Monsieur Hatem Bourial est un chroniqueur à Tunis-Hebdo et au site webdo.tn. Il exerce aussi à RTCI, notre chaîne internationale. Certaines de ses nombreuses chroniques ont attiré mon attention. Après longue vérification, j’ai pu constater des dérives régulières dans ses contributions : Diffamations, dénigrements, délations, diatribes, réquisitoires,… ce n’est pas les superlatifs qui manquent pour décrire ses propos. Des propos lamentables et franchement déshonorants.
En effet, les articles publiés sur webdo.tn sont majoritairement partisans, tendancieux et hostiles à nos intérêts. Ils véhiculent aussi, très souvent, une image dégradante et dégradée de notre pays et de nos jeunes. Des jeunes qui étaient à l’origine de notre révolution victorieuse.
Pis, ce monsieur n’a jamais dénoncé dans ses écrits l’islamophobie et l’arabophobie régnante en France, encore moins les crimes abominables, atroces, perpétrés quotidiennement sur le peuple palestinien : On y parle même de trafic d’organes. D’ailleurs, le Chef du gouvernement suédois n’a-t-il pas refusé, récemment, de présenter des excuses au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui avait exigé une condamnation de l'article du tabloïd suédois Aftonbladet, sur le trafic d'organes prélevés sur des Palestiniens tués ?
Monsieur Hatem Bourial où êtes-vous ?
Regardons à présent certains extraits de ses contributions pour prendre conscience des dérives de certaines de ces tribunes :
1/ l’arabisation serait à l’origine des maux de la Tunisie ?
1.1/ l’arabisation alimente l’intégrisme et le terrorisme!
Dans son article du 13 décembre 2013, « Notre perte du français a fait le lit de l’intégrisme », l’auteur fait donc un lien direct -comme le titre le laisse entendre explicitement- entre la montée de l’intégrisme en Tunisie et l’arabisation du système éducatif ; un raccourci curieux pour ne pas dire qu’il s’agit plutôt d’une médiocrité d’analyse assez affligeante.
L’auteur commence par s’interroger sur ce lien ; ce qui laisse penser a priori que l’analyse prend une rigueur analytique, même si le postulat, le présupposé philosophique de la problématique annonce déjà la couleur : «Que s’est-il passé pour qu’en trente ans, un pays perde sa boussole linguistique et alimente désormais l’intégrisme et le terrorisme ? Peut-on dire que notre perte de la langue française a contribué à faire le lit du fondamentalisme et de la violence ?»1 . A-t-il écrit.
Au bout de quelques lignes, monsieur Bourial conclut -et sans surprise d’ailleurs-, d’une manière sans équivoque, ferme, «(…) il est temps de rendre à la langue française sa vocation de langue d’ouverture sur le monde, aux côtés de l’anglais qui n’est pas mieux pratiqué en Tunisie. Sinon, nous nous condamnons à faire encore et toujours le lit de l’intégrisme (…) ». Ainsi, l’arabisme conduit inéluctablement à l’islamisme! C’est abracadabrantesque!
Monsieur Bourial n’est pas le seul d’ailleurs à prendre un tel raccourci, à prôner une telle démagogie : Le professeur et ministre M. Charfi a déclaré à Jeune Afrique2 « (…) parfois dans le passé des mesures à caractère "démagogique" (!) ou politicien ont été prises notamment en réaction à la montée de la gauche, contre laquelle on a cru bon d’injecter une dose d’arabisme et d’islamisme. Ce fut une erreur jointe à beaucoup d’autres, dont on mesure désormais les conséquences ». Gilbert Naccache, dans un article intitulé « Voyage dans le désert tunisien »3 , enfonce encore le clou en affirmant « (…) car un jour, on s’est aperçu qu’il y avait incompatibilité entre la nature du régime et la culture. C’était en 1976. Le ministre de l’Éducation d’alors, Mzali, a considéré que la culture française était porteuse de contestation, et il a fait modifier en conséquence les programmes scolaires. Il a notamment arabisé la philosophie, c’est-à-dire supprimé l’enseignement de la philosophie française en tant que philosophie du questionnement (…) ». En somme, d’après Gilbert Naccache la philosophie arabe n’est pas une philosophie du questionnement mais, sans doute si je suis sa logique, une philosophie d’endoctrinement (!) Et d’après Mohamed Charfi et Hatem "Boudinar" « l’arabisme conduit inéluctablement à l’islamisme! ». Lamentable analyse.
