Ce qui rend le monde d’aujourd’hui particulièrement dangereux, c’est que la ligne de partage entre guerre et paix y est devenue indistincte. On est entré dans le temps des guerres hybrides, aux antipodes de celui où des souverainetés, des Etats se déclaraient la guerre, s’entendaient pour se dire en état de guerre et attendaient de l’avoir fait pour déclencher les hostilités. Désormais, les conflits majeurs qui agitent la planète sont placés sous le signe de la guerre hybride.
Le cas de l’Ukraine est ici exemplaire : pour les dirigeants russes, le non-respect par les Etats-Unis et les Européens des lignes rouges qu’ils avaient fixées concernant l’intégration de l’Ukraine au dispositif occidental a entériné, de facto, une situation de guerre, non seulement avec le proxy ukrainien, mais avec ses maîtres et commanditaires aussi. Les dirigeants états-uniens, eux, comme ceux de l’OTAN et des principales puissances européennes, campent dans le déni le plus constant et le plus massif de cet état de guerre réel – s’ils arment, soutiennent, conseillent, aident furtivement mais systématiquement l’Ukraine sur le terrain, c’est à titre purement défensif – ils ne font pas la guerre à la Russie, ils défendent les frontières de la démocratie globale. Guerre ouverte même si non déclarée pour les uns, défense de la paix et protection des frontières de la liberté pour les autres...
Sur le terrain, cela ne veut dire ni « drôle de guerre » (le long suspens des hostilités entre l’Allemagne et la France entre septembre 1939 et juin 1940), pas davantage « ni paix ni guerre », cela veut dire une guerre qui ne dit pas son nom, une guerre sans nom (comme celle qui se conduisit en Algérie pendant de longues années, avant l’accession de la colonie à son indépendance – toutes choses égales par ailleurs), une guerre qui, moins elle a de nom et plus elle s’enlise devient toujours plus dangereuse – la preuve étant qu’à son occasion, la guerre nucléaire redevient une option, ouvertement mise en discussion par les faucons et autres stratèges plus ou moins proches des pouvoirs concernés, dans l’un et l’autre camp.
De la même façon, le spectre de la guerre hybride plane plus que jamais aujourd’hui sur l’Asie orientale, la mer de Chine, il rôde autour de Taïwan, là où les parties en conflit s’observent, se testent, se « cherchent » sans relâche, dans l’attente du premier « incident » susceptible de déboucher sur un affrontement aux suites imprévisibles. En vérité, cette continuité qui s’établit désormais entre guerre et paix a toujours moins la tournure d’une paix imparfaite, émaillée de conflits locaux, et toujours davantage celle d’une guerre globale, perpétuelle et d’intensité variable. La ligne d’horizon de cet affrontement est distincte : celle d’une guerre totale, comme « guerre des mondes », ce que montre le fait patent que chaque confrontation locale (l’Ukraine aujourd’hui, la Syrie hier, Taïwan demain) est à l’évidence le microcosme de l’affrontement global mettant aux prises les mêmes forces, les mêmes puissances, les mêmes adversaires « systémiques ». Jamais les assurances immunitaires dans lesquelles sont établies les populations du Nord global n’auront été aussi illusoires, jamais ce qui, pour elles, se fait passer pour la paix-quand-même (confondue avec leur propre état de relative sécurité) n’aura été aussi mensonger, jamais la non-guerre généralisée n’aura aussi peu ou mal mérité son nom de paix.
Ce qu’il nous faut apprendre à penser, c’est la relation indissoluble qui s’établit entre l’évidence de la non-paix intérieure, au temps des soulèvements, et celle de la guerre parfois furtive, à bas bruit, parfois bruyante, hybride en tout cas, qui fait rage sur des théâtres en apparence lointains – mais susceptibles à chaque instant, de se rapprocher de nous – nous en avons fait l’expérience sans frais mais probante, pour qui sait voir et entendre, lors de la guerre en ex-Yougoslavie.
Il existe bien, spécifiquement et rigoureusement, c’est-à-dire dans les termes mêmes de la clinique freudienne, quelque chose comme une hystérie coloniale dont l’endurance défie le temps et toute approche purement chronologique de l’Histoire moderne et contemporaine. Le Monde en relevait récemment l’efficace sur deux pleines pages, à propos du délire antiwoke en France, mais aussi bien aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne [1].
La persévérance de l’hystérie coloniale, dans un présent qui se perçoit comme toujours plus éloigné (et délié) de l’âge de la colonisation, c’est bien ce qui atteste la persistance d’un inconscient colonial. Cette efficience maintenue du colonial par-delà le temps de la colonisation manifeste, c’est bien ce qui rend tangible l’existence de forces indissociables de la colonisation et qui persistent dans le présent sous la forme d’un « quelque chose » que ne connait pas ce présent ou, plus précisément qu’il refoule, à quoi il résiste, qu’il ne veut pas connaître – et c’est en ce sens précisément que ce présent est malade de la colonisation, encore et toujours, habité et hanté par elle ; c’est en ce sens que le spectre et les effets prolongés (ininterrompus) de la colonisation affectent (perturbent) profondément son rapport tant au présent qu’au passé.
