L'économie informelle cause à l'Etat tunisien un manque de recettes fiscales et cotisations sociales de près de 11 milliards de dinars, ce qui représente presque la moitié du budget de l'Etat :
D'après le rapport de la Banque Centrale Tunisienne, les recettes fiscales en 2015 sont environ de 20 milliards de dinars (P.37); ce qui donne un taux de pression fiscale de 22,2% du PIB (P.25). Au total, le taux des prélèvements obligatoires (pressions fiscales + cotisations sociales) doit être aux alentours de 40% (en France, il est de 43,5%).
On sait par ailleurs, d'après certains rapports d'organisations internationales, que l'économie informelle représente au minimum 30% du PIB, soit un peu plus de 27 milliards.
Manque à gagner pour l'Etat et la sécurité sociale : 27 milliards * 40% = 11 milliards.
La lutte contre ce fléau doit être impitoyable car avec de telles recettes supplémentaires nous n'aurons plus besoin, selon toute logique, d'emprunter de l'extérieur et, mieux encore, la sécurité sociale comblera son déficit. La question est donc éminemment politique. 11 milliards, comme je l'ai souligné au début de mes propos, c'est presque la moitié du budget de l'Etat. Hallucinant, n'est-ce pas?
*Dr. Ezzeddine Ben Hamida: professeur de sciences économiques et sociales (Grenoble)