Ce que l’on a appelé depuis la Renaissance l’Occident n’était depuis plus de mille ans qu’une idée vague et profondément contradictoire du continent le plus violent du monde. L’esprit tribal a besoin d’alliés et d’ennemis dans une partition permanente du monde en deux (nous et eux, le Bien et le Mal), comme dans tout tournoi sportif. Les drapeaux, les symboles et les mythes étendirent la barbarie des tribus à de plus grands fantasmes appelés peuples élus, races supérieures et nations civilisées.
L'Occident moderne ne s'est formé ni avec les Grecs anciens, ni avec la chute de Rome. Il est né avec l'impérialisme capitaliste au XVIe siècle et s'est radicalisé avec le protestantisme, la ruée vers l'or et la sociopathie de la conquête perpétuelle, l'asservissement des peuples inférieurs et l'obligation de sauver le monde en imposant nos idées, nos superstitions, notre pouvoir financier et policier, et l'élimination de toute puissance ou vision du monde différente. Il repose sur un fanatisme suprématiste qui ne vit pas et ne laisse pas vivre.
La réaction de ce fantasme qu’est l’Occident (aujourd’hui l’OTAN) face à la plus grande crise existentielle de son histoire moderne est de faire l’impasse sur tous ses sermons (égalité, liberté, démocratie, droits de l’homme) pour exposer son vrai visage : si nous ne pouvons pas nous imposer par la propagande, par la finance, par le harcèlement économique, nous le ferons par la force du canon.
C'est exactement ainsi que l'Occident capitaliste est né : au nom de la liberté du marché, il s'est employé à détruire la liberté du marché du premier monde d'alors (Inde, Bangladesh et Chine), lui imposant ses propres règles par la force des canons, la corruption (qui a inoculé des guerres fratricides, comme en Inde) et par la force de la toxicomanie, comme l'opium en Chine. En Inde, ils ont profité d'un système de castes plus radical que celui du Moyen-Âge européen, créant des collaborationnistes au sommet et des sepoys à la base. Une tradition qui se perpétue aujourd'hui. Il suffit de regarder les hommes politiques en Angleterre et aux États-Unis.
Selon Jacob Helberg, expert en sécurité nationale et conseiller en politique étrangère de Palantir, "l'Ukraine est l'occasion de remplir la mission de Palantir Technologies : défendre l'Occident et baiser nos ennemis". Pour les PDG de Palantir comme M. Karp, il y a un impératif moral à fournir aux gouvernements occidentaux les meilleures technologies émergentes. Pour cette raison, "les États devraient collaborer davantage avec le secteur technologique", c'est-à-dire les entreprises privées. L'autre propriétaire de Palantir, Peter Thiel, exprime naturellement la vieille fixation occidentaliste : "Contrairement au monde physique, dans le domaine de la cybersécurité, il est très facile d'attaquer et très difficile de défendre". Alors, optons pour la première solution (l'ancienne "frappe préventive"), puisque l'existence humaine se définit par le conflit et la guerre et que l'issue n'est pas la paix ou la négociation, mais l'extermination de l'adversaire.
Pour le psycho-occidentalisme, il n’y a pas de place pour deux « mâles alpha » – une autre des nouvelles métaphores centrales de la Nouvelle Droite pour exprimer la vieille obsession européenne ; Si nous gagnons et dictons, le monde est en paix. Comme pour les méga-entreprises, la concurrence signifie l’extermination du concurrent. Une vision différente serait celle de la négociation pour un bien commun, comme les petites entreprises négocient, comme coopèrent des êtres humains qui ne sont pas malades de cette psychopathie de l’individualisme.
