« Presque rien sur presque tout » 1

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Cette contribution se veut un coup de gueule sur quelques questions, chapitres, matières, fables, objets, intrigues, propos,…, bref, thèmes et sujets qui illustrent suffisamment l’état lamentable de notre situation économique, socioéducatif, politique et morale.

1/ Pourquoi mentir à soi-même ?

La récente émission de Sami Bannour a mis à nu une hypocrisie typiquement tunisienne sur l’enseignement de la langue française dans notre pays. Depuis plus de 40 ans, les Tunisiens ne maîtrisent plus la langue de Molière. Cette langue reste réservée à une certaine élite universitaire –et encore !- et quelques familles bourgeoises à Tunis, Sousse ou Sfax ayant fait le choix de scolariser leurs enfants dans des écoles françaises. Pourquoi alors continuer à faire l’autruche ?

Dans mes précédentes contributions sur cette terrible anomie éducative, je m’étais déjà posé avec insistance les questions suivantes : « Comment peut-on demander, pédagogiquement, à un professeur de transformer un savoir savant en savoir enseigné dans une langue dont il ne maîtrise qu’à peine le vocabulaire scientifique de sa discipline? La phase didactique, c’est-à-dire la transformation («vulgarisation») de ce savoir savant en savoir enseigné nécessite une maîtrise absolue de la langue avec toutes ses subtilités, sa finesse, sa richesse et sa grâce. C’est l’essence même du sens pédagogique pour faire aimer, chérir et vénérer la matière et capter ainsi l’attention de l’élève et/ou de l’étudiant et transmettre aussi la passion du professeur pour sa matière et son métier (…) ». Déjà en France, tous les rapports montrent, sans ambigüité, que la maîtrise du français à l’écrit est le premier facteur d’inégalité scolaire !

Il est donc urgent de revoir en la matière notre copie : En clair, il va falloir arabiser le système éducatif et substituer l’anglais au français. Il faut aussi, par souci de souveraineté, interdire l’accès aux Tunisiens aux écoles françaises sur notre territoire. Ces groupes scolaires doivent être réservés uniquement aux Français et aux étrangers qui désirent s’y inscrire.

1/ Subventions ou corruption ?

Le FMI et l’Union Européenne empressent, hâtent, les autorités tunisiennes à mettre fin au système de la caisse de compensation qui subventionne de nombreux produits pour les ménages les plus modestes, mais de l’autre côté Bruxelles et surtout la France arrosent la presse francophone locale et même arabophone ainsi que beaucoup d’associations de la société civile par des subventions pour les dulcifier, lénifier, édulcorer !

Sans surprise, d’ailleurs, tous les jours je découvre un nouveau nom d'un journaliste, d’un universitaire ou d'un Haut fonctionnaire dont les relations avec les chancelleries étrangères à Tunis sont assez intrigantes, obscures :

Des vedettes de la TV et de la radio prêchent quasi-quotidiennement pour les intérêts de certaines puissances? Des "experts" -selon leurs dires- sont allés jusqu'à nier des vérités historiques pour déculpabiliser, voire même innocenter, les agresseurs, les criminels ! Des intrus en science politique, qui ignorent la portée symbolique de l'Histoire dans la mémoire collective des nations, conseillent, exhortent, l'oubli! Des "baptisés" récents des paroisses libérales vont jusqu'à responsabiliser les pauvres et les exclus de leur état social et contester, pas sans fougue, le rôle socio-régulateur de l'Etat; l'Etat dans son sens le plus noble : la mère patrie!

Comment peut-on expliquer une telle cupidité? Qu'avons-nous fait pour atterrir si bas? Y a-t-il une espèce de fatalité dans nos attitudes, un certain déterminisme historique? Faut-il pour autant baisser les bras? Etc.

3/ Chasser le naturel, il revient au galop

La révolution s’est transformée en butin de guerre. : L’ancienne équipe de Ben Ali est aujourd’hui, à une personne près, toute au pouvoir ! La loi sur la réconciliation économique, contre vents et marées, est quand même passée. La pauvreté au pays du jasmin a augmenté ces 5 dernières années de 30% ; nous dénombrons en effet aujourd’hui près de 2 millions de pauvres! Peut-on continuer à parler alors de révolution ?

4/ Béni Watani n'est pas un slogan politique, c'est un plébiscite de tous les jours

La nation est une histoire, une langue, un territoire, une culture et une identité commune. Quant à l’Etat, il est un ensemble d’institutions juridiques, économiques et d’organes politiques, culturels ; il doit être à l’image et au service de la nation.

Nos institutions et nos organes sont hélas sous perfusion financière étrangère : la dette publique avoisine les 64% du PIB, les partis politiques sont en majorité financés par des puissances étrangères ; la presse, le quatrième pouvoir, est aussi sous contrôle étranger ; etc.

Peut-on encore parler de souveraineté ?


1 Titre inspiré du Roman de jean d’Ormesson « Presque rien sur presque tout ».

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