Secteurs non-essentiels : Une expression nouvelle, pas si sûr !

Voilà une formule utilisée pour la première fois par Robert Boyer (“Les capitalismes à l’épreuve de la pandémie”, éd. La Découverte, 2020) et qui n'existait pas jusqu'en mars dernier. Du moins pas sous cette forme, pas aussi explicite, pas aussi clair ! On parlait plutôt de "besoins secondaires" il y a le terme "besoin", tout de même ! Ce théoricien de l’école de la Régulation développe dans son dernier ouvrage son analyse du choc qui ébranle aujourd’hui l’économie mondiale et ses évolutions possibles.

1/ On vivait très bien sans eux. Aujourd’hui, on ne peut plus s’en passer !

Le Coronavirus, un simple micro-organisme, responsable de la Covid-19 a réussi à mettre en évidence ce que le système capitaliste a pu produire comme confort à l'humanité ; un confort et des progrès qui se sont réalisés au détriment de l'environnement, certes. Aussi, pour limiter la propagation du Coronavirus, il a fallu arrêter la machine capitaliste ; cette machine à produire tous azimuts, à susciter encore et encore des besoins. Il a fallu stopper la production de tout ce qui n'est pas "essentiel" à notre vie. Une victoire inespérée pour la nature, une victoire au chaos. “Le capitalisme ne fait pas qu'épuiser le travailleur, il épuise aussi la terre”, soutenait K. Marx, dès 1844.

Jean-Baptiste Say (1767-1832) avec sa la loi des débouchés, considérait déjà que chaque offre d’un nouveau produit trouve forcément un débouché ; il disait, en effet : “il est bon de remarquer qu’un produit terminé offre, dès cet instant, un débouché à d’autres produits pour tout le montant de sa valeur”.

Thorstein Veblen (1857-1929), économiste iconoclaste, est allé plus loin en montrant que les comportements des consommateurs ne sont pas rationnels. Ce n’est pas la “satisfaction des besoins” qui les détermine, mais les habitudes mentales, les conventions, l’envie d’impressionner les autres. Il fustige “les consommations ostentatoires” qui ne sont d’aucune utilité économique. John Kenneth Galbraith (1908-2006), ancien conseiller de John R. Kennedy, disait “Ce sont les entreprises qui forment les désirs des acheteurs, à coups de matraquage publicitaire. La production crée le besoin plutôt qu’elle ne le satisfait”.

2/ Le capitalisme renaît toujours de ses cendres : L’innovation est le moteur du business

Le mode de vie occidental, c’est-à-dire la façon de vivre, de consommer, d’utiliser ses loisirs etc., post révolution industrielle du 18ème siècle a pris forme et prospéré grâce aux gains de productivité obtenus par les progrès, les innovations, technologiques successifs :


• Première révolution industrielle, 1790-1845 : Arrivée de la machine à vapeur, mécanisation des usines de textile ;

• Deuxième révolution, 1845-1895 : Développement du chemin de fer ;

• Troisième révolution, 1895-1945 : Apparition de l’électrotechnique et de la chimie ;

• Quatrième révolution, 1945-1985 : Boom de l’automobile et des biens ménagers ;

• Cinquième révolution, 1985-2020 : Révolution internet ;

• Sixième révolution, 2020-20 ?? : Essor des bio et nanotechnologies.

Le système de répartition, le développement et l'élargissement de la couverture sociale, la baisse du temps de travail –chose que K. Marx n’avait pas prévue- ont permis le développement du secteur tertiaire : transport, tourisme, culture, loisirs, etc. Aujourd'hui, la nature vient de nous rappeler que nous sommes des êtres fragiles et qu'elle n'a nullement l'intention de se laisser faire éperdument.

Le développement durable ou soutenable intègre en fait trois dimensions :


• La dimension économique : une croissance des richesses doit être possible,

• La dimension sociale : cette richesse doit être équitablement partagée dans le monde et entre les générations,

• La dimension environnementale : les ressources et la planète doivent être préservées.

Finalement, le capitalisme n'est pas si monstrueux que ça. Il faut simplement l'accompagner par un système de répartition équitable et un mode de production qui préserve l'environnement pour les générations futures.

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