Il y a des lustres que les 3/4 des tunisiens savaient déjà à quoi s’en tenir à propos de Tunisair. Il suffisait de prêter l’oreille : les mauvaises prestations, le vol des bagages, les billets très chers, les retards impossibles, l’immobilisation d’une partie de la flotte, les réacteurs retenus en otage, etc.... Évidemment au fil de ces années chaque PDG y est allé de sa « réforme » qui n’était bien entendu qu’un emplâtre sur une jambe de bois.
Tunisair est le prototype et le symbole non pas de la mal-gouvernance mais de l’impossible gouvernance. Cette entreprise a été depuis toujours, mais ces dernières années encore plus, « le fromage » de l’UGTT.
Il n’y avait qu’à suivre et comprendre les dernières interventions du secrétaire général de l’UGTT qui parlait de Tunisair comme de son fief où c’était lui qui, en dernier lieu, dictait la loi. On ne touche pas à la rente de l’UGTT.
Tunisair doit servir les intérêts de la centrale syndicale devenue, il faut le déplorer, au fil des ans, l’organisme parasitaire par excellence des entreprises publiques tunisiennes.
La nomination de la pauvre Mme Olfa Hamdi est du même registre que celle de la météoritique et peu regrettée Mme Karboul qui devait faire des « miracles » dans le tourisme.
Olfa Hamdi est une personnalité exubérante, auto-proclamée compétente, absolument pas faite pour « le job » pas plus que son ministre de tutelle qui n’a ni vision, ni projet ni, surtout autorité et qui ne doit sa présence qu’à des fragiles et passagers équilibres ministériels.
Le ministre et le premier ministre, ne parlons pas de chef du gouvernement, il en est encore au stade de l’aspiration, gouvernent au plus près, leur leitmotiv est de survivre e :n gagnant du temps, en faisant le moins de vagues, en espérant que l’édifice tienne le plus longtemps possible.
Cette politique du « ne faire presque rien » pour que rien ou presque rien ne change, cette politique de replâtrages de petites circonstances, a amené la compagnie Tunisair à l’état où elle est maintenant c’est-à-dire une compagnie bel et bien en faillite.
L’état est en apparence là, mais l’état est paralysé. L’état ne peut entreprendre. En état de faiblesse, il est l’objet de toutes les pressions et de tous les chantages. L’exemple de la « vampirisation » de Tunisair par l’UGTT en est la démonstration.
Dans une démocratie saine et normale, devant le constat de faillite de l’avionneur national, un projet de sauvetage ne doit pas être laissé au tempérament de l’un ou de l’autre mais doit être porté par un projet de réformes structurelles porté par le gouvernement, par un parti, une coalition de partis, discuté par l’opinion nationale, débattu au parlement.
Une réforme en bonne et due forme, puis une loi qui s’impose à tous
Sait-on seulement ce que l’on veut faire de Tunisair ? Ne vaut-il pas mieux la liquider, la privatiser, l’ouvrir à la concurrence internationale ? Où peut-on mieux débattre de ces questions sinon dans la presse mais surtout dans le cadre du parlement et dans ses commissions.
Tunisair est un fardeau pour l’état et pour le peuple tunisien comme d’ailleurs beaucoup d’autres entreprises nationales. Il est temps que l’état revienne, non pas sous la forme burlesque de Mme Olfa Hamdi, mais en tant qu’état soucieux d’entreprendre et de réformer.
Dans l’état de crise permanente dans laquelle notre pays est plongé au nom de soi-disant arguties juridiques gageons que rien ne sera fait et que l’on aura droit à quelques effets d’annonces triomphalistes et à un nouveau PDG de Tunisair sorti du chapeau.
Il n’y a rien à attendre tant que l’état est paralysé.