Ezzedine Ben Hamida :La liberté d’expression s’arrête là ou commence la vérité ?

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• Ezzedine Ben Hamida Professeur de sciences économiques, à l'Académie de Nic et chroniqueur dans les principaux journaux francophones tunisiens, « accusé, par le recteur de Nice, de propos injurieux, diffamatoires et incitant à la haine à l’égard de la France, et des dirigeants français » Qu’en est-il au juste ?

-La liberté d’expression est considérée comme l’un, pour ne pas dire, le seul « cadeau » non négligeable et acquis combien précieux légué par la Révolution. Un acquis devenu fébrile et fort menacé. Le syndicat national des journalistes ne cesse de tirer la sonnette d’alarme dénonçant des menaces rampantes contre la liberté d’expression.

Chez nous, pays en développement nous nous attelons à construire particulièrement l’édifice d’une liberté d’expression qui soit objective et non démesurée une besogne de longue haleine. Nous sommes à l’entame d’un terrain miné. Malheureusement, pour certaines gens la liberté d’expression s’arrête là ou commence la vérité qui dérange. Même dans les pays développés, qui ont la prétention d’être comme étant les parrains de la démocratie, la liberté d’expression se fourvoie dans une toile d'araignée entraînant de la sorte une dégénérescence des démocraties les plus confirmées.

Notre collaborateur Ezzeddine Ben Hamida, Professeur de sciences économiques et sociales, à l'Académie de Nice ayant des contributions et des chroniques dans plusieurs supports de la presse nationale (Leaders, Economiste Maghrébin, kapitalis,…), affirme avoir été soumis à une procédure disciplinaire engagées par le recteur de Nice, monsieur Emmanuel Ethis, par ailleurs ami de très longue date et ancien collaborateur de monsieur Olivier Poivre d’Arvor, en raison de ses publications dans la presse francophone tunisienne et de ses prises de positions et critiques particulièrement sur l’Accord de libre-échange commun et approfondi (ALECA) ou encore à propos de la banalisation assez déconcertante du discours arabophobe et islamophobe en France.

Dans un article paru sur dans le quotidien Le Temps en date du 16 février 2016 et intitulé : « L’ALECA : un projet néocolonialiste », Ezzeddine BEN HAMIDA estime: « L’ALECA comme étant le « Pacte Fondamental » dans sa version plus moderne et plus "audacieuse" ! Cet Accord occasionnera sans nul doute une nouvelle forme d’occupation, un néocolonialisme économique! ».

Une autre publication qui semble-t-il a déplu selon ses dires à certains responsables français. Il s’agit de son article d’opinion paru sur (Nawaat.org) le 21 juillet 2017 et intitulé : « Retour sur l’entretien accordé par l’Ambassadeur de France à la revue Moyen-Orient ». Voici un extrait : « L’ambassadeur de France à Tunis, monsieur Olivier Poivre d’Arvor, a accordé une interview à la revue Moyen-Orient, N°34, Avril-juin 2017, PP 62-65, éditée en France par Areion Group. L’entretien a été réalisé par Sébastien Boussois. Certains passages de cette entrevue nous laissent ahuris, pantois ; des propos qui en effet nous interpellent quant à la profonde persistance de l’état d’esprit paternaliste, pour ne pas dire enfantin, puéril et impubère de la diplomatie française ; une conception que nous croyions –naïvement- révolue, caduque ». « Cet article publié sur le site de nawaat n'a pas plu à monsieur l'ambassadeur», affirme M. Ben Hamida.

Il est aussi connu pour sa défense virulente de la communauté arabe et musulmane vivante en France. Ses chroniques sur ce sujet dénoncent avec la plus grande fermeté la banalisation de l’islamophobie et l’arabophobie dans le discours politique dans l’hexagone : « la stigmatisation des arabes et des musulmans, disait-il, est devenue un outil de communication dans la stratégie de la conquête du pouvoir de certaines formations politiques ; le matraquage médiatique est humiliant à l’égard de toute une communauté, toute une civilisation ; me reprocher donc aujourd’hui de tenir des propos injurieux et incitant à la haine de la France est un euphémisme! Dois-je rappeler à ceux m’accusant de telle abomination que le front national concentre à lui seul 38% des voix et par conséquent il est la première formation politique en France.»

Les lecteurs savent que la plume de Ezzeddine est aussi dure avec les dirigeants tunisiens que les responsables français ou encore européens ; elle aussi critique à l’égard des hommes d’affaires tunisiens que les firmes transnationales. Ses recherches et ses analyses l’on rendu méfiant et soupçonneux vis-à-vis des institutions internationales. Il est vrai qu’il ne mâche pas ses mots, c’est son style…, la marque de ses chroniques ! Et c’est pour ça d’ailleurs il est apprécié par beaucoup de lecteurs en Tunisie : pas de langue de bois avec Ezzeddine ; pas à bâton rompu !

Ses lecteurs, en tous cas, savent qu’il est un homme de conviction, jalousement attaché à la souveraineté de la Tunisie et aux droits des peuples à disposer d’eux-mêmes et de leurs richesses.

M. BEN HAMIDA déclare être voltairien et extrêmement attaché aux principes de la liberté de la presse et d’opinion : « le 6 février 1770, Voltaire se serait adressé à l’abbé Le Riche en ces termes : "Monsieur l’abbé, je déteste ce que vous écrivez, mais je donnerai ma vie pour que vous puissiez continuer à écrire" », a-t-il soutenu, avant d’ajouter « aujourd’hui on me reproche ma liberté de ton ; et pourtant,…, pourtant, c’est cette même liberté de ton qui est très souvent mise en avant par les responsables français chaque fois qu’un homme politique ou intellectuel de ce pays s’attaque l’islam.»

Pour finir l’entretien, notre collaborateur nous cite un extrait d’une lettre envoyé par Bourguiba, de l’île de la Galite en 1953, aux autorités françaises : « (…) Notre pays est une nation de vieille civilisation arabe et de religion musulmane, un vieux peuple qui eut son heure de gloire, qui a une civilisation, une histoire qui s’est constitué en Etat, autour d’une dynastie faisant elle-même suite à quatre autres (hafside, ziride, fatimide et aghlabite) dont la plus ancienne remonte à la fin du VIIIᵉ siècle, au temps de Charlemagne et Haroun Errachid, s’imagine-t-on qu’un peuple aussi individualisé, aussi fier de son passé, va se laisser absorber, dissoudre dans une communauté étrangère ? (…)».

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