Complotite et abominable machination

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On peut comprendre que Béji Caïd Essebsi ait trouvé désagréable, très désagréable, d'avoir été largué par Ghannouchi et doublé par Youssef Chahed. C'est un homme bafoué, humilié, blessé dans son amour propre. Malgré son apparence faussement détendue, on l'a vu tendu, dents serrées, colère rentrée, voix parfois blanche.

Au début, on a vu ses sbires monter au créneau et faire part de leur indignation devant ce qu'ils considéraient comme un sacrilège, une trahison de la part de Chahed. Slim Riahi, un malandrin, un turlupin de la politique, bombardé comme secrétaire général de Nidaa est venu par une infâme machination porter secours à son maître et porter l’estocade à Chahed en l'accusant, rien que moins, de complot.

Seulement voilà, les Tunisiens, dont la grande majorité n'ont pas été convaincus de la réalité de ce complot, n'ont pas décerné un brevet d'honnêteté ni de crédibilité à Slim Riahi.

Devant le peu d'impact de la campagne menée par ses lieutenants et l'incrédulité des Tunisiens, Si El Béji a décidé alors de mener la contre-offensive lui-même. Après s’être servi d’Ennahdha et gouverné grâce à elle, il s'est complètement retourné contre elle, quand celle-ci a soutenu le gouvernement Chahed.

Ennahdha est devenue du jour au lendemain responsable de tous les maux, c'est ainsi que l'on a découvert comme par hasard l'existence d'une organisation secrète, d'une chambre noire et cerise sur le gâteau du complot qui date du mois de Juin 2018.

C'est pour la première fois de l'histoire de la Tunisie que l'on voit un chef de gouvernement au cœur d'une abominable machination de complot fomentée par Nidaa le parti du président de la république. Et curieusement, des journaleux à la solde des opportunistes politiques de tout poil, feignant de croire en la véracité des accusations de Slim Riahi, s’engouffrant dans le créneau et qui demandent que la justice fasse son travail, qu’une enquête approfondie soit diligentée et que " toute la lumière soit faite " etc…. Façon de semer le doute et de jeter le trouble.

La théorie du complot est devenue comme Nidaa, une auberge espagnole, un fourre-tout de constructions bizarroïdes, où ils tentent de tout expliquer par des spéculations conspirationnistes tous azimuts.

Ce qui fait, en fin de compte, qu’ils ont, à leur insu ou à bon escient, noyé le poisson, et contribué à rendre ridicules même les vraies théories du complot. A croire que cette démarche a obéi elle-même à une théorie du complot. Parce que trop de complotite tue la théorie du complot.

Si El Béji, qui trouve l'occasion belle d'apparaître comme victime d'un abominable complot ourdi par le chef du gouvernement et par le chef de la garde présidentielle, instruit lui-même à charge par l’intermédiaire de ses larbins.

En quelque sorte, il fait le procès du chef du gouvernement qui lui fait de l'ombre et empêche la succession dynastique de son fils Hafedh. C'est un procès politique qu'il fait à Chahed avec une rage maîtrisée.

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Il joue avec le feu, il jette le trouble, il déstabilise, il clive, il divise profondément le pays, il s'en prend à l'institution, au gouvernement, aux corps constitués.

A force d'utiliser les coups bas, Si El Béji finira par boiter bien bas.

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