Demain, c'est le jour de la libération, le 2 avril, pour éviter le 1er avril, le traditionnel poisson d'avril. Que se passera-t-il ? mieux encore, se passera-t-il ? Nous le saurons demain ou peut-être même pas demain puisque Trump change constamment les cartes sur la table. Mais si tout se passe comme prévu, que pense le monde "rationnel", le monde en dehors de MAGA, de ce qui pourrait se passer, quels sont les scénarios possibles ?
La réforme commerciale de Donald Trump pourrait devenir la réforme commerciale la plus radicale et la plus dangereuse des cent dernières années, un tremblement de terre économique destiné à faire voler en éclats l’équilibre délicat du commerce international. C’est le récit officiel. Les nouveaux tarifs sont considérés comme une déclaration de guerre à l’ensemble d’un système mondial que l’Amérique elle-même avait aidé à construire après la Seconde Guerre mondiale, un système que Trump accuse maintenant de trahir les intérêts des travailleurs et des usines américaines.
Les échos de l’histoire résonnent de manière inquiétante et des économistes faisant autorité nous le rappellent, qui n’hésitent pas à comparer cette décision à la désastreuse loi Smoot-Hawley de 1930, la loi tarifaire qui a exacerbé la Grande Dépression et l’a transformée en une catastrophe mondiale. Bien sûr, Trump n’est pas d’accord et insiste sur la nécessité d’un rééquilibrage économique par la suppression des avantages comparatifs fictifs. Il s’agit d’une rhétorique nationaliste forte qui pourrait cacher une part de vérité. La question, cependant, est autre : est-ce celui qui est sur le point de faire s’effondrer le meilleur équilibre possible ou y en a-t-il un autre, meilleur, que Trump veut atteindre ? En l’absence de réponse, les marchés tremblent.
L’effet domino montre déjà ses premiers effets dévastateurs : le Nikkei s’effondre de 4 % en une seule séance, le yuan vacille dangereusement, l’euro montre des signes d’essoufflement tandis que la Bourse de New York entre officiellement en territoire de correction. Christine Lagarde, à la tête de la BCE, a convoqué d’urgence des sommets européens pour se préparer au pire, affirmant que l’Europe est au bord d’une crise qui pourrait rivaliser avec celle de 2008.
Pendant ce temps, à l’étranger, le Canada – un allié et un partenaire commercial traditionnel – connaît la refonte la plus spectaculaire de ses relations économiques avec les États-Unis depuis la signature de l’ALENA. Carey, le nouveau premier ministre canadien, est entré dans une trajectoire de collision avec Trump et tente de se détacher du marché américain.
Mais Trump joue aussi avec le feu. Les prix à la consommation pourraient grimper en flèche, les voitures coûtant plus de 2 500 dollars, les petites entreprises pourraient faire faillite et les travailleurs du secteur manufacturier pourraient voir leurs exportations chuter de toute façon. Le Royaume-Uni post-Brexit pourrait tenter d’exploiter la situation mais risquer de s’aliéner l’UE, tandis que la Chine pourrait réagir en frappant des secteurs sensibles tels que l’agriculture américaine.
Une étude menée par le Financial Times montre que personne ne sortirait indemne d’une guerre commerciale : si Trump va jusqu’au bout de ses droits de douane, le monde pourrait se retrouver dans une nouvelle ère de stagnation, d’inflation et d’instabilité, avec des conséquences potentiellement pires que la crise de 2008.
Dans ce climat apocalyptique, une question résonne dans les couloirs du pouvoir de Washington à Pékin, de Bruxelles à Tokyo : Trump prépare-t-il vraiment l’Amérique à un nouveau siècle de domination industrielle, ou creuse-t-il sans le savoir la tombe du système économique mondial tel que nous le connaissons ?
La réponse pourrait arriver beaucoup plus tôt que prévu, car lorsque les premiers tarifs entreront en vigueur, l’effet domino sur les marchés et les économies pourrait être immédiat et dévastateur. Une chose est sûre : quelle que soit l’issue de ce pari dangereux, le monde de l’après-Libération ne sera plus jamais le même.