Au même moment où notre pays est traversé par une grave crise politique économique et sociale où on ne parle que de faire des sacrifices, de diminuer le salaire des députés, des ministres, des PDG, du Directeur de la BCT, où l'on s'offusque de la non maîtrise de la masse salariale des fonctionnaires de l’État ou l'on réclame à cor et à cri de taxer fortement les médecins, les avocats stigmatisés pour leur enrichissement rapide et excessif, on voit les clubs Tunisiens, les grands club du moins, disposer de budgets sans proportions avec la précarité où se trouve le pays .
Ils recrutent, avec de gros salaires, des joueurs Tunisiens et même étrangers à chaque mercato, les frais de transfert s’élèvent à des dizaines de milliards de nos millimes.
Chaque Dimanche soir, des millions de Tunisiens, pour la plupart chômeurs vivant dans la pauvreté, admireront leurs héros milliardaires courir sur le gazon en tapant dans un ballon. Sans état d’âme. Pour eux c'est leurs héros, les joueurs représentent la nation, pas l’argent. Pourtant, d’argent, ils en sont cousus. Le football est devenu une industrie comme une autre.
Il est devenu plus rentable et plus valorisant de rater ses études et de réussir une carrière footballistique que de réussir ses études médicales. Le foot, et le sport en général comme le showbiz, sont de formidables ascenseurs sociaux.
Nombre de footballeurs sont issus de milieux modestes et arrivent au sommet par leurs qualités propres et par leur mérite. Les plus démunis peuvent se trouver un jour à la tête d’une grande fortune par la grâce de leurs pieds ou de leur corps, vendus au public comme objets de divertissement.
Contrairement aux préjugés, tous les joueurs de foot n’ont pas un salaire à 6 chiffres il faut bien le souligner. Pour payer ces salaires astronomiques, certains clubs s'endettent. Il existe plusieurs types de dettes. Les clubs s’endettent d’abord entre eux. En effet, il est à noter que lors de la signature du transfert, très rares sont ceux qui paient immédiatement. C’est encore plus vrai si le prix est élevé.
Les clubs s’endettent également auprès des institutions financières, courent après l'aide de l’État, se retrouvent en cessation de payement, ne payent pas leurs entraîneurs, leurs joueurs, sans compter que certains présidents mettent de leur poches pour faire vivre leur club.
Pourtant, les faillites sont rares surtout pour les gros clubs. Malgré un endettement croissant, des clubs ne pourront jamais être placés en redressement judiciaire et déclarés en faillite malgré des décisions de justice.
La raison est simple : il existera toujours une entité, un milliardaire, l'Etat, le gouvernorat, une banque capable de recouvrir l’ensemble des dettes… la disparition d'un club peut mettre en émoi toute une région et troubler l'ordre public.
L’image du sport n’en est pas moins dégradée et ce d’autant plus en raison des récents scandales de corruption d'arbitrage, de violences, de truquages, sous tendues par des considérations extra sportives politiques et régionalistes encore vivaces.
Laissons de côté les considérations de chacun et les injustices ressenties, légitimes ou non, et interrogeons-nous plutôt sur le recrutement du nouvel entraîneur Tunisien (Nabil Maaloul) qui, loin d’être un foudre de guerre, sera payé 80.000 dinars par mois soit autant sinon plus que les salaires du chef de l'Etat et du premier ministre réunis… soit l'équivalent de 250 SMIC… soit 100 D par heure .
On a beau aimer le foot, le sport roi, aimer notre équipe nationale, un salaire faramineux dans un pays où il y a des millions de précaires restera excessif, injustifié, indécent.