Le délire antiwoke, en ce sens, c’est de l’hystérie de conversion, ni plus ni moins, une psycho-névrose collective, affectant les sociétés (blanches) du Nord global en leur entier, et, dans ces sociétés, certains sujets davantage que d’autres – mais c’est davantage aux secours de la sociologie qu’il conviendrait de recourir, davantage qu’à ceux de la théorie freudienne qui, pour le reste, trouve ici parfaitement son emploi : l’hystérie coloniale aujourd’hui, ce n’est pas une simple agitation, un prurit idéologique surgissant en réaction aux effet d’ébranlement produits par la montée du discours décolonial, c’est une vraie névrose collective qui affecte profondément les rapports à la réalité des vivants qui tombent sous leur emprise et dont les symptômes tendent à s’aggraver et se multiplier au fur et à mesure que l’opération de redressement des discours dans lesquels sont en jeu et en question le passé colonial et ses prolongements aujourd’hui s’approfondit, gagne en extension et en légitimité.
Le délire antiwoke, le woke étant devenu le fétiche et le gimmick de l’obsession et des affects (angoisse, ressentiment...) qui s’associent à celle-ci, c’est par excellence le retour du refoulé. Ce qui resurgit avec sa prolifération vindicative, c’est le souvenir de ce dont la réalité est déniée – l’ « œuvre » de la colonisation, ses désastres et ses crimes. Des souvenirs dont Freud dirait qu’ils ont été « oubliés », mais sans être pour autant « perdus ». Ils reviennent donc à l’occasion de la montée du discours décolonial, leur remontée à la surface est suscitée par l’actualité décoloniale.
La virulence chaotique avec laquelle ils reviennent dans le discours, les gestes et les actes des sujets affectés par l’hystérie coloniale montre bien qu’ils sont sous l’emprise de forces surgies d’un domaine ou d’un fonds sur lequel ils n’ont pas de prise, qui se manifeste à leur corps défendant, surgit de profondeurs inexplorées et que nous appelons, pour cette raison même, inconscient.
Si ce retour se manifeste sur un mode si bruyant, agité, strident et véhément (hystérique) c’est que ce qui y est en jeu et les images qui s’y associent sont totalement incompatibles avec la représentation que les sujets contemporains du monde blanc dit post-colonial se font d’eux-mêmes – de leur honorabilité, leur moralité, leur position présente et passée dans le monde. C’est de cette incompatibilité qu’ils sont malades et c’est ce qui fait que leur condition illusoirement post-coloniale est morbide : la respectabilité présente du monde blanc, tout particulièrement dans les puissances ex-coloniales, a pour condition le refoulement aussi complet que possible de la mémoire ou des traces de ce que fut, effectivement, la colonisation, dans sa durée comme dans son extension – la colonisation comme époque et, pour les Blancs, épopée moderne. C’est, pour employer le langage de Freud, pour des raisons « éthiques » liées à la bonne image de soi, que le refoulement de ces images et des contenus qui s’y associent doivent faire l’objet d’un refoulement aussi complet que possible.
Dans la perspective freudienne, ce qui doit être ainsi refoulé et faire l’objet du déni le plus catégorique, ce sont, bien sûr, des « désirs intolérables », c’est-à-dire inavouables, inconciliables avec la bonne image que le sujet (le moi, selon la nomenclature freudienne) a de lui. Ce qui, dans la topographie de l’inconscient colonial tient lieu de ces désirs refoulés, c’est, précisément, toute la part désirante du colonialisme et de la colonisation : la pulsion de conquête et d’expansion de l’homme blanc, fondée sur le dogme de sa supériorité raciale ; le suprémacisme blanc comme moteur irrépressible et aveugle de la colonisation du monde par l’espèce blanche.
Les traces et le souvenir de ce désir doivent bien sûr être aujourd’hui refoulés et effacés aussi complètement que possible, dans la mesure même où ils entrent en conflit ouvert avec la normalité blanche, laquelle est désormais balisée par le discours des Droits de l’Homme, la rhétorique de la tolérance universelle et le rejet du droit de conquête. C’est un combat vital pour les démocraties blanches d’aujourd’hui que celui qui consiste à faire oublier d’où elles viennent, historiquement et culturellement, à brouiller les pistes de cette obscure provenance – des pistes qui, infailliblement, renvoient à la scène primitive de la colonisation, avec toutes les figures du désir énergumène qui l’accompagnent. L’hystérie coloniale, celle du néo-colonialisme discursif de la total-démocratie contemporaine, c’est l’insurrection contre tout ce qui conspire à rendre visibles les pistes de ces traces hâtivement effacées [2].
