La Dépendance au Service d’Autrui, L’Homme…

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D’après l’auteur judéo-chrétien, dans son livre intitulé « La dépendance », publié à Paris en 1979 où il vivait, Albert Memmi définit la dépendance comme une relation contraignante plus ou moins acceptée, avec un être, un objet, un groupe ou une institution, réels ou idéels, et qui relève de la satisfaction d’un besoin. Je pense, en relisant le beau texte de l’écrivain italien ; Italo Svevo : « Senilita », que c’est bien plus passionnel que métaphysique..

Prendre quelqu'un sous sa coupe, en général l’être aimé, est une manière possessive de s’approprier la personnalité et les désirs de l’autre…Pour Memmi, l’homonymie et l’étymologie des mots est un signe distinctif et particulier de la véritable nature et identification de l’autre. Il indique que, pour être plus précis, chaque terme devrait faire partie d’une trilogie ; il cite comme exemples : judéité, judaïcité et judaïsme ; ainsi que négrité, négricité et négrisme, et dans le même ordre d’idées : arabité, arabicité et arabisme.

Les Dieux de l’antiquité étaient souvent dérisoirement humains. On soutient aussi que le monothéisme humanise davantage encore la divinité ! Pas de doute pour le Christ, émanation et réplique de Dieu, et simultanément, avocat de la créature auprès du Père éternel…Le prophète de L’Islam, Mohammed, est plus nettement encore un intercesseur. Le Dieu juif n’avait même pas besoin de médiateur : il dialoguait directement avec son peuple en un je-tu souvent sans complaisance.

Aussi, par ces déductions, Memmi affirme le fait que, dans la majorité des cas, sur le point précis de la dépendance, le Dieu unique gagne en efficacité, grâce à une relation unique et personnelle avec le fidèle. Certains chrétiens tendent à proclamer qu’on ne doit pas confondre L’église et le christianisme. Ils consentiraient à mourir pour l’enseignement du Christ, mais non pour les avatars de l’organisation cléricale et les desseins de sa hiérarchie.

Alors que les musulmans se montrent partisans de leurs préceptes orthodoxes, conformes à leurs dogmes et à la doctrine religieuse, fondée et établie, celle qui prône une dévotion et une prostration , sans limites ni bornes, à Dieu et ses prophètes. C’est donc une dépendance sacrée, désignée, voulue…Dans la société civile, il existe d’autres formes de dépendance. Certains militants expliquent leur appartenance uniquement par un choix moral : erreurs ou crimes des hommes qui composent leur parti seraient négligeables comparés à leur idéel de justice et de progrès.

Pour ma part, après avoir feuilleté les pages sublimes de ce texte Memmien, j’estime que la dépendance est une idée, une impression, un sentiment qui s’impose et s’installe à tous les niveaux de réflexion et formes d’Art, d’expression et d’esthétique philosophique.

La passion génère une forme violente et virulente d’interdépendance Humaine, annihilant la raison et détruisant la volonté. Dans son sublime récit « La Mort à Venise » ; où se déploie la forme artistique sous ses aspects esthétique et philosophique pour nous livrer une relation de dépendance brute et compacte, entre l’être et la création, Thomas Mann décrit le conflit entre la vie et l’art chez le créateur. Son héros, voué tout entier à la Littérature, est rappelé à la vie par l’amour homosexuel qu’il porte à un garçon, éros dépendant de la bonté divine.

Un moment, il croit pouvoir sublimer cette attirance en un amour platonique pour la beauté du jeune homme, c’est-à-dire en se maintenant par ce détour, dans son attitude esthétique coutumière. Il y échoue et doit se rendre à l’évidence : c’est le désir qui va l’emporter.

Il n’est sauvé que par l’intervention opportune d’un deus ex-machina : il est emporté à Venise par une épidémie de choléra et échappe à une dépendance passionnelle désespérante. Toutefois, cette fin n’est pas si salvatrice et artificielle que cela…Mann nous suggère peut-être que le conflit est insoluble, insolvable, métaphorique.

Peut-on échapper à l’attractivité de la dépendance, qui nous recouvre de ses bénéfices comme de ses maléfices ? Mann et Memmi doivent se résoudre à cette possibilité insondable, tout comme les énergumènes humains…

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