Dès le début, nous avons remarqué l'absence de débat à la hauteur de I ’événement, c’est—à—dire un débat technique, proprement politique, presque au quotidien sur les grandes chaînes et antennes radiophoniques, qui renvoie aux différentes conceptions de séparation des pouvoirs et comment cette séparation est garante du caractère démocratique d'un tel ou tel régime.
En effet, nous avons relevé que nos professeurs en droit public, qui sont par ailleurs très respectables, dans leurs interventions, très limitées, donnent hélas la triste impression de racler les fonds de tiroirs. Il est vrai aussi, il faut le reconnaître, que les chroniqueurs radiophoniques et autres journalistes chargés d’animer les débats ne les ont pas trop aidés car ces « animateurs » sont insuffisamment armés sur le plan académique pour aborder les difficultés et les aspects sous— jacents inhérents au projet constitutionnel.
Les discussions se focalisent sur des futilités sans importance, sans utilité première pour le Tunisien. La passion et l’émotion personnelle l’emportent souvent sur la rigueur et la retenue, hélas.
Mesdames, messieurs, Notre identité n'est pas menacée et les libertés encore moins. Arrêtez donc de brandir comme étendard ces misérables thèmes qui relèvent, à vrai dire, de l'agenda de Rached Ghannouchi. Arrêtez, svp ! Et rendez à ce débat unique et historique en Tunisie toute sa noblesse.
Le débat devrait se concentrer, à notre sens, uniquement sur les garanties qui permettent de contrôler les différents pouvoirs pour se prémunir des dérives despotiques et autoritaires.
En clair, la question fondamentale qui aurait dû s’imposer dans le débat public, avec insistance et beaucoup, beaucoup, de pédagogie, est la suivante : Comment l'exécutif va pouvoir contrôler le pouvoir législatif et inversement car par la disposition des choses il n'y a que le pouvoir qui puisse arrêter le pouvoir ?
Ainsi, la responsabilité politique du gouvernement devant le parlement (art.115 vote de motion de censure), la responsabilité politique du parlement devant le président (art.116 dissolution du parlement) et l’irresponsabilité politique du président auraient dû faire l'objet de vifs échanges. Discuter sereinement de ces questions a au moins une triple vertu.