F comme la première lettre du nom de L’écrivaine Fellous, et non pas F comme Fairbanks. C’était la rencontre du samedi dernier, par un glacial après-midi de janvier où on a eu chaud au cœur en écoutant Colette Fellous-ça nous rappelle le Felouss pondu par un poussinet …de celle qui fut jadis la muse de la Goulette et qui irradie d’écriture implosive et doucereuse dans sa merveilleuse nature Toscane.
Métamorphose d’une adolescente tunisienne en femme mûre et explosive, à la fois française et italienne. Une triple identité qui fait sa richesse, créant sa production prolifique littéraire, intense et émouvante. Donc la rencontre intime, s’est faite à la librairie Claire-Fontaine, accueillant et affable avec ses maîtres des céans.
Il fait certes un froid lugubre, mais il ne faut pas négliger la culture qui vient frapper à nos portes. Un bonheur d’entendre cette voix si douce et chantonnante clamer à cor et à cri son grand attachement pour cette « généreuse » terre de Tunisie dont elle n’arrive pas à s’en éloigner ni à s’en séparer, égrener ses souvenirs d’antan, de jeunesse, décortiquer les prétextes et prototypes du choix des personnages et thèmes de ses romans, parler de sa vie à la fois simple et compliquée, de son itinéraire personnel qui la pousse à écrire, toujours écrire, donc à persévérer constamment vers l’inconnu, le nouveau, l’insolite ; à aller de l’avant depuis ses deux premiers récits « petits, petits » qui ont subjugué la foule de lecteurs en leur rappelant le tendre temps des amours enfantines : « Le Petit Casino » en 1999 et« Avenue de France » en 2001, couronnés par le succès immanquable d’ « Aujourd’hui » en , qui a reçu le prix Marguerite Duras .
Les gens présents s’attendaient à une conférence, ils sont déçus car elle raconte simplement et présente le contenu ainsi que les circonstances qui ont favorisé l’écriture et parution de son dernier ouvrage : « Pièces Détachées », paru aux éditions Gallimard début 2017 .Elle raconte avec émotion le coup brutal de l’annonce du décès de son grand ami l’écrivain Alain Nadaud, qui fait ressurgir l’image-souvenir de la mort aussi subite de ses père et frère, suite aussi à un infarctus, et là imaginaire et réalité se confondent pour fusionner en un seul et unique béton armé.
Sincère, elle explique comment elle a rendu l’argent déjà versé-rareté tunisienne- pour le projet d’écrire la biographie d’Albert Camus , commandé par un grand éditeur-dont elle se sentait incapable pour des raisons qu’on ignore –et qui fut transformé dans le projet d’écriture inattendu de la biographie de la célèbre vedette italo-égypto-française Dalida, décédée le 03 août 1987.
Elle dit qu’elle ne sait pas pourquoi elle a accepté cette proposition soumise à sa seule et unique volonté, mais je susurre que peut-être parce qu’elle jouit comme elle d’une triple identité et nationalité, d’une célébrité et d’un exil volontaires…Mea Culpa : j’ai certainement autant tort que raison !
Dans cet ouvrage à peine entamé pour une lecture effervescente, l’écrivaine n’a de cesse de poursuivre son exploration des temps et des lieux, en superposant librement passé et présent, Tunisie et Normandie, visages et musiques, portraits et éloges pas du tout dithyrambiques d’un temps révolu, d’une jeunesse perdue, une véritable déclaration d’amour sur une époque qui s’effrite entre les creux des doigts comme des grains de sable.
Lecteurs, allons à la découverte de ce texte, mais mon coup de Foudre intempestif et éternel demeure son petit livre aux dimensions rectangulaires : « Plein été », paru en 2007, flamboyant et étincelant comme les rayons lumineux d’un vigoureux été, me rappelant incessamment « Noces d’Albert Camus » ; donc pourquoi y avoir renoncé ? Les extrêmes finissent par se rejoindre un jour ou l’autre…