Nous avons publié, voici un peu plus de six mois, sur ces mêmes colonnes un article intitulé : « Mademoiselle Héla Ouardi, ne serait-il pas temps de nous annoncer le véritable nom de l’auteur des Derniers jours de Mohammed ? ». Or, depuis la parution de notre article, Madame Ouardi nous a gratifiés de deux autres ouvrages, aussi fouillés, sinon plus, que le livre ci-dessus nommé. Il s’agit en fait d’une collection intitulée « Les Califes maudits » dont les tomes I et II ont été publiés en un laps de temps plus lilliputien qu’un quanta.
A-t-elle seulement conscience du temps raisonnable qu’il conviendrait de consacrer à la rédaction de pareille œuvre ? Elle, qui, en moins de 4 années, vient de « pondre », sans coup férir, trois pavés à même de révolutionner les recherches académiques en matière d’islamologie. Nous avons, certes, abordé la question dans notre précédent article, seulement y avions, sommairement, c’est-à-dire uniquement pour les besoins de l’argumentation, exposé les principaux motifs du peu de crédit raisonnablement accordé au fait qu’elle en ait été la véritable auteure.
En fait, nous aurions pu y adjoindre d’autres tout aussi crédibles. A la lecture des livres-référence publié sous le nom de Héla Ouardi, nous sommes parvenus à dresser un profil-type de l’auteur présumé des Derniers jours de Muhammad et des deux premiers tomes des Califes maudits.
Nous vous en livrons ci-après les principales caractéristiques : - Le genre littéraire (roman historique) dans lequel s’inscrivent les ouvrages ci-dessus cités est, à ce point maîtrisé par l’auteur qu’il doit nécessairement lui appartenir en propre. En d’autres termes, l’écrivain de cette œuvre n’en est pas à son coup d’essai.
- Les spécificités méthodologiques caractérisant les ouvrages sus-cités ne sont pas le fruit du hasard, mais mûrement réfléchies, elles doivent trouver leurs occurrences sinon, dans les options idéologiques, voire même philosophiques, de l’auteur, du moins dans sa biographie.
- Il ressort de toute lecture attentive de ces livres, que :
* Ceux-ci procèdent d’une spécialité pointue de l’auteur : islamologique, certes, mais axée autour de l’histoire religieuse aussi, et, principalement centrée sur la première ère de l’Islam, avec un intérêt particulier pour les périodes Muhammadienne et immédiatement post-prophétique.
* L’interprétation de certains documents et faits historique n’aurait pas été rendue possible pour l’auteur sans :
- Une exhaustive documentation en matière de littérature shi’îte.
- Une parfaite maîtrise des religions comparées.
- Une remarquable érudition orientaliste (Cf. notamment le dernier chapitre du livre Les derniers jours de Muhammad, consacré à l’historiographie de l’islamologie) - Une connaissance particulière de l’œuvre islamologique juive (particulièrement celle de…).
- Une parfaite maîtrise des nuances de la terminologie arabe classique et de leur traduction française. Nous autorisant, par là-même à attribuer la qualité de polyglotte à l’auteur de pareille œuvre.
- Une connaissance aussi approfondie qu’encyclopédique des sources historiques de l’Islam. Songez que la primeur de son « œuvre », Les derniers jours de Muhammad, aurait nécessité pour être menée à bon port, une parfaite maîtrise d’œuvre aussi monumentales que celles d’(Al-Tâbari, pour l’histoire), (Al-Bûkhârî et Muslim pour le hadîth –propos du Prophète-), (Les interminables sommes biographiques (kutub at-Tarâjim et kutub at-Tabaqât : Les Aghâni d’Al-Isfahânî -24 volumes, fautil le rappeler-, les Ansâb al-Ashrâf d’al-Baldhûri –13 volumes, excusez du peu !-…)…
Au final, nous nous retrouvons, s’agissant de ce que l’auteur a nommé « Sources arabes » avec plus de cent références bibliographiques du même acabit !
- Un savoir encyclopédique, principalement versé en islamologie : Près d’une centaine de pages ont été consacrés aux notes, renvois et références bibliographiques (nous avons dénombré pas moins de 1101 notes, et plusieurs centaines de références arabes et étrangères). Or, ce rarissime profil est loin de correspondre à celui de Héla Ouardi, qui a consacré plus de «17 ans, à l’étude de l’œuvre de Raymond Quénau » (dixit), particulièrement réputé dans le panthéon de la littérature française pour avoir introduit son patois natal dans son œuvre majeure : « Zazie dans le métro » (le titre n’est-il pas, à lui seul, révélateur de la profondeur de la pensée philosophique de son auteur et des savantissimes analyses y afférant.
Toutes raisons concourant au fait que notre auteure présumée restait dans la majeure partie des cas sans voix face aux légitimes questions que soulevait une œuvre aussi monumentale, et, ce faisant, sujette à polémique que Les derniers jours de Muhammad et les deux tomes déjà publiés des Califes maudits.
L’occasion pour nous de nous expliquer sur le sens de notre démarche. En fait, nous ne nous situons point, ici, d’un point de vue moralisateur, ni même prétendument académique. L’impossibilité d’engager un véritable débat avec la présumée auteure est notre unique problème. Nous trouvons tout à fait regrettable qu’une œuvre aussi digne d’intérêt n’ait soulevé que des polémiques de second ordre : féminisme primaire, disputes entre partisans religieux et fans laïcs, persécutions en tous genres de notre Jeanne d’Arc nationale.
Ce faisant, l’hyper médiatisation de notre héroïne semble avoir totalement occulté le fait que c’est à la recherche de la vérité que le véritable auteur avait destiné son livre et non pas à un quelconque buzz ou autres scoops, assortis d’agréables albums photos de quelque starlette sur le retour.
Or, ces mêmes raisons nous poussent aujourd’hui à affirmer que sauf spectaculaire évolution de la situation, le dossier Héla Ouardi et ses écrits vraisemblablement putatifs est, pour votre serviteur, définitivement clos. Les personnes concernées en tireront les conséquences opportunes.
Nous sommes, certes, conscients que la démonstration du bien-fondé de notre hypothèse n’aurait été rendue possible que par l’identification de celui auquel le profil ci-dessus détaillé correspondrait le plus, seulement pareille entreprise pouvant porter ombrage au concerné, nous priverait des apports scientifiques et littéraires de ce grand islamologue.
A tout prendre, nous préférerions que notre propos reste entaché de suspicion plutôt que de livrer le nom de cet homme hors pair à la vindicte populaire. Pour peu que notre démarche mette un terme à ce regrettable imbroglio et nous estimerons avoir modestement contribué à l’engagement d’un véritable débat autour de ces épineuses questions traitées avec autant de maestria par le véritable auteur de l’œuvre en question.