L'usage de la force pour mater une manifestation pacifique même interdite pour raison sanitaire n'augure rien de bon.
Les images des jets d'eau avec des produits toxiques, gaz lacrymogènes et matraques contre une foule pacifique de tunisiens jeunes, femmes, hommes et personnes âgées sont sur les télés tunisiennes et internationales.
C'est une grande erreur que de céder à la répression dans une situation où la retenue aurait été plus honorable pour l'état tunisien.
L'accumulation des bavures notamment sécuritaires ne peut qu'envenimer la situation et creuser un clivage qui n'aurait jamais dû avoir lieu.
C'est désolant d'en arriver là après tant d'espoirs et de volonté de réussir une petite démocratie. C'est également consternant de voir ici et là des voix plutôt fanatiques et revanchardes cautionner l'usage de cette répression et s'en délecter sous prétexte que les "khwenjias" ont fait pire.
C'est grave de se transformer en tortionnaire jouissif du malheur de ses compatriotes. Les manifestants d'aujourd'hui sont des Tunisiens comme vous et moi, de différents bords politiques, des militants de la mouvance démocratique et autres, des Tunisiens indépendants également, des objecteurs de conscience et d'opinion. Des femmes et des hommes citoyens de Tunisie.
Il n'y avait pas que les "khwenjias et leurs parechocs" qui eux-mêmes bénéficient des mêmes droits collectifs et individuels que les autres et sont également passibles des peines judiciaires qu'ils méritent pour tout acte illégal.
Aucun tunisien et tunisienne ne mérite la répression, l'humiliation Physique et morale.
Cette césure qui se creuse de plus en plus entre partisans radicaux des mesures du 25 juillet et ceux qui les contestent comporte une grande violence morale faite d'intolérance et d'amalgame primaire " si tu es critique c'est que tu es pour Ennahdha" C'est une simplification basique sans aucune épaisseur analytique qui ne supporte pas les nuances comme s'opposer à un pouvoir de plus en plus personnel tout en se démarquant nettement par rapport à Ennahdha.
Des camps qui s'opposent comme dans les guerres antiques "Pour et contre Abir Moussi " et les "Pour et contre Kaïs Saied" et les Pour des deux camps sont le plus souvent les plus féroces et sans discernement.