, s’est fait un malin plaisir, au reste, de mettre à nu, a été impudiquement osée par le F. M. I. suggérant implicitement la subordination du versement des prêts au profit de la Tunisie au maintien de Chahed à son poste !

Il est, cependant, au moins trois événement ayant marqué l’actualité ces derniers jours qui pourraient être considérés comme autant d’indices concordants qu'il conviendrait, pour les besoins de la démonstration, de ne pas perdre de vue.

En premier lieu, la divulgation, en ce samedi 8 juillet 2018, par la page officielle d’En-Nahdha de la tenue d’une réunion, souhaitée secrète par la Présidence de la République, montre à quel point ni B. C. E. ni le Cheikh n’entendent assumer les conséquences découlant de cette entrevue. Tant il est vrai, et à en croire la tonalité du communiqué publié en la circonstance par le parti islamiste, la rupture semble définitivement consommée entre les deux « sages » au pouvoir.

En deuxième lieu, les actes de sabotages, en tous genres : incendies criminels, non revendiqués et, pire encore, dont les auteurs ne seront à jamais identifiés ; pénuries provoquées par des puissances, demeurant ad vitam aeternam occultes ; privations inopinées des commodités citadines les plus basiques : eau, électricité… ; guerre des rues saccages groupusculaires improvisés, et à l’évidence, commandités…Toutes manœuvres visant à instaurer un climat d’insécurité et un sentiment d’impuissance de l’Etat.

En troisième lieu, la caducité de facto, décrétée par les bas-fonds politiciens, des échéances électorales de 2019. Le président-intendant ayant tenu à recevoir les instructions y afférentes par le Chef de l’Etat en personne, qu’à cela n’y tienne ! Ne reculant désormais devant aucune in congruité, B. C. E. déclencha orbi et urbi le processus menant à la paralysie du processus électoral… à charge pour le corvéable Président du parlement de peaufiner les détails.

A un autre niveau d’analyse, et de manière plus substantielle, il conviendrait de rappeler que les vues géopolitiques des superpuissances dans la région, penchant de plus en plus vers un règlement militaire des dossiers diplomatiques en souffrance, s'accommoderaient mal d'une Tunisie, mal remise des vapeurs révolutionnaires, désespérément chahuteuse.

Certaines solennelles mises en garde contre la destination Tunisie, jugée pas suffisamment sure, certains rapports, plus officiels que journalistiques, d'outre-Atlantique mettant en doute la réussite de l'expérience démocratique tunisienne, l'Union européenne, via son Parlement, soufflant diplomatiquement le chaud et le froid sur ce chétif "partenaire privilégié".

En outre, la fracture sociale menant à une bipolarisation, historiquement mortelle, celle opposant les citoyens à l'Etat. Non pas en un sens identitariste, n'ayant aucune prise sur la réalité, mais touchant à la légitimité même de l'"être-tunisien". Il s'en dégagera une guerre de tranchées, annonciatrice de la caducité du contrat social.

Les signes précurseurs de ces antagonismes anarchiques sont déjà tangibles : D'un côté, un reniement total, non seulement de l'Etat, mais même de l'appartenance nationale. De l'autre, un discours d'extrême droite, fascisant, invoquant l'abject Léviathan dans sa forme la plus monstrueuse.

Enfin, un outrancier opportunisme, ayant résolument dissocié l'acte politique du principe éthique, d'une classe politicienne toute affairée à consolider ses positions sociale, matérielle, médiatique, voire affective pour certains, n'ayant aucune vision d'avenir pour la Tunisie, focalisée qu'elle est sur les prises de guerre de l'instant présent.

Un discrédit total, un désaveu populaire, une image totalement négative... et pour couronner le tout un aveu d'impuissance, officiellement scellé par le Chef de l'Etat qui vient de remettre les clés du pouvoir à la junte militaire.

Ne vous y trompez pas, compte tenu de l'effritement de l'Etat en lobbies de tout acabit, la situation actuelle n'est en rien comparable à certains 26 janvier 1978 ou en encore 3 janvier 1984. Cette fois-ci c'est le début d'un processus dont l'issue n'est, hélas, que trop martelée par l'Histoire.

A vos postes, Messieurs, le pouvoir est à portée de bottes, vous en saisir n'est, désormais, qu'affaire de temps… une poignée de mois, sinon de semaines tout au plus !

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