Quel est l’intérêt de toutes les spéculations qui sont formulées pour expliquer la décision d’avancer l’élection présidentielle au 7 septembre ? Parmi les hypothèses envisagées, il en est une au moins qu’on peut écarter : celle d’un retrait de la course de Abdelmadjid Tebboune. Si confuse et déroutante que soit la dépêche publiée par l’APS jeudi 23 mars sous le titre trompeur de « les raisons d’une annonce » (https://www.lexpressiondz.com/.../les-raisons-d-une…), elle indique bien que l’actuel président a l’intention de briguer un second mandat.
Cette dépêche a même tout l’air de constituer le lancement de la campagne électorale de Tebboune qu’elle présente comme « le maître des horloges », entretenant une « relation charnelle » avec son peuple », n’ayant « jamais eu besoin d’un intermédiaire, d’un filtre, d’une tutelle » et dont le seul « patron » est le peuple.
L’hymne à la volonté populaire que cette dépêche entonne relève d’une rhétorique archi-battue et n’explique donc rien du tout. Pas plus d’ailleurs que le « recalibrage » de l’agenda électoral ou « le calcul géopolitique ». Pour ce qui est des « ennemis désarçonnés », des « ennemis historiques » et autres « ennemis intérieurs », leur évocation dans un catalogue aussi redondant est une des constantes des discours de Tebboune et elle atteste clairement que l’agence de presse a écrit sous sa dictée.
Quant à l’hypothèse que l’avancement de la date de l’élection a pour but de gêner toute candidature rivale, j’avoue que ce genre d’arguments prête à rire. Je ne comprends pas qu’il y ait encore des gens sérieux qui critiquent la politique de "la chaise vide", qui préconisent des candidatures démocratiques, une union des forces de la société civile ou même qui ressuscitent l’antienne en vogue il y a quatre ans, celle d’une candidature unique issue du Hirak.
On devrait savoir depuis l’élection présidentielle de 1999 (qui se trouve être le seul précédent d’une élection anticipée) que le pluralisme de façade n’est que l’argument de promotion et de légitimité d’une élection dont le candidat de l’armée est vainqueur d’avance. Cette année-là, cinq candidats de poids (dont Hocine Aït-Ahmed, Mouloud Hamrouche et Taleb El Ibrahimi) avaient décidé la veille du scrutin leur « retrait collectif des élections présidentielles et la non-reconnaissance de la légitimité de (leurs) résultats ».
Aussi bien, et en attendant que les raisons de l’avancement de l’élection soient connues avec certitude (le régime algérien nous a habitués à garder secrets les motifs les plus insoupçonnables de ses décisions), la seule chose certaine est que cette cuisine n’a rien à voir avec aucun enjeu démocratique, la démocratie étant totalement, dans ses principes aussi bien que dans ses formes procédurales, étrangère à toutes les élections organisées en Algérie.
En somme, qu’elle ait lieu en décembre ou en septembre, cette élection ne nous regarde pas.