Au centre de ma perception, il y a ce constat que l’Etat d’Israël exploite largement la déferlante islamophobe qui balaie l’Europe et la France. En d’autres termes, soutenir aveuglément la violence israélienne c’est pratiquer cette même violence, “par procuration”, à l’égard du repoussoir politique que constitue de plus en plus visiblement la composante musulmane de la population française.
L’épouvantail musulman est aujourd’hui en France le principal repoussoir sur lequel s’organise la compétition entre l’opposition d’extrême-droite et ce gouvernement d’E. Macron qui, pour résister à ses opposants du Rassemblement national, a pris le parti de faire siennes l’essentiel de leurs obsessions antimusulmanes.
Dans ce contexte, ce qui aggrave cet alignement français sur l’extrémisme israélien tient au fait que les deux extrêmes-droites, pouvoir et opposition, n’ont quasiment plus de contestataires idéologiques.
Depuis que le Hamas est visible en Palestine et, a fortiori, depuis qu’il est au pouvoir, l’opposition à l’Etat hébreu et le soutien à la résistance palestinienne ont considérablement diminués. En effet, les forces de gauche, socialistes ou communistes, qui devraient freiner cette spirale , ont été mises “hors service” par le fait que le résistant palestinien du moment est “islamique”, c’est-à-dire - si caricaturale soit cette description - religieux.
Or, le cœur du “logiciel” historique de la gauche est ce vieux noyau anti-clérical hérité du contexte très particulier de la révolution française où l’Eglise était l’alliée naturelle de la dictature royaliste.
Le logiciel de la gauche lui interdit donc de considérer aujourd’hui comme légitimes des forces politiques, si révolutionnaires soient-elles, dès lors qu’elles utilisent un lexique religieux… Quitte à oublier que le pouvoir israélien, un temps protégé par un écran de laïcité, est lui-même devenu parfaitement… théocratique.