Le délire antiwoke, à ce titre, c’est un peu comme le rêve chez Freud : il est ce que ce dernier appelle la via regia conduisant à l’inconscient [3], et donc, pour l’observateur décolonial attaché à faire valoir les droits du réel, à la connaissance de celui-ci. Le délire antiwoke, c’est la version déformée du désir refoulé qui demeure indissociable de la nostalgie de la « grandeur » coloniale et des sensations qui s’y rattachaient. C’est aussi l’expression déplacée de la haine qu’inspire au rêveur l’action intempestive du sujet décolonial qui le tire de son sommeil, de sa narcose post-néo-coloniale.
« D’une façon générale, assène Freud, les êtres humains ne sont pas sincères en matière sexuelle ». On démarquera sans abus ce propos en disant : « D’une façon générale, les Blancs ne sont pas sincères en matière coloniale (post-coloniale) ». Freud continue ainsi : « Ils ne montrent pas librement leur sexualité, mais portent un épais survêtement fait... d’un tissu de mensonges destiné à la cacher comme s’il faisait mauvais temps dans le monde de la sexualité » [4].
Il en va exactement de même pour ce qui est de la colonisation comme composante intégrale autant qu’incommode de ce dont est faite l’identité du sujet blanc (Nord global, total-démocrate) aujourd’hui.
Le discours antiwoke, les sarcasmes à propos des « sanglots de l’homme blanc » sont des pièces et éléments de l’« épais survêtement » destiné à protéger ce sujet des atteintes de la mémoire et la rémanence du passé colonial ou, plus exactement, du passé/présent colonial. En matière de mémoire coloniale, de discours sur la colonisation, comme en matière de sexualité selon Freud, cette couche protectrice est « un tissu de mensonges destinée à la cacher comme s’il faisait mauvais temps dans le monde de la sexualité » [5]. La substitution du mot « colonisation » au terme « sexualité » s’effectue ici tout naturellement.
Le « mauvais temps » perpétuel de la colonisation, c’est précisément tout ce dont est tissé l’inavouable de la colonie : les désirs, les pulsions, les gestes, les crimes qui l’ont inspirée et en ont accompagné l’exercice tout au long de son cours. C’est précisément parce que ce fonds inépuisable de la colonisation est devenu imprésentable dans le présent, aux conditions normatives de ce présent lui-même que celle-ci fait l’objet non seulement d’une censure mais d’une déformation, d’une réinvention fantasmatique perpétuelle – elle devient un « rêve » rétrospectif du présent. Mais elle est aussi ce dont le présent est malade – ce qui fait qu’il ne peut être, dans les métropoles blanches, en paix avec le passé.
Le passé colonial est sa blessure perpétuellement réenvenimée, sa névrose ; ce qui le rend si bête et si méchant, porté au ressentiment, au déni, et aux conduites aberrantes dès lors que ce passé refait surface. Le passé qui ne passe pas, associé à la honte, au sentiment de culpabilité refoulés rejaillit sous la forme de l’esprit de vindicte, de la haine, du vomissement de tout ce qui s’associe (« librement ») à cette matière indigeste – les populations d’origine coloniale, les racisés, les migrants et, aujourd’hui, le « wokisme ».
En ce sens même, tout ce qui s’agence autour du motif décolonial est de l’ordre de la cure, quand bien même ceux et celles qu’incrimine le discours antiwoke ne partageraient pas, pour ce qui les concerne, l’optimisme de Freud face à la névrose : « C’est seulement par la mise à découvert et le devenir-conscient de ces traces mnésiques presque toujours oubliées, que nous acquérons le pouvoir d’éliminer les symptômes » [6].
Nous ne croyons pas, ici, aux vertus de la « prise de conscience » soutenue par des moyens appropriés, la « cure », ici, ce n’est pas le divan, c’est la lutte, les antiwoke, ce n’est pas le patient, c’est l’ennemi. La question coloniale, comme question du passé dans le présent, c’est un front de lutte, une guerre qui fait rage. Dans la cure analytique, l’analyste et l’analysé concourent à une même cause – la guérison du malade, la réduction d’une affection psychique qui lui empoisonne l’existence. Les résistances auxquelles on a affaire ici ne doivent pas être surmontées, mais brisées – c’est une tout autre configuration de l’affrontement des forces que dans la cure analytique.
