صندوق الكرامة :المبدأ لا يتجزّأ…

Un mot à Lofi Laamari….

Ce n'est pas la peine que je te rappelle ce que tu étais avant le 14 Janvier, mais parce que je suis humain je ne vais pas te souhaiter de vivre ce qu'ont vécu les détenus politiques et syndicaux, les détenus d'opinion, je ne vais pas te souhaiter d'être privé de ton travail, d'être privé de dignité, d'être privé de droits, d'être torturé, violenté, brutalisé, peut-être violé, d'être traité comme un chien, pire qu'un chien, d'être chaque jour avili, d'être chaque jour mortifié, d'être chaque jour obligé de tolérer l'intolérable, de résister à la pire des humiliations, celle qui te réduit à souffrir en silence, à te résigner à admettre que ton tortionnaire éprouve un plaisir malsain et pervers à t'infliger les cruautés les plus exécrables, car ça l'excite de sentir ta douleur, ça le réjouit de te voir impuissant, livré pieds et poings liés à sa bestialité morbide, à son insensibilité de bête féroce et sans scrupules.

Au fait, ce geôlier, ce tortionnaire dégoûtant et écœurant est l'incarnation de ce mal perfide, inhumain, froid , sibyllin , cynique si bien décrit par Hannah Arendt….Ce mal pernicieux infligé par les dictateurs et les fascistes sanguinaires à leurs opposants et à tous ceux qui ont préféré plutôt mourir debout que de vivre à genoux….Ce mal qui frappe indistinctement tous ceux qui s'approchent d'eux: leurs parents, leurs familles, leurs enfants, leurs amis….

Parce que je suis humain, je ne te souhaite pas cette descente aux enfers dont personne, je dis personne ne doit s'en réjouir ou s'en féliciter car ça lui ôte toute humanité. Si je te tutoie c'est parce que le vouvoiement se mérite, or tu ne mérites aucun respect, fût-il hypocrite.

Je hais les indifférents….

Je hais les indifférents, disait feu Antonio Gramsci, non qu'ils soient lâches, pleutres, poltrons, complices généralement de toutes les atrocités et de toutes les cruautés, piliers indispensables de toutes les dictatures, mais parce qu'ils n'ont ni sens moral ni sens de la dignité et qu'ils vivent comme des parasites insensibles à la souffrance d'autrui et aux injustices qu'ils subissent. Opportunistes, couards, profiteurs, versatiles, ils sont les cerbères de la corruption, les laquais des puissants, les nervis des autocrates, les courtisans dévergondés du vice et de la malhonnêteté.

La vertu les contrarie et le courage les embarrasse, ils préfèrent plutôt moisir dans leur incommensurable petitesse de larves guindées et constipées que de se laisser emporter par le vent impétueux d'une liberté désintéressée, décomplexée, généreuse et non-assujettie à leurs intérêts dérisoires et insignifiants.

J'écoutais hier un "gilet jaune" dénoncer le mépris de classe dont ces protozoaires sont le colifichet ambulant.

Les grandes crues sociales, les grands soulèvements, les grandes contestations sont ces moments cruciaux de la vie d'une société où les haines s'amplifient et les fractures s'accentuent à cause du "silence des agneaux."

Chiheb Boughedir