La notion de crime contre l’humanité, avant d’être codifiée et catégorisée par le droit, a été théorisée à partir de la finalité des actes qui la constituent. Ces derniers ne sont pas seulement une négation de l’humanité de la victime qui s’en trouve retirée du genre humain mais un crime contre le genre humain tout entier, contre la condition humaine.
Les juridictions, ainsi que les auteurs, combinent ces deux sens qui sont en pratique indissociables :
- « Les crimes contre l’humanité transcendent l’individuel car, lorsque ce dernier est attaqué, l’humanité subit l’attaque et se trouve niée. C’est le concept d’humanité en tant que victime, qui caractérise essentiellement le crime contre l’humanité » (TPIY, jugement du 29 novembre 1996) » ;
- « Ce qui transforme de pareils actes en crimes contre l'humanité, c'est le fait qu'ils sont dirigés contre l'essence même du genre humain, en tant qu'il est formé de races, de nationalités et de religions différentes, et qu'il présente une multiplicité de conceptions philosophiques, sociales et politiques » (Vespasian V. Pella, juriste roumain) ;
- Le génocide « inflige de grandes pertes à l'humanité, qui se trouve ainsi privée des apports culturels ou autres de ces groupes » (Résolution du 11 décembre 1946 de l'Assemblée générale préparant la Convention sur le génocide) ;
- Dans le crime contre l'humanité, du fait de l'atteinte à l'homme dans son existence et sa dignité et l’atteinte à l'humanité dans sa pluralité et ses valeurs, il existe « un lien naturel entre le genre humain et l'individu : l'un est l'expression de l'autre » (Commission du droit international, CDI, 1986).
A Gaza, le génocide, qui est le pire des crimes contre l’humanité, est en cours depuis 10 mois dans toutes ses modalités connues dont chacune est en elle-même un crime contre l’humanité :
- assassinats de masse au moyen de bombes qui enterrent des familles entières sous les décombres,
- engins incendiaires dans lesquels femmes et enfants désarmés sont brûlés vifs,
- assassinats ciblés de personnes non-combattantes,
- torture généralisée,
- enlèvements suivis d’exécution,
- massacres dans les hôpitaux et les écoles,
- destruction systématique des infrastructures de vie et du patrimoine religieux et culturel,
- profanation des cimetières,
- et bien sûr famine organisée.
L’humanité, à travers les 2 millions de personnes enfermées dans la bande de Gaza, est donc attaquée sur tous les fronts. Or, non seulement elle laisse faire mais aussi, pour une bonne part des nations qui la constituent, elle arme le bras de l’entité criminelle.
A cela, il existe deux explications peu satisfaisantes :
1°) Les Palestiniens de Gaza ne font pas partie de l’humanité, comme ne cessent de le proclamer leurs bourreaux sionistes ;
2°) L’humanité a renoncé à protéger le genre humain et la dignité humaine.
Le plus vraisemblable est que l’humanité a cessé d’exister ou même qu’elle n’a jamais existé. Il n’y a jamais eu que des tribus nationales dotées d’armées et d’athlètes honorant le drapeau dans les parades militaires et olympiques.
Ouf ! Pas d’humanité, pas de crime contre l’humanité !