Ce qui est en jeu n’est pas tant un tournant historique qu’une mutation anthropologique. Ce qui est en question, dans l’affrontement en cours autour de l’enjeu colonial, ce ne sont que superficiellement des bilans, c’est le fondement même des sociétés blanches, de la civilisation blanche et la façon dont celles-ci ont investi la planète entière et en ont fixé le destin. Or, depuis qu’il s’est lancé à la conquête de la planète, ce monde blanc a un problème avec le réel qui est sans cesse allé croissant. Comme le névrosé freudien, il s’est « retiré dans son monde de fantaisie, plus satisfaisant [que le monde réel] dont il transpose le contenu en symptômes lorsqu’il tombe malade » [7]. Il est tombé sous l’emprise d’un inconscient toujours plus exigeant, d’un désir toujours plus tyrannique et dont Freud nous dit qu’il « n’est pas susceptible d’être influencé, indépendant de toutes les tendances qui s’opposent à lui » [8].
Toute la question est donc de savoir à quelles conditions, par quels moyens et à quel prix les autres et les ailleurs de ce monde (blanc) peuvent se dégager de l’emprise de son désir dévorant – s’il est encore temps de le faire. Une chose est sûre : ce n’est pas la « prise de conscience » ou le sursaut moral qui sont les modèles ou les figures dessinant la ligne de fuite hors de cette configuration balisée par toutes les pathologies de l’espèce blanche. Nous sommes ici sur un front de lutte où sont en jeu des questions qui engagent l’avenir de l’espèce humaine. Reprendre pied dans le réel, cela suppose apprendre à se situer dans le présent, en identifier la singularité, ce qui peut se dire aussi : que nous arrive-t-il et comment en sommes-nous arrivés là ?
Or, ce qui nous arrive et comment nous en sommes arrivés là, ce n’est pas seulement ce qui se dit couramment de l’état alarmant de la planète, le « il est minuit moins cinq » en mode Greta Thunberg, l’humanité générique malade de tous les maux qu’elle se serait infligée à elle-même, le tout aggravé par la folie des puissants jouant avec le feu de la nouvelle Guerre froide... Ce n’est pas l’insouciance ou l’aveuglement de l’humanité générique qui nous (comme humanité générique, précisément) ont conduits là où nous en sommes arrivés aujourd’hui.
La force motrice, la matrice du désastre a bel et bien un nom et une adresse qui demeurent l’impensé et l’inarticulable du discours vague de la catastrophe en cours, tel qu’il prévaut aujourd’hui. Il ne suffit pas de remplacer anthropocène par capitalocène pour reprendre pied dans la réalité et amorcer une généalogie vraie du désastre qui habite le présent et jalonne la singularité de notre « aujourd’hui ». C’est bien du côté des formes d’une culture particulière et de sa dynamique propre qu’il faut chercher ce qui a infléchi l’histoire du monde dans la direction qui a conduit à l’inhabitabilité croissante de celui-ci [9].
Incriminer le « capitalisme » en général, ce peut être une nouvelle ruse du discours plutôt que de la Raison, destinée à esquiver la dimension culturelle de ce qui est ici en cause : ce n’est pas n’importe laquelle des civilisations humaines qui a été la force aveugle et conquérante qui a entraîné l’humanité tout entière sur la voie de l’expansion sauvage et violente dont nous sommes aujourd’hui les héritiers atterrés. Les théoriciens latino-américains du décolonial ont donc bien raison de nommer le crime par sa couleur, la civilisation européenne, le monde blanc par opposition aux cultures autochtones qu’il a soumises et détruites. Ce ne sont pas les civilisations andines, ce n’est pas la civilisation chinoise, ce ne sont pas les civilisations africaines qui ont conduit l’humanité entière au bord du gouffre – à « ce qui nous arrive », à ce qui impose sa texture à un présent exténué et désorienté. L’heure est au grand décentrement.
Notes
[1] « Le ’wokisme’, déconstruction d’une obsession française », 23/06/2023.
[2] Ce qui fait cruellement défaut, c’est une anthropologie générale et une généalogie raisonnée de la toxicité de la civilisation occidentale (blanche), entendue comme culture naturellement exponentielle, dans ses relations avec les autres mondes, les autres cultures, les autres peuples.
[3] Sur ce point, voir la scène exemplaire de la danse serpentine au masque africain dans Milou en mai de Louis Malle (1990)
[4] Sigmund Freud : Sur la psychanalyse, cinq conférences, traduit de l’allemand par Cornélius Heim, Gallimard 1991, p. 89.
[5] Ibid. p. 89.
[6] Ibid. p. 90.
[7] Ibid. p. 107.
[8] Ibid. p. 113.
[9] Les Européens et leurs extensions proliférantes (métastases culturelles) ont fabriqué un monde dont la première caractéristique est l’absence de commune mesure entre les « uns » (eux) et les autres (les non-eux). Ce trait constitutif se manifeste aujourd’hui par l’absence de commune mesure entre les conditions générales partagées par les populations dans le Nord global et le Sud global ; et par conséquent par la multiplication des checkpoints ou sas toujours plus infranchissables séparant l’un de l’autre.