Erbil est le balcon, ou, peut être, faudrait-il dire l’arrière cour de la mobilisation française contre Daesh. Tous ceux qui veulent s’y crédibiliser pour pouvoir, en France, parader sur le front de la lutte contre l’ennemi absolu du moment ….se doivent de venir y prendre la pose.
Pascal Bruckner y a côtoyé « SOS Chrétiens d’Orient » et d’autres officines mi-humanitaires mi-idéologico-guerrières s’y agitent, en provenance directe des eaux troubles de l’extrême droite française. Ou peut être faudrait il dire plus largement « de la droite française ». Encore qu’à y bien regarder la frontière avec la gauche, voir l’extrême gauche est devenue, sur ce terrain, si singulièrement poreuse que…. Bref…
Mon interlocuteur de ce jour, qui préside la ligue des Oulémas du Kurdistan, pose d’abord à ma demande le socle religieux de l'argumentaire qui légitime la permanence de ce lien national autorisant des Sunnites, pour défendre leur « nationalité » kurde, à prendre les armes contre d’autres Sunnites. Il n’a pas beaucoup de peine ensuite à trouver les arguments les plus simples et les plus convaincants pour souligner l’impasse canonique dans laquelle se sont à ses yeux, et ceux de bon nombre d’autres Sunnites, enfermés les fondateurs de Daesh.
Notamment, mais pas seulement, du fait de leur option parfaitement revendiquée du recours à la terreur. « Et politiquement, existe-t-il à l’heure actuelle une alternative crédible à leur pouvoir » lui demandais je ?
« Non, absolument aucune. Toutes les alternatives sunnites ont pour l’heure complètement échoué ».
« Alors ? »
« Alors…. C’est pour cela que je pense qu’ils vont mener à bien leur mission ».
« Quelle mission » ?
« Leur mission ? C’est de poser les bases d’un Etat sunnite dans la région (…) Ensuite, on peut penser que les formes de leur pouvoir commenceront à évoluer ».
PS : Il est vrai que d’ici là, nos « candidats à la réélection à tout prix » (déguisés en « hommes politiques ») auront fait sauter (grâce à l’aide hautement prévisible des quelques centaines de bombes supplémentaires que nous allons lâcher sur la tête des combattants de Daesh et d’une ou deux de ces bombes au moins que ces militants vont forcément réussir un jour à lancer sur les nôtres) les derniers verrous qui contiennent encore l’islamophobie électoraliste « républicaine » sur le seul terrain de la parole.
La terreur, en effet, a encore de beaux jours.