La Renaissance du Cinéma Tunisie, désir ou réalité…

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Cinéma quand tu nous tiens, tu nous délivres un message inexpugnable ; telle était la devise du critique feu Pierre Tchernia….Par quoi commencer notre tour d’horizon, nonobstant les festivals de l’automne 2015 qui marquent la pierre d’achoppement : ceux de Toronto et de Deauville et la fameuse Mostra de Venise. En Allemagne, la Berlinale est considéré comme l’un des plus importants festivals de cinéma au monde : la soixante-sixième session s’est déroulée en février 2016…

Une flopée de films aussi importants et avantageux les uns que les autres, ce qui met encore plus en exergue la remarquable consécration de notre cinéma tunisien, étendu au monde arabo-maghrébin. « Innhebek Hedi » de Mohamed Ben Attia a été sacré meilleure première œuvre cinématographique et il a en outre déniché l’Ours d’argent du prix d’interprétation masculine, incarné par un Majd Mastoura crevant l’écran par sa remarquable incarnation inhibé qui se libère de ses chaînes familiales en rencontrant providentiellement le grand amour…

Notons que ce film a signé le retour d’un film arabe en lice pour la compétition, après vingt ans d’absence. Remarquable consécration filmique pour « je t’aime Hedi », dans la tourmente générale d’une crise universelle qui clame : « Je t’aime moi non plus ! ».

Autre fait glorieux :la consécration de nos deux talentueux artistes ,respectivement metteur en scène et comédien, qui ont été primés à la 12éme session du Festival du Film de Dubaï(9-16 décembre 2015). Ainsi, la Tunisie a décroché simultanément deux prix lors de ce festival : « A peine j’ouvre les yeux » , film intimiste tourné dans une atmosphère feutrée qui rappelle les grands thèmes rébarbatifs du cinéma latino-américain de l’époque, a remporté le grand prix du festival e Lotfi Abdelli, émouvant comme pas deux en père déboussolé et anéanti par la disparition tragique de sa fillette, a fait chavirer les cœurs sensibles par son jeu habile et convaincant dans « Les Frontières du Ciel » ou « Chbebek el Jenna » de Farés Nânâa ; le liminal atteignant la voie lactée .

Je pense que c’est amplement mérité pour cette nouvelle génération d’acteurs, qui défie le carcan ancestral et les clichés périmés établis d’avance par l’ancienne école, qui s’est tue quand il fallait parler et dénoncer les abus et méfaits....

On s’interroge avec acuité sur les causes de la Renaissance du Cinéma Tunisien, cinq années après la révolution de Janvier 2011 ; enclenchant l’éclosion du Printemps arabe; perspective qui a favorisé largement l’épanouissement de l’Art protéiforme. Ainsi, une nouvelle génération pleine d’audace et d’ardeur, s’attelle au travail créatif et constructif, voit le jour et reçoit diverses distinctions dans des festivals internationaux de Cinéma. Fait inouï :on se dégage de ses appréhensions , on se soustrait de l’emprise socio- familiale et on écrase l’interdit, le non-dit devient le lieu d’espace créatif et libérateur, traitant des sujets jusqu’ici niés et dissimulés..

Tous ces jeunes, acteurs et metteurs en scène, devant et derrière la caméra, ont en commun la passion de la vie et l’amour du cinéma, des projets plein la tête, des libertés qu’ils arrachent, une dignité humaine qui les dépasse et surpasse l’entendement établi, la sincérité et le réalisme dans la manière d’aborder des sujets tabous et d’évoquer leurs itinéraires personnels et expériences heureuses ou amères. Amis cinéphiles, armez-vous de patience et de passion car une armada de films poignants et audacieux vous attend au tournant des rues, dans la majorité des salles de la capitale…

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