1.2/ Jules Ferry revient… !
Dans son article du 20 octobre 2015 « Si jules ferry un jour revenait… »4 , Monsieur Bourial remue encore une fois le couteau comme si cela ne suffisait pas; il avance avec fougue : « Durant de longues années, l’avenue principale de Tunis avait porté le nom de ce président français dont la statue trônait au bout de l’artère principale de notre capitale. C’était du temps de la « mission civilisatrice » de la France, l’époque où la Tunisie voyait fleurir les écoles dans ses villes et ses villages. D’ailleurs ne continue-t-on pas en France et ailleurs à évoquer comme une litanie l’école de Jules Ferry… ». Là, au moins, il a le mérite d’être clair !
Quelques lignes plus bas, il s’enfonce encore plus: « Et puis, inéluctablement, Ferry apprendrait les soubresauts dans lesquels se débat notre école aujourd’hui. Plus largement, il comprendrait que quelque chose de profond est en train de se passer sous nos cieux car ce n’est pas par hasard que le budget de l’éducation nationale diminue alors que croit celui de la défense nationale. ». Affligeant, n’est-ce pas ?
2/ Du journalisme ou de la manipulation :
2.1/ La mésaventure de Gammarth : Une histoire à dormir debout !
« Lois scélérates, racisme anti-arabe et hostilité tunisienne », article publié le 29 septembre 20155 . Il s’agit d’un article où il relate la mésaventure de ses camarades dans un restaurant à Gammarth ; une histoire sans queue ni tête!
D’emblée, "Boudinar" annonce la couleur, dans un style qui ne laisse l’ombre d’un doute sur la supercherie, il soutient avec un style dont il est le seul à connaître le secret :
« Le trio s’installa. La carte fut présentée. La commande presque passée mais l’incident n’allait pas tarder. En effet, la dame demanda du vin. Le commis lui répondit tout de go: « Je peux à la grande rigueur vous donner un demi » (sic).
Etrange ! Le commis se lança dans une explication abracadabrantesque et alla même jusqu’à dire qu’il servirait du vin si la dame restait seule à table et que ses compagnons allaient s’asseoir à côté, autour d’une autre table ! Le trio demanda le registre de réclamations pour consigner l’incident. Les responsables furent incapables de trouver le registre qui, dirent-ils, était dans le bureau fermé du patron.
Le maître d’hôtel invoqua la loi qui interdit de servir du vin aux « arabes » les jours fériés. Les « arabes » répliquèrent qu’ils ne comptaient pas boire et demandèrent pourquoi les gens buvaient à table. On leur répondit qu’ils étaient étrangers, ce qui ne se voyait pas sur leurs visages, à condition de servir les gens à la gueule. »
Après un tel récit, on ne peut descendre plus bas! De telle contribution ne portent-elles pas préjudice à l’image du journalisme ? Pourrons-nous laisser passer, sans broncher, ce type d’histoire qui ne peut relever que de la manipulation ? Ne dégrade-t-il pas davantage par ce type de chronique l’image de notre secteur touristique qui passe déjà par des difficultés insurmontables ? Pourquoi un tel acharnement ? A qui cherche-t-il à plaire ? Etc.
2.2/ La haine de soi
Sur le même registre, le 11 décembre dernier, il récidive en publiant des propos infamants et, par conséquent, dégradants pour l’image de nos jeunes. Ils portent même un sérieux préjudice pour la réputation de notre pays. L’article s’intitule : «Victimes collatérales de la révolution, des couples mixtes font leurs bagages».
Que peut-on y lire ?
« Nathalie est française, épouse d’un Tunisien de la classe moyenne et mère de trois enfants. Elle vit en Tunisie depuis les années soixante et ne cache plus son exaspération: « Dans les rues de Tunis, je ne me suis jamais senti aussi inconfortable. Je suis scrutée du regard, partout et à tout moment. Les rues sont occupées par des bandes un peu partout qui, selon la rumeur, viendraient de Jelma. Avec ces jeunes qui trainent et la mode du hijab, Tunis est une ville méconnaissable. En tous cas, je ne m’y retrouve plus ».
