N'oublions pas la légende de Damoclès, que Cicéron raconte dans ses Disputes Tusculanes. Un jour, Damoclès, courtisan de Denys, tyran de Syracuse, lui fait l'éloge "de ses richesses, de la majesté de sa puissance, de la magnificence de son palais". "Damoclès, lui répondit le tyran, puisque tu aimes cette vie, je veux te la faire goûter et te faire essayer mon sort. "
Il le fit asseoir sur un divan recouvert d'une étoffe finement brodée, plaça devant lui des poteries précieuses et mit à son service des jeunes gens d'une beauté extraordinaire, prêts à exécuter ses ordres. Damoclès se croyait heureux, jusqu'à ce qu'il s'aperçoive qu'une épée tranchante suspendue à un crin de cheval pendait au plafond au-dessus de sa tête.
À ce moment-là, l'imprudent louangeur a renoncé à sa richesse et à son pouvoir et a supplié Dionysos de le laisser partir, parce qu'il ne voulait plus être heureux de cette façon.
Aujourd'hui, nous constatons que l'épée suspendue au-dessus de la tête des tyrans est sur le point de tomber, que le crin de cheval soutenant celle suspendue au-dessus de la tête de Zelensky est maintenant usé et effiloché, et que peut-être, demain, celle suspendue au-dessus d'autres personnes, qu'elles soient complices ou adversaires, tombera également.
Mais la leçon de la légende n'est pas seulement celle-ci. Il ne suffit pas de s'abstenir des louanges que chacun prodigue sans crainte aux tyrans, il faut aussi se souvenir qu'il nous appartient, dans la mesure de nos forces, sinon de trancher, du moins d'égratigner et d'éroder le crin qui retient encore l'épée suspendue au-dessus de leur tête.
Le fil qui la tient - il ne faut pas se lasser de le montrer, et le tyran est le premier à le savoir - est ténu et seuls l'assentiment et la peur du plus grand nombre l'empêchent de se rompre.