Jamal Khashoggi était « proche des frères musulmans » ! Dans l’ « Orient compliqué », mais pas seulement, souhaitez vous éteindre les cerveaux, voulez vous allumer les tripes ?
Il existe une formule magique : il suffit de dire d’un des acteurs de l’heure qu’il est « membre » ou même « proche »… « Des Frères Musulmans ». Sur l’intellect, rarement si peu de mots peuvent faire autant de dégâts.
Jamal Khashoggi, issu comme tant d’autres du sérail politique saoudien, avait développé la critique – parfaitement profane – la plus ravageuse qui soit aussi bien du système d’où avait émergé ce prince qui l’a assassiné que des limites de la réforme que le néo dictateur se vantait d’y avoir apporté, disant de lui qu’il n’avait « sorti le royaume de cet «extrémisme moyenâgeux » que pour le faire entrer « dans son extrémisme à lui ».
Mais cessons de réfléchir ou d’essayer de comprendre puisque, on vous le dit, Jamal Khashoggi «soutenait le Qatar » et « les Frères musulmans ». Ce n’est pas que cela soit vrai ou non qui importe. Mais bien plutôt la portée de cette « oukase » qui aboutit à couper radicalement ses adeptes, la grande majorité de la classe politique et médiatique française d’un courant, qui, malgré ses limites et ses contradictions, a sous l’une de ses formes, remporté la mise électorale à peu près partout dans les urnes du printemps arabe.
Mais la criminalisation émotionnelle, irrationnelle, celle qui déshumanise les acteurs politiques, continue à verrouiller l’une des plus mortifères impasses de la pensée politique occidentale.
Grâce à la pensée magique, le cerveau s’éteint, les tripes s’allument. Les cauchemars, hélas, ne devraient pas tarder. Prochain épisode ? L'Algérie !?