Israël poursuit son massacre à Gaza en y apportant des raffinements nouveaux. Outre les bombardements qui tuent en masse, ses chars et ses snipers tirent hommes, femmes et enfants comme des lapins, occupent le dernier hôpital, en détruisent les installations, prennent les médecins en otages et en chassent les patients.
En attendant le pire dont les limites sont extensibles. Car tout ce que l’on entend depuis 48 heures indique une convergence de facteurs et de volontés tendant à la réalisation d’un bain de sang à Rafah couronné par l’exode forcé d’une partie au moins de la population palestinienne vers les terres inhospitalières du Sinaï :
1) – Netanyahou a affirmé hier samedi 17 février qu’il ne renoncerait pas à l’offensive militaire sur Rafah même si un accord sur les otages était conclu.
2) – Mahmoud Abbas avait appelé mercredi 12 février le Hamas « à conclure rapidement l'accord sur les prisonniers ».
3) - l’Égypte fait actuellement avancer à la frontière les travaux de construction d’un camp pouvant accueillir plusieurs dizaines de milliers de réfugiés.
4) – Les États-Unis ont fait savoir samedi qu’ils s’opposeraient au projet de résolution présenté par l’Algérie en application de l’ordonnance rendue par la Cour internationale de Justice le 26 janvier dernier. Ce projet, qui doit être discuté mardi prochain, "exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat ".
5) - La Cour internationale de justice a rejeté le vendredi 16 février la demande de « mesures provisoires additionnelles » présentée le 12 février par l’Afrique du Sud.
Telles sont les données les plus récentes de la situation qui prouvent qu’Israël bénéficie de tous les concours nécessaires à la réalisation de ses projets. La proposition de trêve de longue durée négociée à Paris n’était qu’un piège grossier tendu aux factions combattantes de la résistance palestinienne, permettant à Israël de faire libérer les otages puis de reprendre de plus belle le massacre de la population civile avant de recoloniser le territoire. En somme, les « médiateurs » arabes et les Américains avaient la volonté commune de retirer des mains du Hamas la seule carte qui lui permet de négocier des conditions favorables.
Dans la compromission générale, l’Égypte se donne même un coup d’avance en préparant matériellement l’expulsion des Palestiniens de Gaza. Quant à Mahmoud Abbas, alors même que plusieurs États occidentaux tentent timidement de dissuader Israël d’attaquer Rafah, il préfère engager le Hamas à une reddition sans condition. Et enfin, la CIJ se refuse à ordonner les mesures provisoires susceptibles de dissuader les États-Unis de mettre leur veto à une résolution ordonnant le cessez-le-feu.
Nous avons la clé de l’énigme qui ne cesse de nous troubler depuis bientôt 5 mois. Nous sommes sûrs désormais que le génocide de Gaza, comme tous les génocides de l’histoire moderne, n’est pas un simple face-à-face entre un bourreau et sa victime. Il est le résultat de ce que la coopération humaine peut produire de plus néfaste. Il repose sur une division du travail soigneusement étudiée entre un État criminel et des complices qui conjuguent leurs efforts minutieusement, sans laisser aucune place au hasard. Une poignée de complices influents et actifs et une constellation de complices passifs qui protestent faiblement en évitant soigneusement d’unir leurs forces pour peser sur les événements.
C’est le mode d’emploi du génocide, dans son immuable rationalité. Une fois que le projet génocidaire a pu réunir ses acteurs et ses figurants, toute velléité de prévention n’est plus qu’imposture. La convention de 1948 n’est donc qu’un leurre, l’arbre qui cache la jungle.