Hannibal à Carthage

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Une rencontre des plus attachantes et des plus inoubliables, lundi dernier, dans le territoire spatial du Palais de Carthage ; sous l’égide de Monsieur le Président de la République et dans le cadre des « Rencontres de Carthage », eut lieu l’ouverture de l’exposition « Hannibal à Carthage », suivie d’une réception-débat.

Malgré les trois dernières décennies, les lieux, inexplorés car inhabités par les gouvernants précédents, sont restés intacts, immuables. A l’entrée , l’accès des invités est protocolaire mais fluide vers la salle de réception demeurée pareille avec ses arcades tâchées et ses lustres immensément grands et étincelants, ses porte-fenêtre ouvrant pleinement sur l’esplanade de la terrasse qui donne libre accès à la pelouse verte, la statue de Junon la déesse trône au beau milieu dans un square aménagé pour le plaisir de Wassila Ben Ammar et enfin la petite crique de plage de mer où le président déchu faisait ses brasses dans la grande bleue…

La nostalgie est redevenue ce qu’elle était, au grand dam de la maxime de Simone Signoret .Je me remémore les escaliers sinueux qui jouxtaient cette partie limitrophe du palais, quand on faisait l’école buissonnière du Lycée de Carthage Présidence pour faire des trempettes en mer, au cours du radieux mois de mai… Ô temps, suspends ton vol, arrête ta course vaine et laisse nous respirer à pleins poumons la volupté d’un passé gracieux et doré.

Je reviens à mes moutons, renonçant à mes vagues à l’âme , la salle est bondée à onze heures du matin, après un petit – déjeuner fin et délicieux, il y a toute la faune Culturelle, Diplomatique internationale et les journalistes et Universitaires de différents organes et missions médiatiques du pays .

La présence est rehaussée par l’arrivée impromptue d’un groupe d’élèves de différents lycées des régions de l’intérieur, ainsi que des étudiants des universités de Tunis, très intéressés par le sujet et le personnage en question, l’illustre inconnu, le grand chef militaire stratège ; le Général Hannibal Barca, certes traité assez brièvement et formellement en classe de cours, furent escamotés et enfouis dans les oubliettes !

Mais le rôle joué et le passage glorieux obligé d’Hannibal le guerrier « conciliateur », qui voulait pacifier les relations et l’échange maritime mercantile entre Carthage et Rome, une action qui déplaisait à certains et qui l’a obligé à entamer des combats violents et destructeurs.

Ce général et homme politique sillonnant la Mer méditerranée, parcourt de long en large la Tunisie et se retrouve dans la région du Sahel, où il y demeure trois ou quatre années et y plante toute la masse des arbres d’oliviers qu’on trouve au bord des routes et des champs-ayant accosté sur les rivages de Monastir alias Monastère puis Ruspina et surtout au petit port de Leptis Minor alias Lamta ; où on y trouve des ruines, des thermes et des aqueducs attestant de la présence de Hannibal et des acolytes romains, le rebelle infidèle Mathos, l’ingénieux Auguste et Le grand Empereur César.

Hannibal prend, après deux jours de voyage, ses quartiers d’hiver près de Hadrumète, la célèbre ville de Sousse. Tous ces Carthaginois et Romains, partisans ou ennemis, se sont livrés des batailles sanglantes qu’on tient pour uniques, puniques et impressionnantes. Certes, il portait Rome en exécration, ce « père de la stratégie militaire », mais il a essayé de traiter avec les romains en leur imposant sa volonté et force inébranlables.

Après la deuxième guerre punique-désignée par les Anciens « guerre d’Hannibal », il échoue par manque de ressources, d’équipements et de ravitaillement à prendre la Cité de Rome, en 218...Néanmoins, il réussit, malgré ce déclin militaire évident, à maintenir une armée en Tunisie durant plus d’une décennie...Les Romains contrecarrent ses projets et conditions d’imposer son commandement suprême, ripostent par une contre-attaque qui le forcent à retourner à Carthage, où il est finalement défait à la bataille de Zama, en 202 avant Jésus-Christ.

Puisque tout est perdu, il préfère avaler du poison et se supprimer que de livrer son corps à ses ennemis. Hannibal n’a jamais vendu son âme au diable, a lutté pour maintenir la dignité et la suprématie de Carthage, et malgré son aversion naturelle pour la puissante Rome, a entamé des transactions et amorcé une trêve avec son plus grand ennemi, pensant certainement à sa réputation de grand stratège par des militaires, les vaincre sur leur propre terrain…

Malheureusement, la partie a été flouée et Carthage détruite, vaincue par les Romains.

Que reste-t-il de ce fantastique personnage et sublime Cité Carthaginoise, si c’était à refaire, le chemin inverse ?Une réhabilitation de l’image et de la force magnétique et stratégique du grand général Carthaginois, Hannibal Barca, dont les bustes-portraits doivent être plantés à l’entrée des aéroports, des grandes artères et musées nationaux, un enseignement profond et dûment élaboré du déroulement des faits historiques et du rôle important joué par le général Hannibal , et cela dans les institutions publiques étatiques. L’histoire est un éternel recommencement, défilement, on ne peut ni l’éliminer, ni l’escamoter des limbes de notre mémoire détatouée.

Ainsi, le débat fut véhément et intéressant par trois spécialistes chevronnés et chercheurs invétérés de l’impact et présence d’Hannibal sur et à Carthage :Messieurs Belkhodja, Fantar et Rahmouni qui ont assuré l’actualisation de l’événementiel, en une matinée sans mâtines ni fioritures, rehaussée par le trône apprêté par la mission italienne du buste de Capoue à nous autres tunisiens , représentant Hannibal selon le sculpteur Theodor Moumsen, que j’ai eu l’occasion de contempler en décembre dernier au Musée Archéologique de Naples, qui sera exposé au musée de Naples puis rendu à ses maîtres italiens…

Merci pour cette trouvaille- cadeau, Carthage renaît de ses cendres et on ne doit plus brûler Hannibal sur des charbons ardents, le retourner sur des braises, Zama n’existe pas que dans notre esprit embrumé ; elle est bel et bien située dans un endroit étroit et escarpé de l’Ouest Tunisien, entre Bargou et Siliana…Il faut restaurer notre patrimoine, redorer notre blason historique antique, la nostalgie n’est plus ce qu’elle était, elle doit s’imposer, se réaffirmer, se reconstruire à nouveau, pour l’avenir, pour les Enfants, pour notre chère Tunisie ; pour l’intérêt de tous afin de rendre les têtes bien faites que surfaites de médiocrité.

Je remercie les organisateurs et chercheurs de cette manifestation, Monsieur Hassène Arfaoui pour son invitation et les élèves-étudiants pour leur présence rassérénante et conviviale, car nécessaire, à ce rendez-vous incontournable. La page de la Culture Littéraire s’ouvrira à nouveau, au cours du mois de Ramadan, pour la rencontre Ben Jelloun-Adonis…

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