Quelle triste fin pour cet ancien Président du comité de défense des victimes du mouvement yousséfiste, fondateur du Mouvement du peuple et opposant notoire à l’ancien régime !
Une fois promu Ministre des Domaines de l'État et des Affaires foncières, enrôlé par le gouvernement Chahed, cet avocat de profession a relégué ses convictions politiques aux oubliettes pour se muer en ennemi juré de l’IVD et de sa présidente Sihem Ben Sedrine, envers qui il ressent une animosité presque irrationnelle, certainement nourrie par les fantasmes de son compagnon d’infortune, Zouhair Makhlouf, une espèce de psychopathe fabulateur, un hâbleur dont les accointances politiques sont plus que suspectes et qui a été instrumentalisé par les nervis de la dictature dans le but d’en faire le fer de lance de leur combat contre la justice transitionnelle.
Mais revenons au Ministre et à ses intentions, à peine dissimulées, d’entraver le processus engagé par l’IVD et de le neutraliser quand bien même cela risquerait de léser les milliers de victimes de la dictature et de provoquer l’ire d’organismes internationaux qui soupçonnent le gouvernement Chahed d’être rétif à toute forme de collaboration avec l’instance et qui accusent régulièrement les lobbies mafieux et criminels liés à Ben Ali d’être à l’origine de toutes les actions déstabilisatrices visant l’IVD et sa Présidente.
Monsieur Korchid, au cours d’une conférence de presse tenue hier au palais de la Kasbah, décrète manu militari et unilatéralement la suspension ou plutôt la fin de toute collaboration avec l’IVD, décision qui n’est ni étrange ni saugrenue au vu des relations houleuses qu’il a toujours entretenues avec l’IVD et de son obstination presque hystérique à vouloir diaboliser l’instance et ses membres.
Peut-on lui reprocher d’être cohérent dans sa démarche puisque sa manière de gérer tous les dossiers qui lui ont été transmis et remis par l’entremise de l’IVD se caractérise par un dédain et un mépris à tout le moins coupables ???
Par contre, ce qui est surprenant, c’est l’arrogance du ministre et son incapacité à cacher les vrais motifs qui le conduisent à protéger les margoulins, escrocs et corrompus de l’ancien régime ! Il a beau multiplier les effets de manche dont il est coutumier, rassurer quant aux intentions très saines qui sont les siennes, utiliser le chargé du Contentieux de l’Etat pour prouver sa bonne volonté, prétendre qu’une éventuelle réconciliation est du ressort exclusif de sa commission des litiges…Monsieur Korchid ne convainc que ceux qui ont les mêmes préventions que lui et qui ont hâte d’enterrer le processus de la justice transitionnelle pour que celle-ci, une fois domptée et matée, se mue en justice transactionnelle !
Reste à savoir, si la décision de Monsieur Korchid a été approuvée par le chef du gouvernement et si ce dernier compte se rabibocher avec quelques vieux parrains et barons de Nidaa Tounès au détriment de la justice transitionnelle, auquel cas, cette complicité avérée discréditerait les propos récents de Chahed quant à sa volonté de combattre la corruption au risque de provoquer un séisme au sein de son propre parti politique…
Une telle incohérence serait impardonnable car elle impliquerait d’étroites collusions avec le banditisme économique et financier, une connivence qui fragiliserait davantage le gouvernement Chahed !