Pour cette raison, la Chine est considérée comme l’ennemi à détruire, comme elle l’a été lors de la guerre de l’opium. Bien que la stratégie ait été de diaboliser et de harceler d’abord la grande région qui l’entoure (Russie-Iran) à travers ses principaux bastions (Ukraine-Israël-Inde-Taïwan), les politiciens ne cachent plus que la Chine est la véritable cible. Pourquoi? Parce qu’elle a une économie trop prospère et, bien qu’elle n’ait pas encore tiré un coup pour devenir la première puissance mondiale (à l’opposé de la façon dont l’Occident capitaliste a été construit et maintenu), seul son succès non aligné avec nos intérêts la définit comme notre ennemi, l’Empire du Mal. Inutile de dire que c’est le moyen le plus direct d’entrer en guerre avec la Chine, qui n’attendra pas la dernière minute pour investir des tonnes de capitaux dans son complexe militaire et plus de bombes nucléaires.
Comme tant d’autres généraux et membres du Congrès américains, Mike Gallagher a pris le poste de directeur des activités de défense de la société Palantir. Gallagher lui-même a publié en mai 2024, un article dans Foreign Affairs intitulé « No Substitute for Victory : America’s Competition With China Must Be Won, Not Managed », pour lequel Washington doit « réarmer l’armée américaine pour réduire l’influence économique de la Chine » et sa « stratégie malveillante”… Du psycho-occidentalisme à la John Wyne.
Le Quincy Institute, prenant en compte la sinophobie de Gallagher et de Karp (PDG de Palantir), a affirmé que nous nous dirigeons vers une guerre contre la Chine. Il ne précise pas que c'est nous qui avons décidé d'aller vers ce scénario violent qui laissera d'énormes profits (économiques et politiques) à des entreprises comme Palantir et plongera le reste du monde dans une crise totale, y compris l'Occident - surtout l'Occident. Une guerre pour Taïwan est le scénario souhaité par l'Occident, mais il sera plus économique et stratégique pour eux d'inventer une guerre entre la Chine et l'Inde pour le Cachemire… Enfin, mieux vaut ne pas leur donner d'idées.
Le candidat à la vice-présidence J.D. Vance a déclaré que la lutte contre la Chine serait une priorité de politique étrangère pour Donald Trump, ce qui peut être lu comme un scénario reçu de personnes mieux préparées, informées et puissantes que l’apprenti Vance, un ami des millionnaires de Palantir et d’autres entreprises technologiques, ses principaux donateurs.
L'empire américain ne pourra plus compter sur l'imposition du dollar, il devra donc tirer parti d'armes basées sur l'intelligence artificielle, ce qui est déjà testé en Ukraine et en Palestine. En 2024, le ministère israélien de la défense a conclu un accord avec Thiel et Karp pour "exploiter la technologie avancée de Palantir à l'appui de missions liées à la guerre". Si, par le passé, ils ont expérimenté les drogues et la syphilis en Amérique latine, ils testent aujourd'hui l'efficacité de toute cette avancée en matière de renseignement pour l'élimination gratuite d'hommes, de garçons et de femmes afin de tester l'efficacité des nouvelles armes et l'impact sur l'opinion publique qui, selon les calculs, cessera d'avoir de l'importance parce qu'une partie du plan consiste à éliminer les choix gênants des démocraties libérales dysfonctionnelles .
C'est la vieille mentalité occidentale que, désormais sans masque, nous voyons en Israël massacrer sans limites parce que "nous seuls comptons", "les autres sont des sauvages", "nous sommes la race supérieure et devons être obéis", de plus, "nous sommes les préférés de Dieu" et nous avons une "destinée manifeste". La vie des autres n'a aucune valeur. La seule chose qui compte, c'est de gagner, et de gagner à tout prix.
L'expérience montre que toute cette super technologie de plusieurs milliards de dollars constitue un avantage considérable en temps de guerre, mais qu'elle ne donne pas les résultats escomptés. Ni en Ukraine, ni en Palestine, ni dans le reste du monde surveillé et manipulé. L'un des talons d'Achille de la haute technologie est la basse technologie, c'est-à-dire que moins une technologie est sophistiquée, plus il est difficile de maîtriser ou de prédire ses utilisateurs. C'est la raison pour laquelle on a recours aux bombardements par la force brute, comme les bombardements israéliens.
La Troisième Guerre mondiale, la dernière guerre mondiale, c’est le plan A. Il faut imaginer un plan B et investir toutes les forces des impuissants pour résister aux psychopathes et aux marchands de mort.