Le Bluff Gagnant.

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Un prix, ça se fête. Avec les partenaires d'abord, puis avec les potes et la famille. Mais quand le prix est vraiment prestigieux, on se fend obligatoirement d'une réception officielle avec force discours et langue de bois de circonstance. C'est la règle et il faut s'y plier.

Je n'aurais sans doute pas songé à cela n'eut été la cérémonie organisée en France en l'honneur de notre valeureux quartet national. Une belle occasion ayant rassemblé semble-t-il les membres dispersés d'une grande diaspora. On y réaffirma pudiquement l'engagement de la France aux côtés de la Tunisie dans son effort exemplaire en faveur d'une transition démocratique pacifique. J’ai une faiblesse pour les sentiments, surtout lorsqu'ils sont aussi sublimes. Que nos valeureux chevaliers de la transition démocratique et du consensus aient d'abord été fêtés en France avant de l'être dans leur pays ne semble avoir choqué personne. Pourtant, la France n'est pas l'unique pays qui suit avec intérêt l'évolution de la situation chez nous.

D'ailleurs nos voisins à l'est et à l'ouest sont beaucoup plus concernés par la question. Aurait-on pu imaginer notre vénérable quartet national reçu à grandes pompes à Alger ou par les autorités libyennes avant d'être acclamé à Carthage ? Ou peut-être aurait-il pu rentrer au pays via les Emirats royalement impliqués dans notre gloire ? Et puis, tout compte fait, notre expérience ayant enthousiasmé tellement de monde, pourquoi ne pas jouer les globe-trotters et aller prêcher la bonne parole dans les cinq continents ?

Non messieurs-dames, il faut respecter le protocole. Un prix, ça se fête d'abord avec les partenaires...ou les employeurs. Cela raffermit les liens de faire preuve de reconnaissance et d'allégeance. En s'y rendant, nos heureux lauréats ont confirmé la tradition de la politique tunisienne de faire honneur à ses engagements. L'air de dire : vous n'avez pas obligé des ingrats.

Certes, ils auraient pu regagner d'abord leurs pénates quitte à reprendre le chemin de l'Europe après leur consécration à Carthage. Ceux qui le pensent ne connaissent rien aux subtilités de la diplomatie, on aurait commis un grave crime de lèse-majesté. Le protocole avant tout... Il est truffé de symboles à qui sait les déchiffrer. Un prix Nobel, entre autres valorisations, officialise mondialement une autorité. Le quartet national, usurpateur autoproclamé modérateur officiel et plénipotentiaire du dialogue national, a acquis de ce fait outre la bénédiction mondiale, une reconnaissance officielle qui le hissé au rang d'une institution constitutionnelle incontournable.

Et voilà un groupe d’ONG constitué de bric et de broc réussit à prendre le pouvoir sans coup férir. Un coup gagné au bluff, il aurait fallu avoir plus de couilles aux nerfs pour ne pas se laisser prendre. Ce ne fut pas le cas. Alors, maintenant, n'ajoutez pas à la bêtise d'avoir été de mauvais joueurs, le déshonneur d'être de mauvais perdants.

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