« Nathalie est française et vit en Tunisie depuis les années 60 », a-t-il dit ; elle doit donc avoir au moins entre 65 et 70 ans! Qui va draguer une personne de cet âge mère de trois adultes ? S’agit-il ici d’un fantasme ou d’une volonté délibérée de nuire ?
Il s’enfonce, comme à l’accoutumé, plus loin, écrit ; « Edelgard est Allemande. Elle vit en Tunisie depuis huit ans et exprime aussi son inconfort: « Hormis dans quelques quartiers, une femme d’aspect européen ne peut plus circuler tranquillement. Même si vous êtes en voiture, des voyous qui se croient tout permis vous harcèlent et vous draguent avec la brutalité des rustres. » A en croire le récit de monsieur "Boudinar" nos jeunes draguent maintenant même les voitures passantes, n’est-ce pas ? Peut-être bien, même sur l’autoroute ! Déshonorant !
Comme si cela ne suffisait pas, il en rajoute une couche : « Franchement, je n’en peux plus de vivre retranchée. Ce n’est ni l’état d’urgence ni la révolution mais ce sont les Tunisiens qui semblent avoir changé, être devenus plus agressifs, moins respectueux. Quel fiasco ! »
Inutile de s’attarder davantage sur ses propos, le lecteur aurait compris le niveau avancé de haine soi de l’auteur. J’habite moi-même dans un quartier à Solimane plage où il y a beaucoup d’étrangers d’origine européenne ; je n’ai jamais entendu parler de tels griefs. Ils sont heureux de vivre en Tunisie.
2.3/ La lutte contre l’antisémitisme : Un fond de commerce usé
Le 30 décembre, il publie « propos antisémites et flagrant racisme ordinaire » ; il y dénonce des propos qui auraient tenu deux dirigeants d’un Club de foot. Monsieur Bourial serait ainsi le porte voix de toutes les minorités –mais fortunés quand même- : oppressés, stigmatisés, étiquetés, déposés, alignés, condamnés,…, bref, de tous les sans grade à l’exception de ses frères de sang Palestiniens. En effet, à ce jour je n’ai rien pu trouver à ce propos. L’islamophobie montante et l’arabophobie décomplexée en France ne les dérangent guère, non plus !
Monsieur Hatem Bourial est proche de la communauté juive en Tunisie, ceci est secret de polichinelle; il compte aussi beaucoup d’ami€s israélites. Ses écrits et ses échanges sur les réseaux sociaux le témoignent. Ceci relève de la sphère privée. Il a raison et je le félicite.
Ce que je lui reproche c’est de publier parfois des contributions partisanes sans prendre la peine de vérifier la réalité des faits. Un journaliste est le symbole visible de la conscience collective de sa communauté. Il est la vitrine, la voix de sa société dans ce qu’elle a de meilleurs culturellement et « épistémologiquement » (éveil des consciences).
Monsieur Bourial, laissez-moi vous dire pour finir ce que j’ai déjà dit à Taoufik ben Brik dans une tribune publiée ici-même : « Un intellectuel intrinsèquement a une autorité morale ; il est la voix de la sagesse et de la raison. La force de toute nation réside d’ailleurs dans la force de l’autorité morale de sa classe intellectuelle.»
Hatem, vous êtes talentueux, vous avez une des plus belles plumes francophones en Tunisie ne tombez pas dans la répugnance, soyez juste : regardez ce qui se passe en Palestine ; dénoncez aussi l’arabophobie et l’islamophobie en France!
1- (http://www.webdo.tn/?s=Hatem+Bourial).
2- N°1530 du 30 avril, cité par Mzali, P.203
3- Paru dans une revue intitulée Les Inrockuptibles, en 2003, cité par M. Mzali, P.202
4- http://www.webdo.tn/?s=Hatem+Bourial+2015
5- http://www.webdo.tn/page/2/?s=Hatem+Bourial+2015