On se souvient que la première missive adressée à Ghannouchi n’avait rencontré chez son destinataire qu’ironie et mépris. Ghannouchi leur écrivit en retour que leur missive avait rebondi sur son « cuir tanné » et qu’il était « indispensable » à son parti.
Aussitôt dit, les affidés du cheikh ont surenchéri renvoyant « fraternellement » impatients et rebelles aux décisions du congrès « démocratique » et « souverain ».
Indispensable ?
Ghannouchi est à l’image de ces vieux dictateurs agrippés au pouvoir dont regorge la littérature et l’histoire, personnages qui ont toujours été un fléau pour leurs partis et leurs peuples.
Se remettre aux décisions du congrès ?
Tous ceux qui ont eu à faire peu ou prou à la mécanique des congrès savent que ceux qui contrôlent l’exécutif contrôlent le congrès qui en règle générale appuie leur motion et élit leur candidat.
Pourquoi s’agrippe-t-il ?
Ghannouchi ne se suffit plus de son poste de président du parlement dont il souhaite se défaire après sa mise en accusation. Il songerait dit-on à se présenter aux prochaines présidentielles.
L’homme pense avoir remporté la palme, il pense avoir réussi l’impensable, il estime avoir installé Ennahdha au pouvoir et c’est vrai que Ennahdha est au gouvernement depuis 10 ans, mais là il a tout faux, Ennahdha est certes au pouvoir mais a-t-elle pour autant gouverné ?
Le cordon sanitaire autour de Ennahdha est toujours de mise et d’actualité malgré tous les gages concédés par Ghannouchi y compris trahison avec ses retournements d’alliance et infamies avec ses collusions avec la réaction et la corruption.
L’homme aura réussi une performance : celle de « normaliser » son parti.
Ennahdha, les premiers temps de la troïka, nous a été donné comme un parti granitique porteur d’une espérance quasi messianique rétif et étranger à la corruption. Sous la férule de Ghannouchi le parti est traversé de plusieurs lignes de fracture avec des dissidents qui se répandent sur la place publique. Il est de surcroît inaudible idéologiquement et gangrené par la corruption comme les autres partis.
Faire le procès de Ghannouchi n’est pas requérir contre Ennahdha, bien au contraire, Ennahdha est tout à sa place sur l’échiquier politique Tunisien.
Il faut espérer que des hommes de valeur et d’estime comme Mohamed ben Salem, Abdellatif Al Mekki, Samir Dilou et d’autres puissent donner une autre âme à leur parti. Il y a de la place pour un parti islamo-conservateur rénové qui nous débarrasserait de la mosaïque fascisante des débris du destour comme il y a de la place à une gauche sociale laïque et démocratique.
Nos vœux accompagnent les « 100 ».